L. latine 399.  >
À Thomas Bartholin,
le 9 avril 1666

[Ms BIU Santé no 2007, fo 207 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Thomas Bartholin, à Copenhague.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vis et me porte bien, pensant souvent à vous. Loué soit Dieu tout-puissant si vous aussi êtes en bonne santé, comme j’espère, avec toute votre famille, enfants et frères, [1][2][3][4] ainsi que nos autres amis de chez vous. Nous avons ici l’un de vos grands nobles, qui fut jadis votre ambassadeur, M. Hannibal Sehested, [5] excellent homme certes, mais mélancolique : il souffre d’une ardeur excessive des viscères, non sans grande inquiétude d’esprit, {avec délire sans fièvre} avec insomnies, [6] etc. ; j’espère pourtant qu’il se rétablira et pourra rentrer chez vous. [2] Comment M. Simon Paulli et son fils se portent-ils ? [7][8] Saluez-les tous deux de ma part, si vous voulez bien, et qu’ils soient sûrs que je vis sans être oublieux ni ingrat à leur égard. Comment va ce savant homme, nommé M. Lodberg, [9] remarquable et éminent personnage qui, voici quatre ans, faisait l’éphore [10] auprès de M. Rosenkrantz ? [3][11] Qu’écrivez-vous pour l’avantage du public ? Jean Piètre est ici mort, [12] en sa 56e année d’âge. Nous n’avons rien de nouveau en librairie ; l’un des nôtres, le très érudit M. François Blondel, [13] écrit quelque chose contre l’antimoine ; [14] je vous enverrai cela, dès sa parution. [4] Vive et vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 9e d’avril 1666.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Thomas Bartholin, ms BIU Santé no 2007, fo 207 vo.

1.

V. notes [2], lettre latine 23, pour Else Magdalene Hansen, épouse de Thomas Bartholin, et [17], lettre 236, pour son plus jeune frère, Érasme. Leur aîné, Jacobus Caspar, était mort en 1653 (v. note [8], lettre 357).

L’un des nombreux enfants de Thomas, Caspar ii Bartholin (1655-1738) acquit une célébrité d’anatomiste ; son nom a été attaché aux glandes sécrétrices principales de la vulve et à un canal salivaire sublingual. Éloy mentionne un autre fils médecin de Thomas, de même prénom que lui, mais qui n’a pas laissé de trace dans les bibliographies.

2.

Selon les lettres contenues dans notre édition, Guy Patin n’avait plus écrit à Thomas Bartholin depuis le 10 décembre 1664. Trahissant la vive inquiétude de Patin, le principal objet de sa lettre était de prévenir Bartholin, à Copenhague, de la grave maladie qui affligeait Hannibal Sehested (v. note [2], lettre latine 395) ; éminent homme politique danois, il menait alors des négociations diplomatiques à Paris pour favoriser la paix entre la France et le Royaume-Uni.

Dans la description de son patient, Patin a écrit « mélancolique » en grec (mélagcholicotatos) et a rayé les quatre mots que j’ai conservés entre accolades dans ma traduction.

3.

V. note [7], lettre latine 292, pour l’admiration que Guy Patin portait à Christen Lodberg.

4.

V. note [4], lettre 868, pour l’épais manuscrit, resté inédit, des leçons contre l’antimoine de François Blondel, qui fut le dernier et le plus obstiné des adversaires parisiens du médicament.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 207 vo.

Cl. viro D. Thomæ Bartholino, Hafniam.

Vivo et valeo, sæpe tTui memor, Vir Cl. si Tu quoque vales, ut opto, laus
sit Deo Opt. Max. cum tota familia, liberis et fratribus, et alijs amicis. Habemus
hîc unum ex vestris Magnatibus, Legatum olim vestrum, D. Annib. Seestedt,
virum quidem optimum, sed μελαγχολικοτατον : immodico viscerum fervore laborat,
non sine anxietate mentis nimia, cum delirio sine febre, et cum vigilijs, etc. spero tamen eum
convaliturum, et ad vos reversurum. Quî valent D. Simon Paulli, et ejus Filius ? utrumq.
saluto, si placet, ut sciant me vivere memorem, nec ingratum. Quî se habet vir quidam
eruditus, dictus D. Lodberg, vir optimus, ac eximius, qui hîc ante 4. annos, agebat
Ephorum apud D. de Rosecrants. Tu quid agis pro bono Reipublicæ ? Ioannes
Pietreus hîc obijt, anno æt. 56. et ille doctissimus. In re literaria nihil habemus
novi : quidam è nostris Franc. Blondel, vir eruditissimus, scribit aliquid
contra Antimonium : quod ubi typis mandatum fuerit, statim ad Te mittam.
Vive, vale, ac me ama, Vir Cl. Parisijs, 9. Aprilis, 1666.

Tuus ex animo, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Thomas Bartholin, le 9 avril 1666

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1433

(Consulté le 25/04/2024)

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