Note [14] | |
« Voyez de Thou, tome 3, page 67. » Le livre lix de l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (année 1574, règne de Henri iii) a résumé la vie du Grand Seigneur Sélim ii (1524-1574, à tort prénommé Soliman), qui régna sur l’Empire ottoman de 1566 à sa mort (Thou fr, volume 7, pages 211‑212) : « Sélim ii, empereur des Turcs, mort d’apoplexie le 13 décembre, termina les événements de cette année. Il ne ressembla à son père Soliman {a} ni par la valeur, ni par la conduite, ni par la durée de son règne. Cependant, en sept ans qu’il fut sur le trône, il enleva l’île de Chio aux Génois, qu’il attaqua contre la foi des traités, et prit Chypre sur les Vénitiens, malgré la trêve qu’il avait faite avec eux, sans que la chrétienté retirât beaucoup d’avantage de l’union des princes chrétiens et de la fameuse victoire qu’ils remportèrent à Lépante. {b} Elle arrêta pourtant les progrès des infidèles et fit voir qu’il ne manquait aux chrétiens, pour vaincre les Turcs, que d’être unis. Soliman ne goûta jamais de vin ; Sélim en buvait, malgré l’usage contraire de sa nation et les défenses de sa loi. {c} Il aimait même s’enivrer et, dans cet état, il devenait plus traitable. On en cite un trait d’un jeune enfant très beau, que le sultan aimait fort : accoutumé qu’il était à badiner impunément avec son maître dans son ivresse, il s’échappa un jour de prendre les mêmes libertés tandis que le prince était à jeun ; mais Sélim, prenant un arc qui pendait au chevet de son lit, le perça sur-le-champ d’un coup de flèche ; il en eut tant de douleur, lorsqu’il fut revenu de son premier mouvement, que le mufti {d} eut bien de la peine à l’empêcher de se donner la mort à lui-même, comme il l’avait résolu. Sélim eut pour successeur Amurat, l’aîné de ses fils, qui commença à régner par le parricide de quatre de ses frères, qu’il fit étrangler à ses yeux. Le cinquième était encore au berceau et, par son souris enfantin, semblait demander la vie à ce barbare. Amurat ne put s’empêcher, à cette vue, de laisser couler quelques larmes ; il prit le ciel à témoin que ce n’était ni la jalousie ni la haine qui le portaient à cette extrémité, qu’il y était forcé par les docteurs mêmes de sa loi et par la nécessité de conserver l’union de la famille ottomane, d’où dépendait le salut de tout l’Empire. » Mehmed (Mahomet) iii (1566-1603), fils de Mourad iii, a régné de 1595 à sa mort. De Thou lui a consacré cette notice (livre cxxx, année 1603, règne de Henri iv, Thou fr, volume 14, page 173) : « Ce fut le treizième roi et le septième empereur de la famille des Ottomans. Les plaisirs où il se plongea toute sa vie l’avaient rendu si gros qu’il surpassa en cela son père et son aïeul, quelque gros qu’ils fussent, et qu’il ne pouvait presque plus remuer. Il fut aussi voluptueux que Mahomet ii qui, s’étant acquis dans sa jeunesse une réputation d’un grand capitaine par la prise de Constantinople et par l’extinction de l’Empire des chrétiens en Orient, {a} se laissa ensuite amollir, se plongea dans la débauche et se vit par là sujet à une enflure extraordinaire des jambes, qu’aucun remède ne put jamais guérir, comme le raconte Philippe de Commynes. {b} À l’égard de Mahomet iii, il mourut de la peste à Constantinople le 21 décembre, au milieu de ses concubines et de ses mignons, ayant à peine atteint l’âge de trente-neuf ans, après huit ans de règne. » |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Bornoniana 4 manuscrit, note 14. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8205&cln=14 (Consulté le 15/10/2024) |