L. latine 423.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 24 mars 1667

[Ms BIU Santé no 2007, fo 214 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, docteur en médecine à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous écris celle-ci afin que d’heureux auspices puissent accompagner la lettre que mon fils aîné, Robert Patin, [2] vous envoie, et de vous rassurer sur l’état présent de nos affaires. [1] Par la singulière bienveillance de Dieu, je suis en vie et en bonne santé, approchant l’âge de 66 ans ; tous les miens se portent bien aussi. Il y a trois jours, nous avons mis en terre un de nos collègues, le très savant Antoine Charpentier, [3] petit-fils de Jacques Charpentier, [4] jadis fameux professeur de philosophie péripatéticienne en l’Université de Paris, [5] puis docteur et doyen de la Faculté de médecine il y a cent ans, au temps de Pierre Ramus. [6] Il est ici mort {frénétique} d’une fièvre hectique, [7] âgé de 74 ans. [2] Toutes les rumeurs sur la paix ou la future guerre avec les Anglais sont tout à fait incertaines, [8] et tout ce qu’on dit sur la mort du pontife romain est fort douteux. [9] Il n’y a rien d’assuré sur la guerre aux Pays-Bas espagnols contre l’empereur, [10][11] et peut-être n’y en aura-t-il pas. [3] Il n’y a rien de nouveau en librairie car nos imprimeurs sont excessivement engourdis. [12] Vale et aimez-moi.

De Paris, le 24e de mars 1667.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Christiaen Utenbogard, ms BIU Santé no 2007, fo 214 vo.

1.

Dans notre édition, la précédente lettre de Guy Patin à Christiaen Utenbogard était datée du 25 septembre 1665.

2.

V. notes [7] et [8], lettre 264, pour la farouche rivalité entre Ramus (Pierre de La Ramée) et Jacques Charpentier (v. note [51], lettre 97), grand-père d’Antoine ii Charpentier, qu’une fièvre hectique (v. note [8], lettre 98) venait d’emporter. Dans la relation de ce mal fatal, Guy Patin a rayé le mot phreneticus, frénétique (en délire), mis entre accolades dans la traduction.

3.

Ces deux grands événements politiques de 1667 ont été :

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 214 vo.

Cl. viro D. Christiano Utenbogardo, Med. Doctori, Ultrajectum.

Præsentes ad Te scribo, Vir Cl. ut Epistolam Filij mei natu majoris, Rob. Patini
faustis avibus possint comitari, déq. rerum nostrarum statu certior fias. Vivo sanus
et incolumis, singulari Dei beneficio, annum agens ætatis prope 66. sic quoque valent
omnes mei. A triduo condidimus terra unum è nostris Collegis, virum doctissimum, Anton.
Carpentarium, Iac. Carpentarij, famosi olim in Acad. Paris. Peripateticæ Philosophiæ
Professoris, et postea Medicinæ Doctoris, Scholæq. Medicæ Decani ante annos centum,
tempore Petri Rami, nepotem, qui hîc obijt phreniticus ex febre marasmode, anno æt. 74.
De pace cum Anglis, aut futuro bello, rumores omnes sunt valde incerti : ut et de obitu
Romani Pontificis, quæcumque dicitur omnia sunt valde dubia. De bello in Belgio
Hispanico adv. Cæsarem, nihil est certum, et forsan nullum erit. In re libraria nihil est
novi : frigent enim supramodum nostri Typographi. Vale, et me ama. Parisijs, 24.
Martij, 1667.

Tuus ex animo, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 24 mars 1667

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1457

(Consulté le 26/04/2024)

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