Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 1, note 60.
Note [60]

« de tout ce qu’il est possible de savoir. »

Jacobus Mazonius (Jacopo Mazzoni, Césène ou Cesena, Émilie-Romagne 1548-Ferrare 1598), professeur de philosophie à Pise, de 1588 à 1597, où « le cardinal » (Gianfrancesco Guido di Bagno, né en 1578, v. note [12], lettre 59), patron de Gabriel Naudé pendant son séjour en Italie, avait été l’un de ses élèves. Mazonius enseigna aussi à Rome, Ferrare et Venise.

V. notes [56] et [57] du Patiniana I‑1 pour le philosophe italien François Parice (Francesco Patrizi, originaire de Croatie).

Le Dictionnaire de Moréri a tiré d’Alde Manuce le Jeune (v. note [38] du Patiniana I‑1) une rare et romanesque biographie de James Crichton (Jacobus Critonius, Giacomo Critonio, Jacques Criton ; Clunie, Perthshire 1560-Mantoue 1582) :

« Écossais, vivait sur la fin du xvie siècle. Il était fils de Robert, de la famille royale de Stuart, et avait fait de si merveilleux progrès dans la connaissance de toutes sortes de sciences et d’arts, qu’il passait pour un prodige. En effet, à l’âge de 21 ans, il parlait dix sortes de langues, savait la philosophie, la théologie, les belles-lettres, jouait très bien des instruments, savait danser, monter à cheval, faire des armes, et possédait enfin toutes les bonnes qualités qu’un jeune homme pourrait souhaiter. Les guerres civiles pour la religion l’ayant obligé de sortir de son pays, il se retira en Italie et alla à Venise. De là, il fit un voyage à Padoue, où les plus habiles docteurs, qui y étaient alors, admirèrent le génie merveilleux de ce jeune homme, qu’il connurent dans les entretiens particuliers et dans les disputes publiques. Quelque temps après, Criton revint à Venise et y soutint des thèses publiques sur toutes sortes de sciences : ce qui renouvela en sa personne le prodige qu’on avait autrefois admiré en Pic de la Mirandole. {a} Sa mauvaise destinée le conduisit à Mantoue pour y faire plaisir au duc de Gonzague, et il y fut tué par un accident funeste. Jacques Criton se promenait tout seul durant la nuit, comme c’est la coutume des Italiens, n’ayant que son épée et une guitare. Le prince Vincent {b} l’ayant rencontré en cet état, voulut éprouver si ce jeune homme avait autant de courage que d’esprit. Il commanda à deux de ses gens qui l’accompagnaient de charger Criton, et se mit en état de les soutenir. Criton poussa si bien les agresseurs qu’il les obligea de prendre la fuite ; et se tournant vers le prince, qu’il ne connaissait pas, il le mit en état de ne pouvoir se tirer d’affaire qu’en se faisant connaître. Le jeune homme en fut au désespoir : il se jeta aux pieds de Vincent pour lui demander pardon ; et ce prince, outré de ce qui venait d’arriver, lui donna brutalement un coup d’épée qui le jeta mort à terre. Ce malheur arriva au commencement du mois de juillet de l’an 1583, qui n’était que le 22e de l’âge de Criton. »


  1. V. note [53] du Naudæana 2 pour Jean Pic de la Mirandole.

  2. V. note [7] du Borboniana 3 manuscrit pour les ducs de Mantoue, Guillaume de Gonzague et son fils aîné, Vincent, qui succéda à son père en 1587.

Gabriel Naudé avait pu tirer son histoire du Musæum Historicum [Musée historique] de Giovanni Imperiali (Venise, 1640, v. note [34] du Patiniana I‑2), qui fournit un portrait de Iacobus Mazzonius, pages 137 (numérotée 237)‑138 :

Inter omnes, qui Venetiis cum Scoto illo Critonio ingeniorum miraculo, de scientiarum apicibus disceparunt, unus forte animi gratia eo appulsus extitit Mazzonius, qui in nobiliorum conviviiis consulto initis accersitus, ternum cum illo acerrimæ disputationis congressum subivit : at eo, multis ingenue testantibus, eventu, ut Critonius divina illius argumentorum copia, et inusitata subtilitate obrutus, tandem se conflictui callide subtrahere sit coactus, dictitans armorum se magis, quam scientiarum studia profiteri.

[À Venise, parmi tous ceux qui ont débattu sur les subtilités des sciences avec l’Écossais Criton, ce prodige des génies, Mazzonius fut, sans préparation et grâce à son intelligence, le seul à l’emporter quand il s’opposa à lui : les gentilshommes l’ayant invité à leurs banquets dans cette intention, il y rencontra Criton trois fois pour disputer très rudement contre lui ; comme beaucoup en ont sincèrement témoigné, écrasé par la divine abondance des arguments de son adversaire et par leur exceptionnelle finesse, Criton finit par être contraint d’abandonner habilement le combat, disant et répétant qu’il se reconnaissait plus doué pour les armes que pour les sciences].

Dans le même ouvrage, un portrait (gravé et écrit) de Criton suit celui de Mazoni (pages 240 [sic pour 140]‑243).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 1, note 60.

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(Consulté le 14/10/2024)

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