À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 57.
Note [57]

La réédition de 1666 (v. supra note [6]) honore Guy Patin de sept renvois dans les Nomina Authorum, qui præcipue in Commentario ad Syntagma Anatomicum Veslingii occurrunt [Noms des principaux auteurs qui sont cités dans le commentaire du Syntagma anatomicum de Vesling] ; on y trouve autant de mentions au contenu de la présente lettre.

  1. Pages 45‑46 :

    Ruptis internis tunicis etc.] Observavit Riolanus Phlegmonem et Gangrænosin in parte aliqua Ilei produxisse volvulum. Imo censet Cl. Guido Patinus Inflammatoriam dispositionem Ilei intestini semper hunc producere morbum, adeoque plurimos evadere per venæsectionem, fotus tepidos, semicupium ex aqua tepida, et enemata emollienta. Idem ante annos 30 in auriga cujusdam Archiepiscopi, ex Vovulo demortuo, totum hoc intesinum corruptum, nigrum et gangræna conspersum vidisse, litteris mihi indicavit. Interdum revolvitur intestinum instar digiti chyrotecæ reduplicati, quod omnimodo obstruit viam intestini, inde vomitus excrementorum per partes superiores. Reduplicationem hanc omnino ficticiam dici nominatus Patinus, quam numquam videre potuit. At bis terve eam in cadaveribus dissectis cum Claris. Præceptore meo J. Walæo observavi. Etiam sæpissime in scrotum decidit aut inguina unde Hernia.

    [Par rupture des tuniques internes, etc. | {a} Riolan a observé que le volvulus provoque le phlegmon et la gangrène en quelque partie de l’iléon. {b} Le très distingué Guy Patin pense au contraire qu’une disposition inflammatoire de l’iléon provoque cette maladie, tant et si bien que plusieurs en ont réchappé grâce à la phlébotomie, aux cataplasmes tièdes, au demi-bain d’eau tiède et aux lavements émollients. Le même m’a indiqué dans une de ses lettres avoir vu cet intestin totalement corrompu, noir et parsemé de gangrène, il y a 30 ans, chez le cocher d’un archevêque qui était mort de volvulus. {c} Parfois, l’intestin se dédouble en se retournant sur lui-même à la manière d’un doigt de gant, ce qui y obstrue complètement la lumière et il en résulte le vomissement d’excréments par en haut. Le susdit Patin m’a dit que cette duplication est tout à fait fictive et qu’il n’a jamais pu l’observer ; mais je l’ai vue deux ou trois fois sur des cadavres que j’ai disséqués avec Jan de Wale, {d} mon très éminent maître. Très souvent aussi, l’iléon se loge dans le scrotum ou dans l’aine, provoquant la formation d’une hernie]. {e}


    1. Commentaire de ce propos de Vesling : unde ruptis internis tunicis lethali volvulo ansam præbet [ce qui expose l’anse (intestinale) à un volvulus létal par rupture de ses tuniques internes].

    2. V. supra note [11].

    3. Cette lettre de Patin est aujourd’hui perdue. Quand le volvulus n’est pas promptement levé, l’arrêt de la circulation sanguine dans l’intestin étranglé provoque sa nécrose, suivie de la mort du malade.

    4. V. note [6], lettre 191.

    5. Honnête et scrupuleux commentateur, Blasius n’en exprimait pas moins son désaccord avec Patin quant à l’origine mécanique des occlusions de l’intestin grêle, et les progrès de la médecine lui ont donné raison.

  2. Pages 67‑68 :

    In Hypochondrio sinistro] Et quidem in sola parte sinistra Hypochondrii, adeo ut nullam sui partem extendat in dextrum latus, secus ad jecur facit. In dextro Hypochondrio Lienem, Jecur contra in sinisro locum, ut et singula vasa ipsorum viscerum substantiam concomitantia, in quodam Parisiis 1650. dissecto habuisse literis refert Guido Patinus.

