À Johannes Antonides Vander Linden, le 30 août 1658, note 2.
Note [2]

Archigène, médecin gréco-romain des ier et iie s. de notre ère, originaire d’Apamée en Syrie, connut une très grande réputation à Rome sous le règne de Trajan : Juvénal, Galien, Arétée, Ætius l’ont plusieurs fois cité. Il était réputé éclectique, c’est-à-dire appartenant à « la secte de ceux qui se conservent la liberté de choisir dans les autres sectes ce qui leur paraît le meilleur » (Trévoux). Il ne subsiste que des extraits de son œuvre écrite en grec.

Guy Patin abrégeait ici le titre du fragment περι υπερδραμοντος αιματος [sur le sang qui coule par en bas]. Johannes Antonides Vander Linden l’a cité à l’entrée Archigenis de ses deux livres de Scriptis medicis [des Écrits médicaux] {a} sous le titre latin : De his qui per circuitum quemdam sanguinem mingunt [De ceux qui urinent périodiquement du sang]. L’Encyclopédie en a fait mention dans son article Urine :

« La vessie est sujette à une autre espèce d’hémorragie, dont Cælius Aurelianus fait mention, tract. de morb. chronic. {b} Elle se fait par des espèces de tumeurs ou hémorroïdes, qui se forment au col de la vessie, comme dans le fondement, le vagin et la matrice. Cette évacuation se fait par intervalles, et est du nombre des pissements de sang périodiques, qu’Archigène a observés. » {c}


  1. Éditions d’Amsterdam, 1651 (v. note [3], lettre latine 26), page 58, et 1662 (v. note [29], lettre 925), page 54.

    Linden s’y référe aux écrits d’Aétius d’Amide, médecin grec auquel s’était beaucoup intéressé René Moreau : v. note [4] de la lettre de Charles Spon datée du 21 novembre 1656, où il déplorait la mort de Moreau et se souvenait qu’il conservait un volumineux manuscrit d’Aèce dans sa bibliothèque. En 1657, Nicolas Fouquet avait racheté tous les ouvrages médicaux qu’elle contenait pour la somme de 10 000 livres tournois (v. le 3e paragraphe de la lettre 463). Cette amusante excursion dans les hautes sphères de la bibliomanie médicale explique pourquoi Patin parlait de Fouquet à Linden, qui souhaitait voir le fragment d’Archigène sur l’hématurie prédiodique.

  2. « Traité des maladies chroniques », Chronicon, sive tardarum passionum libri quinque [Chronicité, ou cinq livres des affections lentes] de Cælius Aurelianus (v. note [3], lettre latine 71).

  3. L’endométriose vésicale (implantation aberrante d’endomètre [muqueuse utérine] dans la vessie) est la seule maladie moderne qui corresponde à cette description.

    V. note [3] de la Consultation 13, pour les causes plus banales d’hématurie.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 30 août 1658, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1139&cln=2

(Consulté le 10/11/2024)

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