L. 771.  >
À Charles Spon,
le 22 février 1664

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 février 1664

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0771

(Consulté le 24/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Le 21e de février. Je vous envoyai hier ma dernière et aujourd’hui, je reçois la vôtre datée du 15e de février, pour laquelle je vous remercie de toute mon affection. M. Falconet m’a mandé son retour. J’apprends que M. Morisset [2] ne sera guère à Lyon. On traite ici pour le faire revenir, ce qu’il fera s’il peut composer et obtenir son retour de ses créanciers ; quod si non impetret[1] il ne sera pas bien à Lyon de peur d’un pourpoint de pierre de taille en pierre ancise, [2][3] car il y a des sergents à Paris et à Lyon, de même pouvoir. Il est vrai qu’il y a plus d’argent à Paris qu’à Lyon, mais il y en a bien de caché : monnaie ne court plus, les partisans l’ont serrée, les tyrans l’ont emportée, la Chambre de justice [4] l’a fait évanouir ; enfin, jamais les médecins n’ont été si mal payés qu’ils sont aujourd’hui. Je parlerai à M. Joncquet. [5] Je vous prie de vous souvenir du catalogue de vos médecins. Il faut que M. Falconet ait reçu le livret de Salmasius [6] de Manna et saccharo ; [3][7][8] il est par demi-feuilles, un entier fait deux, dont il y en a un pour vous, je vous prie de lui demander. Il y a longtemps que je sais bien la mort du pauvre M. Amyraut [9] de Saumur. [10] C’est grand dommage, c’était un excellent personnage. Je tâcherai, au premier loisir, d’écrire à ces deux jeunes médecins de Leipzig [11] et de Breslau, [12] et vous adresserai mes lettres [et vous m’]obligerez de leur faire tenir. Je vous remercie de ce qu’avez écrit de moi à M. Thomas Reinesius, [13] et attends de vous le Lexicon Castelli[4][14] On tient pour certain que la paix n’est point faite avec le pape, [15] mais qu’elle se pourra faire, [5] et ainsi, que le roi [16] n’ira pas à Lyon ; aussi dit-on qu’il n’y aura point de voyage du roi. M. Thomas Le Mercier, [17] docteur en théologie et recteur de l’Université de Reims, [18] a entrepris cette réformation. J’y ai travaillé pour la médecine [et] trois autres députés pour les trois autres facultés. L’arrêt a été imprimé, mais les articles ne le sont pas encore. Le recteur m’a dit qu’ils le seront et qu’il m’en donnera divers exemplaires. Quelques oppositions que les jésuites et d’autres y ont faites en ont été cause jusqu’à présent. Leurs statuts me furent délivrés et eus ordre de les réformer iuxta Statuta Medicinæ Paris. ; [6] mais entre autres, M. le premier président [19] et M. Talon [20] me recommandèrent fort d’en ôter un article par lequel était autorisée une méchante coutume, savoir que la Faculté de médecine de Reims serait divisée in duo ordines, ex quibus maior haberet sex doctores[7] et que quand l’un de ces six anciens viendrait à mourir, celui des autres qui entrerait en sa place, et qui per obitum alterius fieret sextus[8] paierait aux cinq autres qui le précéderaient 50 écus, i. à un chacun 10 écus qu’ils mettraient dans leur pochette ; ce qui a été effacé, et ôté et aboli. [9] Les vieux docteurs se trémoussèrent là-dessus et présentèrent requête, dont ils furent déboutés. M. le premier président me fit l’honneur de m’en parler, et me dit que c’était une exaction fort inique, pour laquelle même on avait proposé à la Grand’Chambre de les condamner à l’amende ; et me dit que quand un conseiller des Enquêtes entrait et parvenait à la Grand’Chambre, il ne lui en coûtait rien. Quand un médecin de notre Faculté a minori ordine transit in maiorem[10] il n’en débourse rien ; il y a 20 ans que cela m’arriva, etc. [11] Ces nouveaux statuts pour la réformation entière de toute l’Université de Reims ont été homologués en Parlement sans aucune opposition des malcontents, il a fallu obéir. Quand ces statuts seront imprimés, je vous en enverrai une copie. M. Peloutier [21] vient de me dire, qu’après bon conseil pris de plusieurs habiles gens, il a accordé avec sa partie qui, dès aujourd’hui, est parti pour s’en retourner à Lyon. Te et tuam saluto. Vale, et me ama. Tuus ex animo, G.P[12]

De Paris, ce 22e de février 1664.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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