    [Dans l’hypocondre gauche | {a} Et exclusivement dans la partie gauche de l’hypocondre, tant et si bien qu’aucune de ses parties ne s’étend vers le côté droit, ce qui la distingue du foie. {b} Guy Patin relate dans une lettre {c} qu’à Paris, en 1650, on a disséqué un quidam qui avait la rate dans l’hypocondre droit et le foie du côté gauche, chacun de ces deux viscères étant accompagné de ses propres vaisseaux].


    1. Commentaire de ce propos de Vesling : Locum habet lien in hypochondrio sinistro [La rate est située dans l’hypocondre gauche].

    2. Situé dans l’hypocondre droit, le foie, qui est bien plus volumineux que la rate, s’étend en partie vers l’hypocondre gauche.

    3. V. supra note [12].

  3. Pages 74‑75 :

    Est dispar numerus etc.] Ao. 1624. Spigelio juvenculam 13. annorum dissecanti gemina occurrit arteria emulgens dextra, teste Rodio in mantissa. Sic in subjecto mense Martio 1656. à Johanne van Horne publice dissecto, Arteria hæc dextri lateris duplex reperiebatur, diversis locis ex Aorta orta, et diversis etiam locis ad distantiam duorum digitorum Reni inserta. […] In sinistra parte arteriæ emulgentis quatuor ramos Ao. 1638. invenit Veslingius. Tres arterias in subjecto a Falcob. 1647. dissecto vidimus. In vasis renum, Ureteribus, et vasis Spermaticis admodum ludere naturam autopsia edoctus confirmat Cl. Patinus.

    [Le nombre est impair, etc. | {a} L’an 1624, au témoignage de Rhodius in Mantissa, Spigelius, {b} en disséquant une jeune fille de 13 ans, a trouvé une double artère rénale droite. Pareillement, au mois de mars 1656, en disséquant publiquement un cadavre, Jan van Horne avait observé deux artères rénales du même côté, nées de l’aorte à deux niveaux distincts et arrivant aussi séparément dans le rein à deux doigts de distance l’une de l’autre. (…) En l’an 1638, Vesling a vu une artère rénale gauche scindée en quatre rameaux. En 1647, nous avons vu trois artères dans un sujet que disséquait Falcoburgius. {c} Instruit par l’autopsie, le très distingué Patin confirme que la nature est fort versatile dans la disposition des vaisseaux rénaux, des uretères et des vaisseaux spermatiques]. {d}


    1. Commentaire de ce propos de Vesling : Non raro tamen Emulgentium vasorum et dispar numerus est, et progressus ad renes inæqualis [Il n’est cependant pas rare que le nombre des vaisseaux rénaux soit impair et que leur trajet vers les reins soit asymétrique].

    2. V. notes [18], lettre 352, pour la Mantissa anatomica [Annexe anatomique] de Johannes Rhodius (publiée par Thomas Bartholin à Copenhague, 1661), et [5], lettre 115, pour Adriann van de Spiegel.

    3. Adrianus Falcoburgius (van Valckenburg ; Leyde 1581-ibid. 1650), médecin hollandais.

    4. V. supra note [18].

  4. Page 89 :

    Binos] Numero bini sunt. Raro unus tantum et magnus : et tales etiam ad procreandum aptos esse experientia docet. Rarius, tres, ut in Agathocle Siciliæ Tyranno, et familiis nonnullis Italiæ et Germaniæ proprium, rarissime quatuor. Novisse se, mihi per litteras indicavit Patinus, Flandrum quendam, qui unicum habebat testem, in medio scroto positum, sed ebriosum et libidinosum ; imo alium, qui tres habebat tota vita salacissimum et libidinosissimum.

