Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 47.
Note [47]

« Là se traitent de merveilleuses questions, et souvent des choses frivoles, et qui surpassent l’entendement humain, etc. Entre eux, il y a quelques bons esprits, mais ils mériteraient autre compagnie et meilleure instruction. »

Ces deux phrases sont extraites du paragraphe sous-titré Parisienses in theologia primum totius Europæ orbis locum obtinent. Disputationes Baccalaureorum [Les Parisiens occupent le premier rang de la théologie en toute l’Europe. Disputations des bacheliers] (année 1521, livre iii, page 65), dans les Ioannis Sleidani Commentariorum de statu Religionis et Reipublicæ, Carolo Quinto Cæsare, libri xxvi [Vingt-six livres des Commentaires de Johann Sleidan sur l’état de la religion et des affaires publiques au temps de l’empereur Charles Quint], {a} sur la condamnation des livres de Martin Luther par la Sorbonne (avec mise en exergue des passages cités par le Borboniana) :

Post multam vero lectionem eorum quæ scripserit, reperire se, doctrinam illius esse perniciosam et dignam, quæ flammis ultricibus vindicetur, ipsum vero, ut eam destestetur, atque revocet, cogendum esse. Huic illorum decreto respondet deinde Melanchton sed et Lutherus, verum iocose. Porro, theologi Parisienses primum totius Europæ locum in eo genere sibi vendicant : duo habent præcipue collegia, Sorbonam et Navarram, eoque confluere solent ex omnibus prope gentibus, doctrinæ percipiendæ causa. Candidati huius professionis, qui vulgo dicuntur baccalaurei, per totam æstatem multis exercentur disputationibus, et per horas duodecim, argamentis omnium ut respondeant, oportet. Hic miræ sunt digladiationes, ac plerumque de rebus aut frivolis, aut quæ captum humanum excedunt, magnis agitur clamoribus, et certamen fere finitur auditorum streptitu, cum ex disputatoribus alter, vel inepte vel prolixe nimium agit : foris per cancellos auscultant theologi doctores qui magsitri nostri dicuntur : hi sunt omnis doctrinæ censores, et plane regnum possident. Nam rei thologicæ nemo quicquam audet evulgare, nis de ipsorum permissu, plerique vero sectantur ocium. Eoque videntur ad gradum illum aspirare, ut suaviter vivant et aliis imperent. Sunt quidem in iis nonnulli præclaris ingeniis verum alii digni contubernio et meliori cultura.

J’ai emprunté leur traduction aux Œuvres de Jean Sleidan…, {b} tome premier, page 36 vo :

« Finalement, après avoir tout bien examiné, ils trouvent que sa doctrine est pernicieuse et digne d’être mise au feu, et que l’auteur d’icelle doit être contraint de l’abjurer et détester. Mélanchthon {c} répondit à cette censure, et Luther aussi, mais plaisamment. Quant aux théologiens de Paris, ils se prisent par-dessus tous ceux de cette profession qui sont en Europe. Ils ont deux collèges principaux, Sorbonne et Navarre, {d} où abordent des gens de toutes nations pour apprendre. Ceux qui sont reçus en cette Faculté de théologie (ils les appellent communément bacheliers) sont exercés par maintes disputes tout l’été ; et faut qu’en un certain acte (qu’ils nomment sorbonique), {e} ils répondent aux arguments de tous leurs compagnons par douze heures sans bouger. Là se traitent de merveilleuses questions, et souvent des choses frivoles, et qui surpassent l’entendement humain. On y crie à puissance, et les disputes se finissent le plus < souvent > par le bruit et tintamarre des auditeurs, quand l’une des parties est trop longue ou trop inepte. Les docteurs, qui ont le nom de nos maîtres, écoutent au dehors par des treillis. {f} Ceux-ci sont les censeurs de toute doctrine, et comme petits rois, car nul n’ose rien publier de théologie sinon par leur permission. La plupart d’entre eux vit en oisiveté, et < ils > semblent aspirer à ce degré pour être à leur aise et commander aux autres. Entre eux, il y a quelques bons esprits, mais ils mériteraient autre compagnie et meilleure instruction. »


  1. Strasbourg, Theodorus Rihelius, 1612, in‑8o de 872 pages.

  2. Genève, 1597, v. note [2], lettre 474.

  3. V. note [12], lettre 72.

  4. V. notes [5], lettre 19, et [21], lettre 207.

  5. V. note [4], lettre 674.

  6. « Clôture d’une porte ou d’une fenêtre, faite de barreaux de fer, ou de bois, ou d’osier, entrelacés, dont les uns montent et les autres les traversent en forme de mailles » (Furetière) : pour entendre et voir sans être vu.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 47.

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(Consulté le 26/04/2024)

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