Ces vers de Mathurin Régnier (Chartres 1573-Rouen 1613), poète français et chanoine de Chartres (en 1609), sont tirés de sa Satire ii (pages 5‑6). {a}
Le chapitre premier, Vie et caractère de Régnier (pages 2‑7), du Mathurin Régnier de Joseph Vianey {b} confirme et enrichit les dires du Borboniana :
« Son père, Jacques Régnier, qui fut échevin de Chartres en 1595, appartenait à l’une des familles les plus notables de la ville. Sa mère, Simone Des Portes, était la sœur du poète Des Portes […]. {c} On ne sait comment fut élevé le jeune Mathurin. […]
Ce qui est vraisemblable, c’est qu’ébloui par la fortune rapide de son beau-frère, Jacques Régnier rêva pour son fils la bonne table, les dix mille écus de revenu, la gloire littéraire du mieux renté des beaux esprits ; et qu’en bon oncle, le favori du roi {d} se chargea de l’enfant et conseilla de le faire entrer dans les ordres. Mathurin fut tonsuré le 31 mars 1582. Tout jeune encore, il fut attaché à la personne d’un puissant prélat et partit pour l’Italie […].
Le 16 février 1587, le cardinal de Joyeuse {c} avait été nommé protecteur des affaires du roi en Cour de Rome à la place du cardinal d’Este, décédé. {e} Il n’avait pas vingt ans quand il avait été pourvu d’un archevêché, il n’en avait pas plus de vingt et un, quand il avait été créé cardinal ; il en avait vingt-cinq quand il fut élevé à ces hautes fonctions de protecteur, habituellement réservées aux neveux des papes ou aux membres des familles ducales de l’Italie. Il comprit que le sacré Collège les verrait avec déplaisir confiées à un Français, à un simple gentilhomme, {f} à un si jeune prélat. Il se dit, non sans raison, que pour s’imposer aux Romains, il fallait avant tout les éblouir, et se composa une cour princière. […] Sa maison constituée, sans se douter que le fils d’un bourgeois en serait un jour le membre le plus illustre, il alla prendre possession personnelle de son archevêché, […] < puis il > fit à Rome une entrée triomphale et eut des appartements plus beaux que ceux du pape lui-même. Après avoir étonné ses collègues par son luxe, il conquit leur sympathie par sa haute intelligence, sa présence d’esprit et sa belle humeur. Il n’était pas à Rome depuis six mois qu’il était devenu le porte-parole du sacré Collège. Tandis que tous les vieux prélats italiens courbaient passivement la tête devant l’irascible Sixte Quint, {g} ce jeune Français opposait aux emportements du pape le plus imperturbable sang-froid et finissait toujours par se faire écouter. Des vertus dignes de son rang achevèrent de créer au nouveau protecteur une situation prépondérante à la Cour pontificale. […] Si l’on songe que le premier secrétaire du protecteur était le futur cardinal d’Ossat et que l’ambassadeur était le marquis de Pisani, père de Mme de Rambouillet, {h} le plus honnête homme sans contredit de la cour de Henri iii, on conviendra sans doute que jamais prince ne fut représenté par de plus braves gens et de meilleurs diplomates que ce jeune roi. {i}
- Édition de Paris, Samuel Thiboust, 1616, in‑8o de 396 pages
- Paris, Hachette et Cie, 1896, in‑8o de 322 pages.
- V. supra note [7].
- Henri iii.
- Luigi d’Este (1538-1586), cardinal en 1561, protecteur de la France de 1573 à sa mort.
- La noblesse des Joyeuse remontait tout de même au xiiie s. ; de plus, François était frère du maréchal-duc Anne de Joyeuse, beau-frère et principal favori du roi Henri iii (v. première notule {a}, note [47] du Borboniana 8 manuscrit). François avait été reçu cardinal en 1583 et consacré archevêque de Narbonne en 1586.
- V. note [41] du Naudæana 1.
- V. notules {e}, note [27] du Borboniana 10 manuscrit, pour le marquis de Pisani, et {a}, note [4], lettre 23, pour sa fille, la marquise Catherine de Rambouillet.
- Le cardinal de Joyeuse quitta ses fonctions romaines à la mort de Henri iii. Régnier demeura dans sa suite et le suivit dans ses nombreuses missions diplomatiques, principalement dévolues à la réconciliation de Henri iv avec la papauté.
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