[Ms BIU Santé no 2007, fo 169 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine de Francfort. [a][1]
Je vous sais particulièrement gré pour tout ce que vous m’avez fait parvenir par ceux de Genève ; [1][2] je rembourserai à M. Mocquillon [3] le prix que vous m’aurez indiqué ; mais votre lettre ne me dit rien du miroir que vous destiniez à votre épouse, [4] au sujet duquel je vous ai précédemment écrit ; [2] avez-vous changé d’avis ? Si vous me renseignez sur le prix et la taille, ainsi que sur un porteur idoine, je ferai ce que vous voudrez et vous me reconnaîtrez pour votre serviteur. Quant à ces disputations diverses que vous avez reçues d’Helmstedt et d’Iéna, [5][6] si vous n’avez pas une voie sûre et commode pour me les expédier, mettez-les et emballez-les bien dans un solide paquet et envoyez-le à Metz, à M. Du Clos, docteur en médecine à Metz, pour faire tenir à Monsieur Guy Patin, docteur en médecine et professeur du roi, à Paris. Il y a un messager de Francfort à Metz toutes les semaines ; [3][7] ainsi le tout nous parviendra-t-il en toute garantie de sécurité. Si vos compatriotes, Öchs [8] ou Sebastian Switzer, [9] viennent ici cet été, je leur remettrai tout ce que vous ordonnerez en compensation de vos dépenses. Que me laissez-vous espérer ou croire de vos Elogia Boissardi ? [4][10] Mes fils vous envoient leurs compliments, [11][12] et moi aussi, tout comme je salue votre père, [13] cet honorable vieillard, votre très chère épouse, les très distingués Lotich [14] et Johann Daniel Horst, [15] et nos autres amis. On attend ici un certain légat du pape : [16] Dieu fasse qu’il chasse tous les Turcs par-delà le mont Imaüs, [17][18] unde malum pedem olim attulerunt, [5][19] ces Ottomans qui sont les perturbateurs de notre siècle, acolytes méprisables et sectateurs insensés de Mahomet, vaurien parfaitement impie et pseudo-prophète impur. [20] Mais en voilà assez. Vive et vale, et aimez-moi.
Vôtre pour toujours, Guy Patin.
De Paris, ce vendredi 16e de mai 1664.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Sebastian Scheffer, ms BIU Santé no 2007, fo 169 vo.
Les frères de Tournes, libraires de Genève, que Sebastian Scheffer avait vus à la dernière foire printanière de Francfort (v. note [12], lettre 9).
Post-scriptum de la lettre datée du 6 mars 1664 : ce futile achat de miroir allait traîner un an entier, jusqu’à exaspérer Guy Patin qui finit par envoyer paître (« traiter avec mépris et indignité », Furetière) Sebastian Scheffer le 6 mars 1665
L’italique est en français dans le manuscrit.
V. note [9], lettre latine 228, pour la Bibliotheca chalcographica [Bibliothèque gravée], qui était une mise à jour, alors en cours à Francfort et Heidelberg, des « Éloges de Boissard » avec leurs portraits, où Guy Patin rêvait en vain de figurer.
Ms BIU Santé no 2007, fo 169 vo.
Cl. viro Seb. Scheffero, Medicinæ Doctori, Francofurtum.
Pro singulis illis quæ per Genevam ad me misisti, gratias ago singula-
res : quale indicaveris reponsum pretium refundam D. Moquillon : sed nihil in Epistola
tua video de Speculo quod Uxori tuæ destinabas, de quo antehac scripsi : an
mutasti sententiam ? si indicaveris de pretio et magnitudine, ut et de idoneo
vectore, faciam quod volueris, et probabis obsequium meum. Quod spectat ad
varias illas Disputationes quas ab Helmestadio et Iena accepisti mihi mittendas,
nisi certam viam habeas quæ Tibi arrideat, bene inclusas et compactas fasciculo
forti, mitte Metas, à Mets, à M. du Clos, Docteur en Medecine à Mets, pour
faire tenir à Monsieur Guy Patin, Docteur en Med. et Professeur du Roy, à Paris.
Il y a un Messager de Francfort à Mets, toutes les sepmaines : sic tuto et securè
totum illud ad nos perveniet. Si ad nos veniant hac æstate vester Ochsius aut
Seb. Switzer, reddam illis quidquid jusseris pro tuis impensis. Quid vis ut sperem
aut credam de tuis Elogijs Boisardi ? Filij mei Te salutant : Ego Te, venerandum
Senem Parentem tuum, carissimam uxorem, Cl. viros, Lotichium et Io. Danielem
Horstium, et alios amicos. Hîc expectatur purpuratus quidam Legatus Papæ :
qui utinam Turcas omnes repellat ultra montem Imaum, unde malum pedem olim
attulerunt, incommoda nostri sæculi, Ottomanidæ, impijssimi nebulonis et impuri
pseudo-prophetæ Mahometi asseclæ nequissimi et stultissimi sectatores. Verùm
satis est : Vive, vale, et me ama. Tuus in æternum, Guido Patin.
Paris. die Ven. 16. Maij, 1664.