À André Falconet, le 28 février 1650, note 5.
Note [5]

Condé avait accompagné le duc d’Orléans au Palais le matin du 17 janvier pour la poursuite du procès qu’il avait engagé contre le duc de Beaufort et le coadjuteur. Monsieur se sentant indisposé avait quitté le Parlement avant l’ouverture de la séance et M. le Prince n’était pas non plus resté. Il ne se rendit pas au Palais le lendemain, mais alla impromptu voir Mazarin.

Mme de Motteville (Mémoires, page 325‑326) :

« Le matin de ce jour, le prince de Condé alla voir le cardinal, qu’il trouva occupé à parler à Priolo, {a} domestique du duc de Longueville, à qui le cardinal dit mille douceurs pour son maître, le priant de se trouver après midi au Conseil. M. le Prince entrant dans la chambre du minsitre, lui dit de continuer son discours ; puis, s’approchant du feu, il trouva de Lionne, secrétaire du cardinal, qui écrivait sur une petite table certains ordres nécessaires pour l’exécution de l’affaire du jour. Lionne les cacha soigneusement sous le tapis, faisant ensuite la meilleure mine qui lui fut possible. Cette visite finie, le prince de Condé alla dîner {b} chez Madame sa mère : elle avait eu quelque avis ou quelque pressentiment de sa disgrâce ; si bien qu’après le dîner, ayant tiré à part Messieurs ses enfants, {c} elle dit au prince de Condé de prendre garde à lui et qu’assurément la cour ne lui était point favorable. M. le Prince lui répondit que la reine l’avait encore assuré depuis peu de son amitié, que le cardinal vivait fort bien avec lui, mais que sans doute, le mal venait de La Rivière qui le trahissait et faisait pencher son maître {d} du côté des frondeurs. Puis il dit au prince de Conti, son frère, qu’il voulait ce jour même en sa présence le gourmander {e} comme il le méritait. Le prince de Marcillac, {f} par un esprit de pénétration et d’habileté, avait souvent jugé que les affaires allaient mal pour leur parti et dans cette pensée, il leur recommandait toujours de ne se trouver jamais tous trois au Conseil ; mais l’ordre de Dieu était qu’ils ne profiteraient point de ses avis. Le prince de Condé fut le premier qui alla chez la reine et les deux autres le suivirent bientôt après. »


  1. Benjamin Priolo, v. note [9], lettre 637.

  2. Déjeuner.

  3. Condé (M. le Prince), Conti et leur beau-frère, M. de Longueville.

  4. Gaston d’Orléans.

  5. Réprimander La Rivière.

  6. La Rochefoucauld, v. note [7], lettre 219.

Dans la journée, les gendarmes et chevau-légers du roi étaient allés se poster au Marché aux Chevaux (v. note [2], lettre 920), sous le commandement de Condé lui-même à qui Mazarin avait dit que c’était pour contrer le duc de Beaufort qui avait dessein de faire évader Parrain des Coutures, capitaine de la garde bourgeoise, compromis dans le complot des frondeurs contre Condé, emprisonné à la Tournelle. Ces troupes furent celles qui escortèrent les trois princes à Vincennes après leur arrestation, le même jour à six heures moins le quart (v. note [2], lettre 215).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 28 février 1650, note 5.

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(Consulté le 26/04/2024)

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