À Charles Spon, le 5 juillet 1658, note 9.
Note [9]

« Annales de Volusius, papier couvert de merde ! Plein de rusticité et de grossièreté, qu’il soit pris pour un éloge parfaitement vil et tout bonnement digne d’être exposé au beau milieu du carrefour où se vendent l’encens, les parfums, le poivre et tout ce qu’on enveloppe dans de ridicules paperasses ; mais laissons là ce contempteur, {a} il ne mérite que notre mépris. Que ce vaurien s’occupe donc de ses affaires et s’en aille à tous les diables ; qu’enchaîné on l’envoie à Ilerda ; qu’on en fasse un cornet pour emballer le poivre et l’encens afin que les jeunes thons ne manquent pas de toges, ni les olives de manteaux, etc. »


  1. Parabata est un hellénisme dérivé de παραβατης, mot qui dans son sens premier, désigne le guerrier qui se tient à côté du conducteur pour frapper l’ennemi du haut d’un char de guerre.

Samuel Sorbière, avec qui Guy Patin avait apparemment cessé de correspondre depuis 1655, avait rédigé la Vie de Gassendi, qu’on trouve en tête de ses Opera omnia (v. note [20], lettre 528) ; Patin ne décolérait pas à son encontre car il y accusait les médecins d’avoir accablé le philosophe de souffrances, jusqu’à l’avoir tué à force de le faire saigner. Blessé au plus profond de son honneur, Patin tirait sa fumante invective de rien moins que cinq sources latines ; ce sont dans l’ordre :

  1. les vers 1 et 19 du poème xxxvi de Catulle, In Annales Volusii [Contre les Annales de Volusius] (v. note [10], lettre 368), Annales Volusii, cacata carta ! [Annales de Volusius, papier couvert de merde !] et Pleni ruris et inficetiarum [Pleines de rusticité et de grossièreté] ;

  2. deux vers d’Horace (Épîtres, ii, lettre 1, vers 269‑270, v. note [3], lettre 22),

    deferar in vicum vendentem tus et odores
    et piper et quicquid chartis amicitur ineptis
    ,

    [et l’auteur ne s’expose pas au beau milieu du carrefour où se vendent l’encens, les parfums, le poivre et tout ce qu’on enveloppe dans d’ineptes manuscrits] ;

  3. un autre fragment des Épîtres d’Horace (i, lettre 20, vers 13) aut fugies Vticam aut uinctus mitteris Ilerdam [ou tu fuiras à Utica (port proche de Carthage), ou enchaîné, on t’enverra à Ilerda (aujourd’hui Lérida en Espagne)] ;

  4. un vers de Martial (v. note [3], lettre 247) vel turis piperisve sis cucullus [ou que tu deviennes un cornet pour le poivre et l’encens] ;

  5. un autre vers de Martial (v. note [8], lettre 86), Ne toga cordylis et pænula desit olivis [Pour que les jeunes thons ne manquent pas de toges, ni les olives de manteaux].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 juillet 1658, note 9.

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(Consulté le 05/12/2024)

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