À Jan van Beverwijk, le 19 juillet 1640, note 27.
Note [27]

Jan van Beverwijk écrivait (de Calculo, pages 5‑6) :

Non semel vidi uno rene obstructo, alterum inutile ac vietum reddi, propriaque facultate destituum, urinæ fluxum intercipere : quod etiam a Dureto Comm. in Hipp. iv. Coacar. prænot. xlv. Foresto xxiv. Observat. xxvi. Riolan. v. Anat. xix. et aliis sæpius observatum est.

[J’ai vu plus d’une fois l’écoulement de l’urine s’interrompre quand un seul rein est obstrué, car alors l’autre devenant inutile, il se ratatine et cesse de fonctionner ; {a} comme l’ont aussi très souvent remarqué Duret commentant le 45e paragraphe du 4e traité des Prénotions coaques d’Hippocrate, {b} Forestus dans l’observation 26 de son 24e livre, {c} Riolan au chapitre xix de la 5e section de son Anatomie, {c} et d’autres].


  1. Contraire à la logique et à la réalité des faits, qui d’habitude est exactement opposée, cette bizarrerie va faire l’objet de copieux échanges entre Guy Patin et Beverwijk.

  2. Page 539 (lignes 28‑31) des Hippocratis magni Coacæ Prænotiones… commentées par Louis Duret (1588 ; v. note [10], lettre 11), avec cette déclaration :

    Atque id mirum videri debet in renis unius afflictione, sisti urinam, vel micturiendo stillatim ægre transmitti : cum ita comparata sit ratio amborum renum, ut cessante uno, alter officium suum faciat. Sed magna vis est sympathiæ in societate officii. Propterea sympathia renis alterius, crebro et parce urina emittetur.

    [Et quand seul un rein est atteint, on doit tenir pour étonnant que cesse la production d’urine, ou qu’elle s’écoule péniblement de la vessie, goutte à goutte ; car l’action des deux reins est si bien coordonnée que quand l’un cesse de fonctionner l’autre continue de travailler ; mais dans une association, le partage des tâches est une puissante force. C’est donc par sympathie de l’autre rein qu’il persiste peu fréquemment une émission d’urine].

  3. Observationum et curationum medicinalium, sive, Medicinæ Theoricæ et Practicæ, Libri xxviii… In quibus eorundem caussæ, signa, prognosis et curationes graphice depinguntur, Auctore Petro Foresto, Alcamrino, Med Dlephensi. Auctiores et limatiores cum universalum rerum, locorum, observationum, morborumque Indice.

    [Vingt-huit livres d’observations et de guérisons médicales, ou de médecine théorique et pratique… Petrus Forestus, {i} médecin de Delft natif d’Alkmarr, y dépeint exactement les causes, les signes, le pronostic et les traitements des affections. Revus et augmentés avec un index de toutes matières, les citations, des observations et des maladies]. {ii}

    1. Peter Van Foreest, v. note [13], lettre 401.

    2. Francfort, Paltheninana Officina, 1602, in‑4o de 776 pages.

    L’observation xxvi, livre xxiv, pages 478‑483, est intitulée De Calculo renis in uretere impacto ; cum crudelissimo dolore, et urinæ omnimoda suppressione, cui et antea ex sanguine coagulato etiam urina suppressa fuerat, cum sævissimis symptomatis [Sur un calcul du rein bloqué dans l’uretère, avec très cruelle douleur et suppression complète d’urine, chez un malade qui avait précédemment déjà souffert de suppression d’urine par un caillot de sang, avec de très cruels symptômes].

    Dans sa Scholia [son commentaire], où il cite Fernel, Forest invoque (page 478, bas de la 1re colonne) la sympathie (v. note [4], lettre 188) existant entre les deux reins pour expliquer que l’obstruction du seul uretère gauche par un calcul provoque une anurie ; mais sans écarter de manière convaincante la possibilité que le rein droit ait précédemment été détruit par la lithiase.

  4. Anatome [Anatomie] de Jean i Riolan (le père), chapitre xix, De Renibus [Des Reins], page 131 de ses Opera omnia (Paris, 1610, v. note [9], lettre 22) :

    Renes geminos natura condidit, utrimque unum, non tam ad æquilibrium corporis, quam actionis suæ continuatem : Ne uno præpedito et obturato cessaret humoris serosi profusio, etiamsi non seml observaverim monitus a Foresto, uno rene obstructo, alterum inutilem et vietum reddi, propriaque actione destitutum urinam transitu prohibere.

    [La nature nous a pourvus de deux reins, l’un semblable à l’autre, non tant pour le bon équilibre du corps, que pour assurer la permanence de leur action : c’est afin que, quand l’un des deux est empêché et obstrué, l’écoulement de l’humeur séreuse ne s’interrompe pas ; même si, plus d’une fois, prévenu par Forestus, j’ai observé que quand un rein est bloqué, l’autre est rendu inutile ; s’atrophiant et perdant sa fonction, il empêche l’excrétion de l’urine].

    V. note [20], lettre latine 154, pour la reprise de ce thème par Jean ii Riolan (le fils) en 1649.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Beverwijk, le 19 juillet 1640, note 27.

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(Consulté le 28/03/2024)

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