À Claude II Belin, le 4 septembre 1641

Note [4]

Il subsiste un court segment de la rue Saint-Victor dans le ve arrondissement de Paris, sur la rive gauche de la Seine. Elle allait jadis de la place Maubert à la porte Saint-Victor (actuel carrefour des rues des Écoles et du Cardinal-Lemoine), puis elle cheminait dans le faubourg Saint-Victor, longeant l’abbaye Saint-Victor (v. note [2], lettre 877) pour aboutir au Jardin des Plantes, alors Jardin royal des Plantes médicinales, et se terminer à la Croix Clamart (actuel croisement des rues du Fer-à-Moulin et Geoffroy-Saint-Hilaire).

Fondé par Louis xiii en 1635 sous l’impulsion de Jean ii Riolan (dès 1618, v. note [7], lettre 51) et de Guy de La Brosse, son premier intendant, le Jardin du roi était placé sous la tutelle du surintendant qui était par principe le premier médecin du roi (alors Charles i Bouvard). Il avait succédé au Jardin royal des plantes médicinales, dont Jean Héroard (v. note [30], lettre 117) avait été nommé intendant en 1625 (v. notule {e}, note [19], lettre 128).

C’était à la fois un jardin botanique et un lieu de recherche et de formation, voué à ce qu’on appelle aujourd’hui les sciences de la vie. L’enseignement, indépendant et concurrent de celui de la Faculté de médecine, y était réparti entre trois chaires : botanique, chimie et anatomie. Chacune était double : principale, occupée par un professeur, et secondaire, occupée par un démonstrateur. Les étudiants en médecine fréquentaient assidûment le Jardin royal pour y suivre des cours complémentaires de ceux des Écoles de la rue de la Bûcherie, c’est-à-dire plus progressistes et moins dogmatiques. Cette rivalité ne manqua pas de créer quelques différends entre les deux institutions, mais Guy Patin n’en a guère parlé dans ses lettres.

En janvier 2021, Frédéric Blanchard, érudit agronome et botaniste de Guyane avec qui je corresponds régulièrement (v. notule {f}, note [33] de la Leçon sur le Laudanum et l’opium), a très pertinemment attiré mon attention sur la précieuse Liste des étudiants à la connaissance des plantes au Jardin royal de Paris, et aux opérations de la médecine, qui s’y font l’an 1641, figurant aux pages 1‑8 du Catalogue… de Guy de La Brosse (Paris, 1641, v. supra note [3] pour celle de 1636) : on y recense 225 auditeurs, dont 204 médecins (principalement étudiants), 8 chimistes, 7 chirurgiens et 6 pharmaciens. Les médecins venaient de toute la France, avec quelques Allemands et Anglais. Il est impossible de savoir combien étaient inscrits à la Faculté de médecine de Paris, mais l’effectif annuel de leurs promotions cumulées dépassait certainement la centaine. Cette estimation très grossière est la seule source fiable que j’aie trouvée sur l’effectif plausible d’une promotion des philiatres parisiens, ce qui vaut à F. Blanchard ma plus profonde gratitude.

V. note [2] de Thomas Diafoirus et sa thèse, pour la fondation des Écoles d’anatomie du Jardin royal en 1672, placées sous la direction du chirurgien Pierre Dionis.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 4 septembre 1641, note 4.

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(Consulté le 25/04/2024)

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