L. 393.  >
À Hugues II de Salins,
le 6 mars 1655

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 6 mars 1655

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0393

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je sais bien qu’il y a longtemps que je vous dois réponse, mais j’espère que vous me le pardonnerez dès que je vous dirai que ce n’a été que faute de loisir. Les deux thèses [2][3][4] de mon fils [5] et la grande harangue qu’il m’a fallu composer, et laquelle je récitai lundi dernier dans la grande salle de Cambrai pour prendre possession de la chaire royale de M. Riolan, [6] qu’il m’a donnée préférablement à beaucoup d’autres qui en avaient plus envie que moi, sont les vraies causes de ce retardement. [1] Maintenant je travaille à des leçons [7] pour les dicter après Pâques in eodem loco[2] Mais je viens à la vôtre : j’ai bien ouï parler de M. de La Mare, [8] ce nom m’est très précieux ; il est conseiller au parlement de Dijon, [9] très savant et très honnête homme, bon ami de mon très cher ami feu M. Naudé [10] et encore bon ami du P. Louis Jacob. [3][11] Dieu le conserve, si je le pouvais servir ce serait de tout mon cœur. Pour M. de Berbis, il est peut-être fils d’un des juges [12] du pauvre maréchal de Marillac, [13] mais je sais bien qu’il fut un des bons et qui ne furent pas à la mort ; itaque opto ut Deus benedicat eius familiæ[4]

Je pense vous avoir envoyé l’an passé un livre de M. Guillemeau [14] contre Courtaud [15] de Montpellier, [16] sous le titre de Cani miuro, etc. Je vous donne avis que j’en ai encore un autre sur le même sujet, vous n’avez qu’à m’adresser quelqu’un pour vous le faire tenir, je vous l’enverrai. C’est un second qui n’est pas moins bon que le premier, le pauvre Courtaud y perd son escrime[5] Nous avons ici un fort bon livre contre l’antimoine [17] fait par M. Perreau, [18] lequel mérite fort d’être lu et relu. Je pense que vous avez aussi celui qu’a fait sur ce même sujet M. Merlet. [19] Tous deux méritent d’être lus et d’avoir place en votre cabinet. [6] M. Duhan [20] a imprimé à Lyon deux petits livres très excellents par mon conseil : le Puteanus de Medicamentis purgantibus[21][22] et le Botal de Curatione per sanguinis missionem ; [23][24] ce ne sont que deux petits in‑8o qui peuvent être reliés ensemble. [7] Les bons livres de Galien [25] sont tout ce qu’il a fait sur Hippocrate, avec les livres de Usu partium pour l’anatomie, de Sanitate tuenda et de alimentorum Facultatibus pour l’hygiène, de Locis affectis pour la pathologie, les 13 livres de la Méthode, de simpl. medicam. Facultatibus, de Compos. medic. κατα τοπους, de Curandi ratione per sang. missionem[8] Pour l’Hippocrate, c’est le Pronostic[26] les Aphorismes[27] les Coaques[28] le premier, le troisième et le sixième des Épidémies[29] La Pratique de Feyneus [30] est peu de chose, tout le meilleur vient de Celsus [31] d’où il a tout pris ; cet auteur est mort à 33 ans, l’an 1574, il n’y a que trop de fatras[9] Pour les confections d’hyacinthe [32] et d’alkermès, [33] voyez les annotations de M. Guillemeau sur sa thèse française, la vérité est là toute pure. [10] Le corail [34] rouge en une dysenterie [35] est une fourberie. [11] Votre dessein sur le livre de Medicamentis officinalibus[12][36] d’en faire un extrait, est fort bon. Je baise les mains à monsieur votre père [37] (ne me parlez d’aucun présent) et à monsieur votre frère, [38] et à mesdemoiselles vos femmes. [13][39] Lisez la Sagesse de Charron [40] tous les ans deux fois, les Épîtres de Sénèque [41] en latin et les Vies de Plutarque [42] en français : voilà de bons divertissements. Je me recommande à vos bonnes grâces et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce 6e de mars 1655.

Il n’y a point encore de pape fait. [43] Le cardinal de Retz [44] est à Rome, le cardinal Carafe [45] y est mort du 15e de février ; il y en a encore cinq malades. On parle ici de la paix avec l’Angleterre, mais il n’y a encore rien d’assuré, Cromwell [46] demande bien des choses quæ non sunt expediti operis[14]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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