Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 8 manuscrit, note 47.
Note [47]

Jean-François de Gondi, évêque puis archevêque de Paris (de 1622 à 1654, v. note [11], lettre 19), était le cinquième des dix enfants du maréchal-duc Albert de Gondi, fondateur de la famille en France, qui avait épousé en 1565 Claude-Catherine de Clermont-Tonnerre (1543-1603), baronne puis duchesse de Retz (v. note [4], lettre 196).

V. note [37] du Borboniana 4 manuscrit pour le court règne polonais de Henri iii, avant son ascension sur le trône de France, et pour son passage par Venise en revenant en France (1574).

Le Borboniana citait trois références à l’appui de ses dires.

  1. « Voyez l’Éloge de Philippe Des Portes dans Sainte-Marthe ». Cet éloge {a} donne un éclairage un peu différent sur la vie courtisane et politique de Des Portes (livre v pages 527‑532) :

    « Entre les seigneurs de la cour, le duc Anne de Joyeuse, beau-frère du roi, était celui qu’il aimait et qu’il honorait davantage ; mais comme il l’aimait, il en était aussi réciproquement aimé, tant pour la beauté de son esprit que pour la douceur de ses mœurs. Et même, ces excellents hommes, quoique différents de naissance et de fortune, étant parvenus en un même degré de faveur et de bienveillance auprès le leur maître, travaillaient tous deux à l’envi à se conserver l’un l’autre dans l’honneur de ses bonnes grâces, et dans la bonne opinion qu’il avait si justement conçue de leur zèle et de leur fidélité. {b} Mais après que le malheur eut voulu que le duc de Joyeuse, qui était lieutenant général de l’armée du roi, eût été tué en la bataille de Coutras, où il rendit mille nobles preuves de valeur et de courage, et que, quelque temps après, le roi même eût été lâchement assassiné par les rebelles de son royaume, {c} Des Portes ayant ainsi perdu son protecteur et son maître, se résolut, dans ce notable et inopiné changement des affaires, de se retirer et de se mettre à l’abri de la tempête auprès de l’amiral de Villars, cousin germain du feu duc de Joyeuse, gouverneur de la province de Normandie, et l’un des principaux chefs du parti de la Ligue. Mais certes, la suite des choses eut un tel succès, et Des Portes fut en cela si heureux que, quatre ans après sa retraite, comme Henri le Grand fut parvenu à la Couronne, il travailla si utilement pour ce prince et pour le repos de sa patrie qu’il fut le principal auteur de la réduction de cette province en l’obéissance du roi. {d} Et par cette action généreuse et digne d’un bon citoyen, il s’acquit les bonnes grâces de ce grand prince, et eut ainsi le moyen d’adoucir l’aigreur de ses ennuis et de se consoler de la perte du roi son maître. »


    1. Traduction française de Paris 1644, v. supra note [12], première notule {b}.

    2. Sans beaucoup lire entre les lignes, on comprend que Des Portes fut l’un des mignons de Henri iii : le duc Anne de Joyeuse (1560-1587) a en effet été l’un des plus célèbres d’entre ces favoris particuliers (v. note [18] du Borboniana 6 manuscrit) ; il avait épousé en 1581 Marguerite de Lorraine-Vaudémont, demi-sœur de Louise, reine de France par son mariage avec Henri iii, et était frère aîné de François (le cardinal de Joyeuse, v. note [17], lettre 88) et de Henri (duc de Joyeuse de 1590 à 1608, v. note [11] du Borboniana 9 manuscrit). Anne de Joyeuse fut amiral de France de 182 à 1587.

    3. La bataille de Coutras, en Guyenne, eut lieu le 20 octobre 1587 : Henri iii roi de Navarre (futur Henri iv, roi de France) y défit l’armée royale commandée par Joyeuse. V. note [16], lettre 551, pour la mort de Henri iii le 2 août 1589, assassiné par le moine Jacques Clément.

    4. Henri iv vint à bout de la Ligue en 1595. Il avait assiégé Rouen sans succès en 1591, mais y fit son entrée triomphale en 1596.

  2. « Voyez de Thou à l’année 1606, page 1247 » : v. note [14], lettre 748, pour cet éloge funèbre de Des Portes dans l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou.

  3. Pierre Matthieu, Histoire de France sous les règnes de François ier…, Louis xiii, {a} parlant des Psaumes de David (tome second, pages 719‑720) :

    « Celui qui les a mis si doctement et si heureusement en vers français mourut au même temps : {b} Philippe Des Portes, que le cardinal Duperron, un autre grand prince en l’Empire de l’Église et en celui des lettres, appelait le Soleil des beaux esprits. Il n’avait pas acquis cette qualité dans les livres et les collèges. Il avait vu tant de cours de princes, tant de différents esprits, tant de sortes de mœurs et d’humeurs, que l’on ne pouvait espérer d’apprendre d’un autre ce qu’il ignorait. Des Yveteaux, {c} en une lettre de consolation sur sa mort, l’appela une Bibliothèque animée de toutes les parties des sciences. Il alla en Pologne où les belles et rares qualités de son esprit furent fort prisées et lui causèrent de grandes faveurs, qui furent les ailes qui donnèrent un vol si haut à sa poésie qu’il parut inimitable. Toutes les parties de sa vie ont été belles, et les dernières fort douces et tranquilles. Sa maison était la cour, et sa table, le refuge des beaux esprits. Il est vrai qu’il aima les délices, aussi bien du corps que de l’esprit, et les voluptés les plus rares lui étaient les plus voluptueuses. Il suivait curieusement toutes les lois d’une nature bien réglée, et évitait toutes ses répugnances. {d} Ses écrits étaient sans contrainte, ses discours sans afféteries ni ostentation, et sa mort fut sans effroi ni tremblement. Il défendit à son frère la publication de quelques écrits de sa façon, défense plus préjudiciable au public qu’à la réputation d’un si grand homme, qui en a assez laissé pour durer tant que la France parlera français. »


    1. Paris, 1631, v. notule {c}, note [59] du Borboniana 4 manuscrit)

    2. Au même temps que René de Beaune, archevêque de Bourges puis de Sens, mort en 1606 (v. note [46] du Borboniana 5 manuscrit.

    3. Philippe Vauquelin Des Yveteaux (1567-1649), poète français qui fut précepteur de César de Vendôme, puis vécut dans le libertinage.

    4. Propos ambigus et même contradictoires, dont les fumées semblent vouloir masquer des vérités alors inavouables.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 8 manuscrit, note 47.

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(Consulté le 28/03/2024)

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