V. note [22], lettre 752, pour le Journal de Louis Gorin de Saint-Amour (1662), livre qui fut condamné par le lieutenant civil au Châtelet de Paris, Simon Dreux d’Aubray, à être brûlé le 14 mai 1663.
Les Mémoires touchant la vie de Monsieur de S. Cyran, de Claude Lancelot, {a} contiennent une fort instructive Relation faite par M. Lancelot d’un entretien qu’il eut en 1664 avec M. de Péréfixe, archevêque de Paris, {b} au sujet des religieuses de Port-Royal et de la signature du Formulaire d’Alexandre vii, où il est incidemment question du Journal de Saint-Amour (tome second, pages 514‑515) :
« J’ajoutai ensuite : “ Après tout, Monseigneur, vous avez trop d’expérience pour ne pas voir comme les choses se passent dans les cours des grands princes, et particulièrement en Italie, et que la politique y a presque toujours la meilleure partie. Et le Journal que vous avez sans doute, Monseigneur (je savais qu’on lui en avait envoyé un) ; fait voir, plus clair que le jour, que l’affaire n’a jamais été bien examinée, {c} que jamais on n’a donné qu’une audience à ces messieurs les docteurs et qu’ils n’ont jamais pu obtenir d’être ouïs contradictoirement, comme il eût été à désirer dans une affaire de cette importance. {d} – De quel Journal me parlez-vous ? repartit-il. – C’est, lui dis-je, le Journal de M. de Saint-Amour, Monseigneur. – Le Journal de Saint-Amour ! répliqua-t-il, c’est bien le livre le plus impertinent, le plus plein d’impostures et de faussetés, et le plus injurieux au pape qui fût jamais. Enfin, un livre qui ne mérite que le feu et la flamme, comme en effet il a été brûlé très justement. ” C’est ici où il s’emporta le plus et où il parla avec le plus de chaleur. Puis il ajouta : “ Il a aussi eu la hardiesse de parler de moi et de me mettre dans son Journal ; moi qui étant ici, à Paris et à la cour, puis protester du conntraire de ce qu’il allègue. Car, continua-t-il, il n’y a rien de plus faux que ce qu’il en dit. Il a la hardiesse d’avancer que la lettre qui a été envoyée à Rome, signée de plusieurs prélats (c’est celle de M. de Vabres), {e} me fut aussi présentée, et que je refusai de la signer. Or il n’y a rien de plus faux. Il est bien vrai, comme il le dit, que je ne l’ai pas signée, mais il est très faux que j’aie refusé de la signer, comme il assure, parce qu’elle ne m’a jamais été présentée. Jugez donc là du reste, et voyez avec quelle témérité cet auteur débite ses faussetés, et quelle croyance on y doit avoir. ” »
- Cologne, 1738, v. note [4], lettre 389.
- Avant d’être nommé archevêque de Paris, en 1662, Hardouin de Beaumont de Péréfixe avait été évêque de Rodez (v. note [38], lettre 106).
- L’authenticité des Cinq Propositions tirées de Jansenius, v. note [16], lettre 321.
- Les docteurs de Sorbonne favorables au jansénisme (et à la fausseté des Cinq Propositions), contre les jésuites.
- En 1650, Isaac Habert (mort en 1668), évêque de Vabres (près de Saint-Affrique) en 1645 et docteur de Sorbonne, avait rédigé et soumis à la signature de l’Assemblée du Clergé une lettre au pape Innocent x, dénonçant les Propositions jansénistes : Journal de Saint-Amour, seconde partie, chapitre ii.
Je n’ai pas vu d’autre tome du Journal, mais il fut traduit en anglais en 1664. |