« Quel terme, puissant roi, fixes-tu à leurs épreuves ? » (Virgile, v. note [5], lettre 791).
Lors du lit de justice du 29 avril 1665, le roi vint faire adopter par le Parlement la bulle d’Alexandre vii, datée du 15 février précédent, qui imposait à tous les ecclésiastiques la signature du Formulaire (v. note [9], lettre 733). Transcrit dans la note 3 du Journal d’Olivier Le Fèvre d’Ormesson (tome ii, pages 350‑351), il était légèrement différent de celui de 1657 (v. note [10], lettre 463) :
« Je soussigné me soumets à la constitution apostolique d’Innocent x, Souverain Pontife, du 31e jour de mai 1653, et à celle d’Alexandre vi, son successeur, du 16 octobre 1656, et rejette et condamne sincèrement {a} les Cinq Propositions extraites du livre de Cornelius Jansenius, intitulé Augustinus, dans le propre sens du même auteur, comme le Siège Apostolique les a condamnées par les mêmes constitutions. Je le jure ainsi. Ainsi Dieu me soit en aide, et les saints Évangiles. »
- L’adverbe sincèrement fit l’objet de nombreuses arguties en 1668, au moment de la paix de l’Église (v. note [1], lettre 945).
Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, pages 348‑352) :
« Le mercredi 29 avril, le roi vint de Saint-Germain pour faire vérifier au Parlement la déclaration contre les jansénistes. […]
M. le premier président {a} et tous les présidents, s’étant levés, saluèrent le roi, et M. le premier président, demeurant debout, un genou sur le banc, dit au roi que les rois, étant comme une portion de la Divinité, ne faisaient rien de plus grand, ni qui les réunît plus à leur principe, que lorsqu’ils travaillaient pour la gloire de Dieu, et fit l’application au roi sur le sujet qui l’amenait dans la Compagnie, parla du déplaisir que les enfants d’une même mère se fussent entrebattus avec tant d’opiniâtreté ; que la bulle du pape était devenue légitime parce qu’elle était nécessaire ; que le Parlement saurait, sous l’autorité de Sa Majesté, en empêcher les conséquences et conserver les droits et libertés de l’Église gallicane. […]. Enfin, son discours fut fort beau, en termes très purs et très concertés, fort bien prononcé, et satisfit extrêmement toute la Compagnie. Le roi même en parut fort content.
[…] Après, M. Talon, assisté de M. le procureur général et de M. Bignon, avocat général, {b} commença par dire que le caractère des rois était de bien faire à autrui, et soutint longuement cette proposition qui ne pouvait apparemment être agréable au roi, car c’était un reproche de ce qu’il ne fait du bien à personne. Après, il passa à dire que toutes les grandes qualités ne pouvaient presque se trouver en un même prince : les uns, la guerre ; les autres, les affaires ; les autres, la paix, etc. Il rassembla le tout au roi, s’étendit sur toutes ses grandes actions, de la guerre, des troubles, de la paix, de la réforme générale, de la sévérité contre les traitants, du commerce, et se promena sur beaucoup de matières éloignées ; enfin, il revint aux affaires des jansénistes, les traita d’hérétiques ; parla en même temps contre les entreprises de la Cour de Rome, contre les privilèges des religieux, contre les vœux qui se faisaient devant 25 ans ; passa encore à la réforme de tous les ordres, à l’abondance et à la félicité dont la France jouissait, l’utilité du commerce. Enfin, après un long discours, il finit par un compliment au roi sur tout ce qu’il faisait, et conclut. Chacun parut être fort mal satisfait de ce discours ; plusieurs murmuraient contre et l’on fit paraître de l’impatience qu’il finît ; enfin, il scandalisa toute l’assemblée, n’ayant rien dit du sujet, < mais > beaucoup de choses éloignées et offensantes contre le pape et tous les ordres < religieux > du royaume. »
- Guillaume de Lamoignon.
- Les Gens du roi : Achille ii de Harlay (v. note [19], lettre 469), procureur général, et les deux avocats généraux, Denis Talon (v. note [10], lettre 258) et Jérôme ii Bignon (v. note [4], lettre 906).
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