Petri Pauli Peredæ Setabensis, Doctoris Medici, et apud Valentinos publici Medicinæ Professoris, in Michaelis Joannis Paschalii methodum curandi Scholia, exercentibus medicinam maxime utilia…
[Annotations de Petrus Paulus Pereda, natif de Xàtiva, docteur en médecine et professeur public de médecine à Valence, sur la Méthode de remédier de Michael Joannes Paschalius, {a} extrêmement utiles à ceux qui exercent la médecine…] {b}
- V. notules {a} et {b}, note [10] de la Préface de la première édition des Lettres (1683), pour les médecins valenciens Pedro Pablo Pereda et Miguel Juan Pascual (qui avait publié sa Praxis Medica, sive Methodus medendi en 1555).
- Lyon, Horace Cardon, 1600, in‑8o, pour l’une de plusieurs éditions, dont la première a paru à Barcelone en 1579.
Cette réfutation de Vallesius {a} (Refutatur Vallesius), plutôt bien sentie, de Pereda se lit à la page 136 vo, livre premier, chapitre xlvii, De Renum caculo et vesicæ [Le calcul des reins et de la vessie] :
Quid si in ureterem prodijt lapis, et supprimatur urina ? id inquid fieri quia ob dolorem perit nixus musculorum abdominis, qui ad reddendam urinam necessarius maxime est. Hæc Vallesius. Quæ omnia falsa sunt, inprimis cum respondet, emulgentes venas a cava oriri, ac proinde affecto uno rene alterum affici, rem falsam supponit ; nempe simul debere affici duo renes, hoc enim est contra experientiam, quia in dies experimur lapide in uno rene existente, alterum renem operari, ea ratione qua affecto uno oculo sæpe, alter illesus servatur. Neque distinguit recte, quia sive sit affectus dolorificus, sive indoles, affecta una parte reliqua optime aget. Præterea si duo sunt renes, et duo ureteres, quis sibi poterit persuadere lapidem unum ureterem obstruentem supprimere unrinam. Ratio ex nixu musculorum desumpta nil persuadet, quia musculi abdominis non habent vesicam subjectam, quæ intra ossa pubis latitat, et sic potest comprimi solum quando repleta est, a musculis rectis, ea parte qua ossibus pubis adherent. Adde urinam excerni a facultate naturali, quæ expultrix dicitur. Tum si propter dolorem cessat musculorum nixus, debuit etiam in colico dolore cessare, et eadem ratione urinam supprimere.
[Comment y a-t-il suppression de l’urine quand un calcul s’est logé dans l’uretère ? Cela, dit Vallesius, peut être dû au fait que la douleur empêche la contraction des muscles abdominaux, laquelle est indispensable à l’émission de l’urine. Tout ce qu’il dit est absolument faux, notamment quand il avance un argument fallacieux en répondant que quand un rein est touché l’autre l’est aussi parce que les veines rénales naissent de la veine cave. {b} Que les deux reins doivent être affectés en même temps va à l’encontre de l’expérience, car nous constatons chaque jour que si une pierre se met dans un rein, l’autre rein continue de fonctionner, de la même façon que quand un œil est lésé, l’autre demeure souvent intact. Vallesius n’explique pas clairement non plus pourquoi, quand un seul côté est affecté, que cela s’accompagne ou non de douleur, l’autre fonctionne parfaitement. En outre, s’il existe deux reins et deux uretères, chacun pourra se persuader que l’obstruction d’un seul uretère ne supprime pas l’émission d’urine. L’explication tirée de la contraction des muscles n’est en rien convaincante car la vessie n’est pas soumise à l’action des muscles abdominaux : elle se loge derrière les os pubiens {c} et, quand elle est remplie, les muscles droits {d} ne peuvent donc la comprimer qu’au niveau de leur insertion sur le pubis. Ajoutez à cela que l’urine est évacuée par une faculté propre à la vessie, qu’on appelle expultrice. {e} Si la contraction des muscles cesse en raison de la douleur, alors toute colique devrait aussi l’empêcher, {f} et donc supprimer l’urine]. {g}
- Francisco Valles, v. note [23], lettre 242.
- Les veines rénales étaient dites émulgentes (venæ emulgentes, du verbe latin emulgere, traire) parce qu’elles sucent et tirent le sang des reins. Il semble fantaisiste aujourd’hui de leur attribuer la suppression d’urine qui succède à l’obstruction d’un seul des deux reins par un calcul.
- Les deux os iliaques délimitent le bassin ; chacun d’eux possède une branche antérieure, dite pubienne ; leur réunion forme le pubis (os pubien) sous lequel se trouvent les organes génitaux externes et derrière lequel se loge la vessie.
- Les muscles droits de l’abdomen forment deux longues bandes verticales, de part et d’autre de la ligne médiane, qui vont du sternum, en haut, au pubis, en bas.
- Capable d’expulser ; ce qui est la fonction du détrusor, couche musculaire de la paroi vésicale.
- On appelle colique toute douleur aiguë abdominale, qu’elle provienne du côlon ou de tout autre viscère (v. note [2], lettre 347).
- Cet avis bien argumenté de Pereda est parfaitement juste : le blocage d’un rein par un calcul ne provoque pas d’anurie si l’autre rein est sain et libre ; il n’existe pas de « sympathie » (v. note [4], lettre 188) entre les deux reins faisant que la défaillance de l’un entraîne celle de l’autre.
S’il a été correctement trancrit par l’éditeur de 1641, ce passage est difficile à comprendre (bien qu’il soit aisé à traduire) {a} car, alors que Beverwijk pense comme Pereda sur l’absence fréquente d’anurie quand un seul des deux reins est obstrué, {b} il semble vouloir amicalement ménager Guy Patin qui n’était pas entièrement de cet avis.
- Traduction de Nisard (page 20) :
« Quant à ce que vous voulez bien me dire, qu’il n’est pas toujours vrai que l’obstruction d’un rein empêche le fonctionnement de l’autre, vous avez raison. Moi-même je n’ai point affirmé cet empêchement, ayant ainsi que vous, observé souvent le contraire. J’ai noté seulement comme une chose qui valait la peine de l’être, que j’avais été plus d’une fois témoin de ce fait avec Vallès, repris à tort à ce sujet par Pereda. »
- J’aurais donc plutôt attendu l’adverbe jure [légitimement] ou recte, [à raison], que frustra [sans raison], pour caractériser a remarque de Pereda sur Vallesius.
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