La transcription du Naudæana manuscrit de Vienne (qui donne à ce marquis le nom de Mansoli) ajoute à cela :
« Il fut décapité en la prison et puis montré en public. On dit qu’il était parent de la reine mère. »
- Marie de Médicis (ce qui explique que Gabriel Naudé ait fait de Manzoli un Florentin).
Sans concorder parfaitement, trois sources jettent quelque lumière sur cette obscure et maudite affaire qui coûta la vie au dénommé Manzoli, à Rome vers 1637 (sous le pontificat d’Urbain viii, Maffeo Barberini).
- L’historien italien protestant Gregorio Leti (v. note [1], lettre 943), dans La juste balance des cardinaux vivants, dans laquelle la principale partie de leurs actions, leur naissance, leurs intérêts, leurs puissances, leurs richesses, leurs charges et dignités, leurs vertus, mérites et défauts sont représentés. Distingués en iv parties, sous les papes Paul v, Grégoire xv, Urbain viii, Innocent v. Traduit de l’italien, imprimé à Rome en 1650…, {a} en a fait une des « incivilités » des Barberins (page 48) :
« Ils ont anéanti et avili la noblesse romaine, ayant fait trancher la tête au marquis Manzioli {b} Bentivoglio, qui avait été premier clerc de la Chambre, et puis, ayant quitté cette charge, s’était marié ; sous prétexte qu’il avait fait un livre contre la cour romaine, le laissant pour instruction à ses enfants, ils lui firent couper le col dans le Capitole. »
- Paris, Edme Pepingué, 1652, in‑12 de 258 pages.
- Sic.
- Dans son livre intitulé Il Bernini, la sua vita, la sua opera, il suo tempo… [Le Bernin (v. note [2], lettre 843), sa vie, son œuvre, son époque…] Stanistalo Fraschetti (historien de l’art, 1875-1902) cite dans la note 3, page 59, chapitre 7, ce précieux extrait du Diario di M. Antonio Valena : Cose notabili occorse in Roma dall’anno 1576 a l’anno 1648 [Journal de Marco Antonio Valena : Causes remarquables survenues à Rome de l’an 1576 à l’an 1648] (manuscrit conservé à la Bibliothèque vaticane, Vat. Capp. Lat. 63, page 1836), daté de 1635 :
Fu tagliata la testa al March. Manzoli nobilis : Bolognese che fu Chierico di Camera per aver fatte Pasquinate. La mattina che gli fu tagliata la testa fu un temporale grandissimo con acqua e vento ; le torcie di cera che stavano appicciate al suo cataletto non si smorzarono per detto temporale, il servente e il compagno che l’accusarono furono appiccati, tutti quelli che s’intrigarono in d. causa morirono quasi tutti di mala morte ò poco camparono ; il Giudice dicono fosse avvelenato in una medicina, un ferraro che si esaminò fu ammazzato, il Colangeli fiscale di Campidoglio fu trovato una mattina sul suo letto molto brutto morto, dicevasi essere stato strozzato da’ Demonii, la sera stava benissimo, si burlava del Card. Gessi, che era morto il giorno, dicendo a che osteria allongerà questa notte ?
[Le marquis Manzoli, très noble gentilhomme de Bologne, qui fut clerc de la Chambre apostolique, a été décapité pour avoir écrit une pasquinade. {a} Le matin où on lui trancha la tête, le temps était extrêmement pluvieux et venteux, mais les cierges placés sur son cercueil ne se sont pas éteints. Le valet et le compagnon qui l’avaient dénoncé furent pendus. Presque tous ceux qui étaient intervenus dans ce procès ont péri de funeste mort ou n’ont pas vécu longtemps après : le juge a, dit-on, été empoisonné par un médicament ; un forgeron qui avait témoigné a été assassiné ; un matin, alors qu’il allait parfaitement bien la veille au soir, le procureur fiscal du Capitole a été trouvé mort dans son lit, très brutalement étranglé, disait-on, par le démon ; le jour de sa mort, on se moqua du cardinal Gessi {b} en disant « Dans quel bouge va-t-il coucher cette nuit ? »]
- V. note [5], lettre 427.
- V. note [2], lettre 47, pour le cardinal Berlinghiero Gessi, président du tribunal suprême de la Signature apostolique de novembre 1633 à janvier 1639, mort le 6 avril suivant.
Dans son livre intitulé Rome : a city out of print [Rome : une cité vue au travers d’imprimés épuisés] (University of Minnesota Press, 2001), Rose Marie San Juan a dépeint la vie quotidienne de Rome du xviie s. au travers de brochures, d’affiches, de guides ou de gravures. Dans sa note 43, page 258, elle cite un passage du Diario Romano (1609-1670) [Journal romain (1609-1670)] (ouvrage qui n’a été imprimé qu’en 1958) du chroniqueur romain Giacinto Gigli (1594-1671) relatant qu’un marquis Manzoli-Bentivoglio, originaire de Bologne, a été décapité dans la prison du Capitole, un 1er décembre (1636 ou 1637), pour une pasquinade contre Urbain viii, trouvée en sa maison ; il s’était proclamé innocent, mais deux témoins avaient convaincu le tribunal de sa culpabilité ; on s’étonna que plusieurs de ceux qui avaient participé à sa condamnation mourussent subitement dans les années suivant son exécution, dont un cardinal nommé Fabrizio Verospi, décédé le 27 janvier 1639.
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