À André Falconet, le 29 avril 1667, note 2.
Note [2]

Théophile Bonet (Genève 1620-ibid. 1689) a très amplement mérité cet hommage appuyé de Guy Patin. Après avoir parcouru les universités d’Europe, il s’était fait recevoir docteur en médecine en 1643. Pratiquant avec grand succès à Genève, il devint médecin du duc de Longueville. Frappé de surdité, il se confina dans son cabinet et après plus de 40 ans de pratique et de recherches, il publia des ouvrages qui enrichirent considérablement l’anatomie pathologique, alors naissante. Inspiré par l’œuvre de Guillaume de Baillou (Ballonius, v. note [1], lettre 935), il comprit la rude mais véritable marche à suivre pour trouver le siège et la nature des affections humaines : observer les symptômes, recherchre leurs causes et disséquer les cadavres pour découvrir les traces que les maladies laissent dans les organes. Bonet ouvrit la voie dans laquelle le grand Giambattista Morgagni (Forli 1682-Padoue 1771), le fondateur de l’anatomie pathologique moderne, l’a suivi avec tant de succès (S. in Panckoucke).

Outre le Pharos Medicorum [Phare des médecins], tiré des œuvres de Baillou, {a} ses deux ouvrages majeurs ont été :

  1. Prodromus Anatomiæ Practicæ sive de abditis morborum causis, ex cadaverum dissectione revelatis, libri primi, pars prima, de Doloribus capitis ex illius apertione manifestis. Opera Theophili Bonet, Genev. Serenissimi Principis de Longueville Medici,

    [Introduction à l’Anatomie pratique, ou des causes cachées des maladies révélées par la dissection des cadavres, première partie du premier livre sur les douleurs de la tête, révélées par son ouverture. Ouvrage de Théophile Bonet, natif de Genève, médecin du sérénissime prince de Longueville] ; {b}

  2. Theophili Boneti D. Med. nec non Serenissimo quondam Principis Henrico ab Aurelia, Longavillæ Duci, etc. a Consiliis Medicis, Sepulchretum sive Anatomia practica, ex cadaveribus morbo denatis proponens historias et observationes omnium pene humani Corporis affectuum, ipsorumque Causas reconditas revelans. Quo Nomine tam Pathologiæ Genuinæ, quam Nosocomiæ Orthodoxæ fundatrix, imo Medicinæ Veteræ ac Novæ Promptuarium dici meretur. Cum Indicibus necessariis. Opus omnium Medicinæ et Anatomiæ cultorum votis hactenus expetitum summoque labore decerptum ac congestum. Tomus Primus. Affectus capitis et pectoris continens.

    Tomus Secundus. Continens affectus imi Ventris, et reliqui corporis

    . [Le Sépulcre de Théophile Bonet, docteur en médecine, jadis l’un des conseillers médecins du prince Henri ii d’Orléans, duc de Longueville, etc., {c} ou l’Anatomie pratique tirée des cadavres morts de maladie, présentant des histoires et observations de presque toutes les affections du corps humain, et dévoilant leurs causes cachées. À ce titre, elle mériterait d’être appelée le Fondement de la Pathologie authentique, aussi bien que de l’Hôpital orthodoxe, et même le Magasin de l’ancienne et de la nouvelle médecine. Avec les index nécessaires. Ouvrage que tous ceux qui cultivent la médecine et l’anatomie on jusqu’ici espéré de leurs vœux, et qu’un immense travail a assemblé et recueilli. Tome premier contenant les affections de la tête et du thorax. {d}

    Tome second, contenant les affections de l’abdomen et du reste du corps]. {e}


    1. Genève, 1668, et Paris, 1673, v. note [1], lettre 935

    2. Genève, Franciscus Miegh, 1675, in‑4o de 128 pages, dédié à Thomas Bartholin. La suite est splendidement développée dans l’ouvrage référencé infra (que Patin n’eut pas le bonheur de lire).

    3. Mort en 1663, v. note [22], lettre 39.

    4. Genève, Meonardus Chouët, 1689, in‑fo de 720 pages, avec un portrait de l’auteur.

    5. Ibid. et ibid. 1679, in‑fo de 986 pages.

      Ce monument de la médecine a été réédité à Lyon, Cramer et Perachon, 1700, en 3 volumes in‑fo, avec des additions et des corrections de Jean-Jacques Manget.


De ce second livre, Éloy a écrit :

« Cet ouvrage est peut-être la meilleure production des écrivains en médecine du xviie s., {a} et la plus propre à instruire ceux qui se consacrent à l’art de guérir des indispositions auxquelles le corps humain est sujet. Haller, {b} ce bon connaisseur des livres utiles, a dit hautement qu’il n’en est point qui mérite plus d’être perfectionné et continué que celui-là. La lumière, ajoute-t-il, qu’il répand sur le siège et les causes des maladies est bien plus frappante que celle qu’on peut tirer de tout ce qu’on a imaginé de théories jusqu’à présent. […] Le célèbre Morgagni a intimement éclairci l’ouvrage de Bonet, qu’il a en quelque sorte refondu dans le sien et qu’il a augmenté par les remarques intéressantes qui lui sont propres. »


  1. J’y ajoute sans hésitation les quatre autres qui ont révolutionné la médecine :

    1. l’Exercitatio anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in animalibus [Essai anatomique sur le mouvement du cœur et du sang chez les animaux] de William Harvey (Francfort, 1628, v. note [12], lettre 177) ;

    2. les Experimenta nova anatomica [Expériences anatomiques nouvelles] de Jean Pecquet sur le chyle (Paris, 1651, v. note [15], lettre 280) ;

    3. les Observationes anatomicæ [Observations anatomiques] de Johann Jakob Wepfer sur l’apoplexie (Schaffhouse, 1658, v. note [3], lettre 610) ;

    4. la seconde lettre de Pulmonibus [sur les Poumons] de Marcello Malpighi (Bologne, 1661, v. note [19] de Thomas Diafoirus et sa thèse).

  2. Albrecht von Haller (Berne 1708-ibid. 1777), l’un des grands médecins germaniques du xviiie s.

Dans les Monitoria et hortatoria clarissimorum virorum [Avertissements et recommandations d’hommes très brillants] de l’édition lyonnaise du Sepulchretum (1679), se remarquent les lettres :

Les noms de Spon, des deux Falconet et de Guy Patin figurent dans le long Index eorum qui hoc in opere adducuntur [Index (sans renvois aux numéros de page) de ceux dont les contributions sont citées dans cet ouvrage].

Bonet avait épousé Jeanne Spanheim, fille du théologien genevois Friedrich i Spanheim (v. note [11], lettre 16). Les biographies et les génalogies leur attribuent un fils né avant 1667, prénommé Frédéric, mais il n’était alors âgé que de 15 ans. Peut-être Guy Patin voulait-il parler d’un neveu de Théophile, car son frère aîné, Jean Bonet (1615-1688), médecin de Genève, avait deux fils, prénommés André (né vers 1636) et Jean-Antoine (vers 1639), qui exercèrent la même profession que leur père (Éloy).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 29 avril 1667, note 2.

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(Consulté le 13/10/2024)

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