    [Une paire | {a} Ils sont au nombre de deux. Rarement, il n’y en a qu’un seul, et de grande taille, et l’expérience nous enseigne même que de tels hommes sont aptes à procréer. Plus rarement, il y en a trois, comme chez Agathocle tyran de Sicile, {b} ou comme particularité en quelques familles d’Italie et d’Allemagne. Il est rarissime qu’il y en ait quatre. Dans une lettre, Patin m’a dit connaître un Flamand qui n’avait qu’un seul testicule, placé au milieu du scrotum, mais qui était ivrogne et libidineux ; et même un autre qui en avait trois et qui, durant toute sa vie, avait été extrêmement paillard et débauché]. {c}


    1. Commentaire de ce propos de Vesling sur les testicules : Binos efformavit divinus opifex, ut in muneris quod obeunt necessitate alter in alterius laguentis aut deficientis suppetias veniret [Le divin créateur nous en façonné une paire afin que, dans la nécessité de la charge dont elles s’acquittent, la seconde supplée à la première quand elle est fatiguée ou déficiente].

    2. Agathocle de Syracuse, cruel tyran puis roi de Sicile (de 304 à 289 av. J.‑C.).

    3. V. supra note [27].

  5. Page 106 :

    Distinguntur] Male adeoque faciunt illi qui cavitatem uteri in duas partes dividunt manifestas, quasi recto ductu duceretur protuberans quædam inæqualitas ab orificio sursum, quæ uterum dividat in duos velut distinctos et a se invicem separatos sinus atque secessus. Inscitiæ in Anatomicis indicium non parvæ est, in utero muliebri cellulas quærere, majoris, hinc contendere, posse fœminam fœtus plurimos concipere, nihil enim tam rarum quam vera superfœtatio, quam cum Cl. Patino aliisque neque unquam vidi, neque possibilem judico, licet varii contrarium sustinere conentur.

    [Sont séparées | Ont donc tort ceux qui divisent la cavité de l’utérus en deux parties manifestes, comme si quelque saillie protubérante s’étendait en ligne droite depuis le col jusqu’au fond pour séparer l’utérus en deux sinus et compartiments comme distincts et isolés l’un de l’autre. Chez les anatomistes, ce n’est pas une preuve de mince ignorance que d’aller chercher des chambres dans l’utérus humain ; et pis encore, d’en tirer l’affirmation que la femme peut concevoir plusieurs fœtus, car rien n’est plus rare que la véritable superfétation. Tout comme le très distingué Patin et d’autres, je ne l’ai jamais vue et la tiens pour impossible, même si divers auteurs tentent de soutenir le contraire]. {a}


    1. V. supra notes [33], pour la formulation initiale de ce paragraphe (où Blasius a supprimé l’observation qu’il y rapportait et les auteurs qu’il y citait), et [34], pour la remarque de Guy Patin qui a convaincu Blaius de nier la superfétation.

  6. Page 165 :

    Larynx] Multa in gravissimis affectionibus, sæpe ob mortis evitandum periculum, vel etiam temere experiuntur Medici. Hac ratione in suffocante Angina, quam strangulatoriam quidam appellarunt, omnibus methodo legitima frustra tentatis, Laryngotomiam s. Sectionem asperæ arteriæ sub larynge instituunt. Hac de operatione digna lectu est observatio quam quæst. 3. cap. 3. proponit Nicol. Fontanus. Cl. Patinus ter vidit eam celebratam in urbe Parisiensi, et semper successit, 1. in Monacho, 2. in Aulico, præsentibus et in consilium ab eodem adhibitis diligentissimis D.D. Nic. Pietreo, et Mich. de la Vigne Doctoribus Medicis Paris. eruditissimis. 3. In quodam Mercatori Burdegalensi.

    [Le larynx | {a} Les médecins tentent bien des choses, et même témérairement, dans les affections les plus graves, souvent pour écarter un péril de mort. Voilà pourquoi, dans l’angine suffocante, que certains ont appelée étranglante, quand tout a été tenté sans succès en utilisant la méthode régulière, ils procèdent à la laryngotomie ou section de la trachée-artère au-dessous du larynx. Sur cette opération, l’observation que présente Nicol. Fontanus, question 3, chapitre iii est digne d’être lue. {b} Le très distingué Patin l’a vu pratiquer trois fois à Paris, et toujours avec succès : 1. chez un moine ; 2. chez un gentilhomme de la cour, en présence des très diligents MM. Nicolas Piètre et Michel de La Vigne, très savants docteurs en médecine de Paris, et après avoir consulté avec eux ; 3. chez un marchand de Bordeaux]. {c}


    1. Commentaire de ce propos de Vesling au sujet de la trachée-artère [aspera arteria] :

      Larynx vero pars superior, et velut caput est, ad formandam exprimendamque vocem, cartilaginibus, et musculis diversis constructa .

