Note [13] | |
« J’attends d’eux plus de bon sens. » Théophile Brachet, sieur de La Milletière (1596-1665), a joué un rôle éminent, sinon glorieux, dans l’histoire du protestantisme. Après des débuts infructueux au barreau, il avait étudié la théologie et il était parvenu à se faire nommer ancien de l’Église de Charenton (v. note [18], lettre 146). Dans les années 1620, il avait courageusement déclaré sa détermination en faveur des protestants de France contre le roi, qu’il accusait de violer l’édit de Nantes : Discours des vraies raisons pour lesquelles ceux de la Religion en France peuvent et doivent, en bonne conscience, résister par armes à la persécution ouverte (sans lieu ni nom, 1622, in‑8o). Cela lui avait valu des années d’emprisonnement, et même une condamnation à mort à laquelle il échappa par faveur particulière de Louis xiii. La Milletière avait même été libéré avec une pension de 1 000 écus. Dès ce moment, gagné et vendu, il devint l’agent de la cour auprès de ses anciens coreligionnaires. Guy Patin faisait allusion à son : Discours des moyens d’établir une paix en la chrétienté par la réunion de l’Église prétendue réformée à l’Église romaine. Proposé à Monseigneur le cardinal-duc de Richelieu, par le sieur de La Milletière. Traduit de latin en français. Ensemble les lettres des ministres Du Moulin et Rivet, {a} et les réponses du dit sieur de La Milletière. {b} Ce texte avait soulevé une indignation universelle chez les protestants, qui s’accrut encore avec son Moyen de la paix chrétienne en la réunion des catholiques et des évangéliques sur les différends de la religion… (Paris, sans nom, 1637, in‑8o). Le synode d’Alençon lui signifia que, s’il continuait, « il serait retranché de la communion des Églises réformées ». Il se présenta cependant en 1644 au synode national de Charenton et demanda des juges. On lui en donna deux, auxquels on adjoignit Moïse Amyraut (v. note [38], lettre 292). La conférence n’eut aucun résultat. Alors le synode ordonna que Brachet fût excommunié du haut de la chaire, ordonnance qui fut exécutée le dimanche suivant, 29 janvier 1645 ; il abjura alors publiquement (G.D.U. xixe s.). La France protestante (volume 2, page 496) ajoute : « Lorsque l’apostat quitta l’assemblée, le président le salua par ces paroles de Jésus : Fais bientôt ce que tu fais. {a} “ Je ne suis pas Judas ”, répondit La Milletière. – “ Non, Monsieur, reprit Garrisoles, car Judas avait la bourse, et vous la cherchez. ” » |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 21 avril 1643, note 13.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0080&cln=13 (Consulté le 06/12/2024) |