À Claude II Belin, le 17 août 1632
Note [4]
Salerne, ville portuaire de Campanie sur la mer Tyrrhénienne, au sud de Naples, a été le siège de la première école de médecine jamais fondée en Europe, au ixe s.
Située au carrefour géographique des influences grecques, juives, arabes et latines, l’École de Salerne a connu son apogée aux xie‑xiie s., avec Constantin l’Africain (v. notule {b}, note [55], lettre latine 351), pour décliner ensuite avec la création des facultés dont elle avait inspiré les fondateurs (Bologne, Paris, Montpellier, Padoue). Salerne fut la porte par où la médecine grecque antique revint en Europe occidentale, après avoir été conservée et enrichie par les Arabes (v. note [4], lettre 5).
L’École salernitaine a donné son nom à un ouvrage qui connut un grand succès aux xvie‑xviie s. C’est un traité d’hygiène écrit en vers latins par Jean de Milan, médecin de l’École, vers l’an 1100. {a} Guy Patin signalait à Claude ii Belin la plus récente édition alors disponible :
Schola Salernitana, hoc est de valetudine tuenda, opus nova methodo instructum, infinitis versibus auctum, commentariis Villanovani, Curionis, Crellij et Costansoni illustratum. Adiectæ sunt Animadversiones novæ et copiosæ Renati Moreau, Doctoris Medici Parisiensis. Cum indicibus quatuor Capitum, Quæstionum, Auctorum et rerum memorabilium.
[L’École de Salerne, qui traite de la conservation de santé, ouvrage muni d’une méthode nouvelle, augmenté d’une infinité de vers, enrichi par les commentaires d’Arnauld de Villeneuve, de Curio, de Crell et de Costansonus. {b} On y a ajouté les nouvelles et copieuses remarques de René Moreau, {c} docteur en médecine de Paris. Avec quatre index : des chapitres, des questions, des auteurs et des choses remarquables]. {d}
- V. note [5], lettre 203.
- V. note [1], lettre 62, pour Arnauld de Villeneuve (xiiie s.). Jakob Curio (Hof 1497-Heidelberg 1572) et son collègue Jakob Crell ont commenté la Schola Salernitana au xvie s. Costansonus est un mystère car je ne l’ai trouvé ni dans l’Index Auctorum [Index des auteurs] de l’ouvrage ni ailleurs.
- V. note [28], lettre 6.
- Paris, Thomas Blaise, 1625, in‑8o de 795 pages. V. note [2], lettre 441, pour la réimpression de Paris, 1672.
Michaud, à l’entrée Moreau :
« Il professa pendant quarante années avec distinction la médecine et la chirurgie à la Faculté de Paris. Sa bibliothèque, l’une des plus considérables pour son temps, l’avait mis à portée de recueillir des auteurs anciens et modernes les plus estimés un grand nombre de documents sur l’hygiène ; et il s’était proposé d’en composer pour ses auditeurs un cours qui eût donné au moins l’état de la science à cette époque ; un pareil cours n’a pu être établi avec fruit comme une branche de l’art médical que dans ces derniers temps. Les démonstrations des professeurs étant alors plus circonscrites et bornées à un espace de deux années, Moreau reconnut qu’il ne lui était pas loisible d’exposer son cours d’hygiène, qui eût demandé plusieurs mois ; mais il conçut l’idée de publier ses extraits et ses remarques en les faisant servir de commentaires au livre connu sous le nom de l’École de Salerne, qu’il compléta et revit d’après des manuscrits plus amples et moins défectueux. L’édition qu’il en a donnée < en > 1625, réimprimée en 1672, {a} in‑8o, est accompagnée des commentaires d’Arnauld de Villeneuve, de Carion, Crellius, Costanson ; et il y a joint de nombreuses remarques, enrichies de citations expliquées ou corrigées d’environ 800 auteurs dont il donne la table. D’utiles prolégomènes indiquent l’origine de l’ouvrage, la fondation de l’École dont ce livre a reçu le nom, l’auteur ou le compilateur des vers techniques qui le composent, {b} l’objet du rythme employé, le nombre des vers publiés jusqu’alors (de trois à quatre cents) et augmentés de plus du double dans les manuscrits que l’auteur indique, mais dont il se borne à donner ce qui est relatif à l’hygiène ; enfin un ordre de chapitres plus conforme à la disposition des matières. »
V. note [5], lettre 203, pour la traduction française de la Schola Salernitana par Jean Martin (pseudonyme plausible de Guy Patin), L’École de Salerne en vers burlesques (Paris, 1650).