      [Le larynx forme sa partie supérieure, et comme sa tête, pour façonner et faire sortir la voix ; il est construit de divers muscles et cartilages].

    2. Nicolai Fontani Observationum rariorum Analecta [Recueil d’Observations plus que rares de Nicolaus Fontanus] (Amsterdam, Henricus Laurentius, 1641, in‑4o, ouvrage dédicacé au roi Louis xiii). Nicolas Fontaine ou Fonteijn, médecin d’origine française a exercé la médecine à Amsterdam. À la fin du deuxième paragraphe de sa lettre, Guy Patin a mentionné son parent (probable fils), Isaac de La Fontaine (v. note [23], lettre 504).

      Nicolas Fontaine a publié une dizaine d’ouvrages médicaux entre 1633 et 1645. L’Exemplum iii (pages 9‑15) de ses Observationum, dont Blasius conseillait la lecture, est intitulé Utrum Laryngotomia, in Angina, sit celebranda ? [Faut-il pratiquer la laryngotomie dans l’angine ?] (avec trois gravures fort démonstratives) : femme atteinte d’obstruction laryngée suffocante (dont tous les signes et symptômes sont soigneusement décrits) que Fontanus et son ami Zacutus Lusitanus ne sont parvenus à sauver qu’avec l’aide de la laryngotomie pratiquée in extremis par un chirurgien.

    3. V. supra note [46].

  7. Page 171 :

    Sermonis prompturarium] Non quod unica et sola per se sensa exprimere et sermonem formare possit, cum concurrant et oris palatum, dentes, narium foramina, aliæque partes variæ, sed quia primaria et principalis pars est, unde et idiomata varia Linguæ solent appellari, quod a lingua pronuncientur. Rarum est quod mihi literis retulit Patinus, vidisse se in urbe Parisiensi adolescentem quendam Pictaviensem, cui lingua exciderat variolarum malignitate corrupta et exesa, qui tamen loquebatur articulatasque voces proferebat, circa annum 1631. quo de casu libellum gallicum scripsit Marcus Duncanus, Medicus Salmuriensis eruditissimus, sub titulo Aglossostomographiæ.

    [Le magasin de la parole | {a} Non pas parce qu’elle peut à elle toute seule et de son propre chef former et exprimer la parole, puisqu’y concourent à la fois le palais, les dents, les cavités nasales et diverses autres parties, mais parce qu’elle en est l’organe premier et principal ; d’où vient que dans divers langages on a coutume d’appeler langues ce qui est prononcé par la langue. Dans une lettre, Patin m’a relaté une rareté, ayant vu à Paris, vers l’an 1631, un jeune homme du Poitou dont la malignité de la variole avait fait perdre la langue, après l’avoir pourrie et rongée ; il parlait pourtant et prononçait des mots articulés. Sur ce cas, Marc Duncan, très savant médecin de Saumur, a écrit un petit livre en français, intitulé Aglossostomographie]. {b}


    1. Commentaire de ce propos de Vesling :

      Est autem Lingua sermonis promptuarium, cibique deglutiendi ac stomacho præparandi adminiculum.

      [Mais la Langue est le magasin de la parole, et l’assistant qui aide à déglutir la nourriture et à la préparer pour l’estomac].

    2. V. supra note [47], pour ce livre et la méprise de Patin sur son auteur véritable.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gerardus Leonardus Blasius, le 28 janvier 1661, note 57.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1187&cln=57

(Consulté le 05/10/2024)

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