À Charles Spon, le 13 janvier 1655, note 35.
Note [35]

« à tort et à travers ».

Pierre Borel (Castres vers 1620-ibid. 14 octobre 1671), docteur en médecine de Cahors en 1643, avait commencé l’année suivante à exercer dans sa ville natale. Venu à Paris en 1653, il fut fait médecin ordinaire du roi. Borel retourna à Castres en 1657. Il avait beaucoup de goût et d’enthousiasme, certes un peu teintés de naïveté, pour toutes les nouveautés scientifiques de son temps ; ce qui lui valait sans doute le fielleux mépris de Guy Patin.

Écrivain prolifique, Borel avait entre autres publié les Historiarum et observationum medico-physicarum centuria prima et secunda ; in qua non solum multa utilia, sed et rara, stupenda, ac inaudita continentur [Première et seconde centuries d’histoires et observations médico-physiques ; qui contiennent beaucoup de choses non seulement utiles, mais encore rares, étonnantes et inédites] (Castres, Arnaud Colomer, 1653, in‑8o). Deux autres centuries parurent ensuite, avec des suppléments (Paris, 1656 et 1661, v. note [7], lettre latine de Thomas Bartholin, datée du 25 septembre 1662).

On imprimait alors son Dictionnaire des termes du vieux français, ou Trésor de recherches et antiquités gauloises et françaises, réduites en ordre alphabétique, et enrichies de beaucoup d’origines, épitaphes, et autres choses rares et curieuses, comme aussi de beaucoup de mots de la langue thyoise ou theuthfranque (Paris, Augustin Courbé, 1655, in‑4o). C’est plus un dictionnaire pittoresque que savant, comme l’illustre la définition du mot huguenot (page 168) :

« Sobriquet donné à ceux de la religion réformée, dont on donne beaucoup d’étymologies, comme de Jean Hus, {a} ou Heusquenaux, mutins de Suisse, ou de Huc nos, parce qu’on dit que quelques Allemands protestants, étant députés, firent une harangue, commençant Huc nos venimus, {b} et qu’ils ne surent l’achever ; mais je crois que les dernières origines sont des impostures, et que la première est la bonne. On leur a donné aussi un autre sobriquet, savoir de parpaillol, c. papillon, {c} dont on a aussi cherché diverses origines. On tient qu’elle vient de ce qu’en la bataille de Saint-Denis, {d} il y eut un grand nombre de cavaliers protestants vêtus de hoquetons blancs, qui agissaient si bien qu’ils semblaient de loin des papillons volants ; et le roi {e} même, les regardant de loin, souhaita d’avoir dans ses armées semblables soldats. D’autres le font venir d’un combat donné à Clairac en Agenois. » {f}


  1. V. note [84] du Faux Patiniana II‑7, pour Jean Hus, dont les disciples portaient ordinairement le nom de hussites.

  2. « Nous venons ici ».

  3. « c’est-à-dire papillon. »

  4. Le 10 novembre 1567, v. note [12], lettre 655.

  5. Charles ix.

  6. Bastion calviniste, Clairac (Lot-et-Garonne) fut assiégée par Louis xiii en le 28 juillet 1621 et se rendit au roi le 8 août.

    Furetière dit de parpaillot : « nom injurieux qu’on a donné en quelques endroits de la France à ceux de la Religion prétendue reformée. On dit qu’au siege de Clairac ils firent une sortie couverts de chemises blanches en un temps où on voyait beaucoup de papillons, que les Gascons appellent parpaillols, comme les Italiens farfalla ; et que de là ce nom leur est demeuré. […] Borel dit que c’est à cause qu’ils couraient au danger sans crainte, et allaient chercher leur mort comme font les papillons qui se vont brûler à la chandelle. »


V. notes [6] de la lettre que Pierre Louvet a écrite à Guy Patin, datée du 22 janvier 1657, pour les Antiquités de Borel, publiées en 1649, et [11], lettre latine 120, pour deux autres de ses ouvrages.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 janvier 1655, note 35.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0387&cln=35

(Consulté le 06/12/2024)

Licence Creative Commons