À Charles Spon, le 17 octobre 1653, note 1.
Note [1]

« Dieu fasse que ce qu’on rapporte de sa mort soit faux. »

Claude Saumaise était parti en juillet aux eaux de Spa pour soigner sa femme, Anne Mercier (v. note [5], lettre 95), et composait pendant ses loisirs la réfutation du plaidoyer de John Milton en faveur de la République de Cromwell (v. note [14], lettre 293). Gravement malade, il eut à supporter d’excessives purgations qui augmentèrent son mal et le menèrent à la mort.

L’abbé Papillon (tome second, page 254) :

« Il y avait déjà longtemps que sa santé était extrêmement dérangée par de longues et de fréquentes attaques de goutte. Mais ses incommodités redoublèrent depuis son voyage de Suède ; en sorte que sa femme ayant résolu d’aller prendre les eaux de Spa, pourquelques indispositions, il se persuada qu’elles lui faire aussi du bien. En effet, il parut s’en trouver mieux les premiers jours qu’il en usa ; mais une fièvre légère qui lui survint l’obligea de se mettre au lit ; et le mal augmentant, il sentit qu’il approchait de sa fin et se prépara sérieusement à la mort. Il y fut assisté par David Stuard, professeur en théologie et calviniste. On peut bien juger que Stuard ne manqua pas de le confirmer dans les principes de religion dans lesquels il avait été nourri. On dit même qu’il tira de lui une profession de foi conforme à sa créance. Quoi qu’il en soit, ce savant homme mourut le 3 septembre 1653 et fut enterré sans cérémonie et sans épitaphe dans l’église de Saint-Jean à Maastricht. » {a}


  1. Adolf Vorst prononça son oraison funèbre.

Claudii Salmasii Epistolarum liber primus [Premier livre des lettres de Claude i Saumaise] (Leyde, 1656, v. note [12], lettre 392), De Laudibus et Vita Cl. Salmasii [Louanges et vie de Cl. Saumaise], page liv :

Tum ut officium veri Christiani quantum in se esset omni ex parte impleret, iniunxit Uxori ut quæ habebat domi Scripta iam confecta, et seposita in quadam arca, adversus Maximos viros dudum prælo parata, omnia ac singula flammis traderet : ne, si forte in aliorum manus devenirent, in publicum erumperent, et magnorum Virorum Famam perderent : cum iis gravissimos eorum errores confutasset.

[Alors, pour remplir entièrement le devoir d’un vrai chrétien, qui l’emplissait de toute part, il ordonna à sa femme de livrer aux flammes tout ce qu’il avait jamais écrit contre de grands hommes, qui était prêt à être imprimé et qu’il gardait chez lui dans un coffre ; de manière que si ces textes tombaient par hasard entre des mains étrangères, il ne fussent pas rendus publics et ne perdissent pas la bonne réputation de grands hommes dont ils dénonçaient les très lourdes erreurs].

L’abbé Papillon (ibid. pages 254‑255) :

« On assure que peu de jours avant sa mort, il fit promettre à sa femme par serment qu’elle jetterait au feu tous les papiers qui étaient en une certaine armoire qu’il avait à Leyde et où étaient les écrits qu’il avait préparés contre différents adversaires. Elle exécuta, dit-on, très ponctuellement cet ordre, et en fut même fort réprimandée par la reine Christine dans une lettre qu’elle écrivit sur la mort de son mari, et que j’ai vue en original […]. Cependant, les enfants sauvèrent du naufrage plusieurs ouvrages, dont la plupart ont vu le jour dans la suite, et dans lesquels, quoique l’auteur n’y eût pas mis la dernière main, on ne laisse pas de reconnaître son rare savoir. »

La reine Christine prit en charge l’avenir de son deuxième fils, Claude ii, sieur de Saint-Loup, le seul que son père avait fait sérieusement étudier. Il fit imprimer en 1660 la réponse de son père à Milton, qui avait échappé au feu (v. note [1], lettre 642).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 octobre 1653, note 1.

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(Consulté le 12/12/2024)

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