L. latine 300.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 12 juin 1664

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 12 juin 1664

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1333

(Consulté le 19/03/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 171 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je voudrais vous donner avis que M. Cavelier m’a enfin remis les livres que vous m’avez achetés et que je vous en remercie de toutes mes forces ; il ne vous reste qu’à m’en indiquer le prix, que je prendrai soin de vous faire rembourser.

Le 8e de juin. Notre ami Alexandre More a enfin surmonté tous ses adversaires : [2] les juges l’ont eux-mêmes absous de tout soupçon de crime ; notre roi s’est aussi prononcé en sa faveur, comme j’ai appris et dont je me réjouis, quand il a dit en plaisantant que l’accusation contre More peut être facilement démontée car on pardonne aisément à quantité d’autres, même moines et prêtres, dont un si grand nombre commettent très souvent la même faute. [1][3][4] Mais dites-moi, je vous prie, qui est ce Bernhardus à Doma, qui a récemment écrit contre le savant Anton Deusing : [5][6] qu’a-t-il écrit et pourquoi ? où donc ce nouvel opuscule a-t-il été publié et comment pourrai-je me le procurer ? ne connaissez-vous pas ce Deusing et n’êtes-vous pas son ami, ainsi que de cet autre, Bernhardus à Doma ? Je n’ai encore jamais rien entendu dire de lui, en quel pays vit-il ? [2][7][8]

[Ms BIU Santé no 2007, fo 171 vo | LAT | IMG] M. le duc de Guise, âgé de 50 ans, est ici mort depuis peu[3][9] d’une suppression d’urine, [10] avec de très intenses douleurs de vessie (il avait jadis subi une cystotomie pour en extraire un calcul qui s’y était tapi). [11] Pour les adoucir et apaiser, les médicastres auliques [12] lui ont fait prendre trois fois du poison énétique, que les chimistes appellent vinum emeticum, en français du vin énétique ; [13] il a expédié cet excellent prince au pays des morts, in quam tam multi abierunt, et unde negant redire quemquam[4][14][15] Ce vin est une invention d’hommes agités, chimistes et pharmaciens, [16][17] préoccupés à gagner de l’argent plus qu’il n’est raisonnable. Depuis quelques années, il a pourtant tué en France bien des milliers d’hommes. La multiplicité, la nouveauté et la diversité des remèdes trompent facilement les malades, dit Guénault, [18] ce prince des charlatans ; et en vérité, il en trompe un grand nombre, mais peu importe, dit-il, pourvu qu’on en tire de l’argent : il n’y a rien de bon chez les malades que leur argent ; ce vaurien cacochymique ne s’exprime pas autrement pour la gloire de notre métier, qui est le plus innocent de tous ; mais lui, intoxiqué qu’il est par sa honteuse philargyrie, le rend chaque jour plus moucheur d’argent et plus mendiant. Le prince de Conti, frère du prince de Condé, est ici fort malade d’une fluxion sur la poitrine ; [19][20] il a aussi quelque chose dans la vessie, qui pourrait bien être une pierre. Que Dieu vous conserve, excellent Monsieur. Vale et aimez-moi.

De Paris, ce jeudi 12e de juin 1664.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.

Je voudrais aussi demander que, dès que possible, vous m’achetiez ces quatre articles que je n’ai pas encore pu me procurer : Calendarium Romanum, in‑fo ;[21] le portrait de Henricus Regius et son Explicatio mentis humanæ, sive Animæ rationalis, a notos Cartesii vindicata ; [22][23] Medicina Salernitana, in folio regali ; [24] l’Oratio in obitum Schotani de Voetius. [5][25][26] J’espère qu’à tout cela pourront être ajoutés : la 3e édition de la Dissertatio de Ovo et pullo de notre ami Marten Schoock, [27], son traité de Inundationibus, le Clapmarius complet, [28] l’Oratio funebris pro Io. Borgesio [29] de Schoock, l’Anatomia parvorum naturalium, et toutes les Orationes du même auteur ; Ant. Thysij Tractatus posthumus de usura et fœnore [30] et Bern. à Doma adversus Deus<ingius>. [6]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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