Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : vi, note 1.
Note [1]

Guy Patin a souvent parlé de la hyacinthe dans ses lettres, pour la dénigrer ; cette pierre n’était qu’un des composants de la prodigieuse confection homonyme, qui contenait aussi saphirs, émeraudes, topazes, perles, coraux, feuilles d’or, etc. (v. note [9], lettre 5).

Aujourd’hui moins connues des spécialistes, deux des gemmes citées méritent une explication.

  • L’escarboucle (Furetière) est une :

    « pierre précieuse et fabuleuse, dont Pline et plusieurs autres ont dit beaucoup de merveilles. {a} Ce n’est en effet qu’un gros rubis ou grenat rouge, brun et enfoncé, {b} tirant sur le sang de bœuf, qui jette beaucoup de feu, surtout quand il est en cabochon et chevé. {c} On a voulu faire accroire que l’escarboucle venait d’un dragon. Vartoman dit que le roi du Pégu {d} n’usait point d’autre lumière la nuit, pour se faire voir, que de son escarboucle, qui rendait une lumière aussi vive que celle du soleil. Il ment puamment, respect du lecteur. {e} Cette pierre a la dureté de l’émeraude orientale, et quelques-uns l’estiment le plus après le diamant. Son nom lui vient du latin carbunculus, comme qui dirait charbon ardent ; et pour cela, les Grecs l’appellent anthrax. » {f}


    1. Histoire naturelle, livre xxxvii, chapitres xxv ‑xxvi (Littré Pli, volume 2, pages 551‑553).

    2. Profond.

    3. Un cabochon est une « pierre précieuse à laquelle on laisse sa forme primitive et qu’on polit sans la tailler » ; chever, c’est « creuser une pierre précieuse par-dessous, pour affaiblir la couleur lorsqu’elle est trop forte » (Littré DLF).

    4. Ludovicus Vartomanus (Louis Varthema ou Borthema) est un gentilhomme bolonais du xvie s. qui a publié le récit de son voyage en Afrique et en Asie.

      V. notule {a}, note [32] du Faux Patiniana II‑6, pour le royaume de Pégu en Birmanie.

    5. Adaptation d’une expression que Furetière a illustrée au mot respect : « Cela est faux, respect de ceux qui m’écoutent. »

    6. V. notes [6], lettre 64, pour une définition plus bénigne de l’anthrax (furoncle), et [6], lettre 5, notule {b}, pour le nom d’escarboucle qu’on donnait au charbon pesteux (bubon nécrosé et très enflammé).

  • Le grenat (ibid.) est une « pierre précieuse fort rouge, ainsi nommée à cause qu’elle ressemble en couleur au grain de la grenade. On l’appelait autrefois rubis de Barbarie, dont on faisait grand trafic à Carthage. Il n’y a maintenant que les grenats syriens qui soient estimés pour être d’une couleur violette mêlée de pourpre. »

Contrairement à Patin, Jean Fernel a loué les vertus de quelques fragments précieux dans sa Thérapeutique universelle (Paris, 1655, v. note [1], lettre 36), livre v, chapitre xxi, Des médicaments qui chassent les affections du cœur, appelés cardiaques (pages 424‑425) :

« On tient que le saphir, étant bu, soulage ceux qui ont été frappés du scorpion, qu’il préserve le cœur de toute impression de venin et qu’il apporte de l’amendement aux ulcères de l’intestin. L’hyacinthe remédie aussi aux coups des bêtes vénéneuses et aux affections malignes. L’émeraude en fait autant, non seulement étant bue, mais pendue au col, elle dissipe la mélancolie et la tristesse. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : vi, note 1.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8159&cln=1

(Consulté le 29/03/2024)

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