À Johann Daniel Horst, le 16 juin 1661, note 2.
Note [2]

Dénigrement ridicule de l’impeccable et authentique observation de grossesse extra-utérine qui se lit dans le livre ii de l’Anthropographie de Jean ii Riolan publiée en 1649 (Opera anatomica vetera, v. note [25], lettre 146), chapitre xxxv (Partium genitalium mulieris Enarratio [Description des parties génitales des femmes]), page 180 :

Sed recens habemus exemplum de lotrice linteorum Cubiculi Reginæ, ab aliquot annis, in eius corpore inventus Fœtus pollicis longitudine, et crassitie bene conformatus, intra Uteri cornua locatus, qui dolores adeo crudeles per quatuor menses excitavit, ut tandem vitam cum morte commutarit, mense graviditatis septimo. Id rescivi ab eruditissimis Doctoribus Parisiensibus, qui apertioni cadaveris interfuere, D.D. Petro Seguino Scholæ nostræ seniore, Primario Reginæ Medico, et P. Yvelin Medico ordinario Regis et Reginæ. Dum hæc excuderentur, rogatus D. Yvelin historiam a se descriptam mihi dedit, et fœtum quem adhuc servat, ostendit. Anno salutis 1638. die 8. mensis Maij. Ista lotrix diluculo violentis convulsionibus tentatur et distorquetur, accersitus D. Yvelin accessit, imperatque venæ sectionem, ne ex illa violenta distensione vas aliquod effringeretur in isto copore plethorico. Venæ sectio dilata fuit in adventum Primarii Medici Seguini, inter moras expiravit. Apertum fuit cadaver iussu D. Yvelin, discisso abdomine statim effluxit magna copia sanguinis effusi in capacitem, per spongiam exhausto sanguine perquirit partes genitales, in conspectum venit Tuba Uteri supra modum tumefacta in sinistro latere, eaque aperta deprehensus fœtus bene conformatus, plusquam bimestri, involucro carneo obvolutus, quod secundinam referebat. Istud prodigium Reginæ, totique aulæ Regiæ demonstravit.

[Il y a quelques années, nous en avons pourtant eu un nouvel exemple chez une blanchisseuse de la Chambre de la reine : on lui a trouvé dans le corps un fœtus long d’un pouce et bien conformé pour sa taille, placé dans la trompe de l’utérus ; pendant quatre mois, elle avait enduré de si cruelles douleurs qu’elle passa de vie à trépas au septième mois d’une grossesse. Cela m’a été relaté par deux très savants docteurs de Paris, MM. Pierre Seguin, premier médecin de la reine et ancien de notre Faculté, et P. Yvelin, médecin ordinaire du roi et de la reine, {a} qui ont assisté à l’ouverture du cadavre. Au moment où je préparais ce livre à l’impression, j’ai prié M. Yvelin de me donner sa relation de l’histoire et de me montrer le fœtus qu’il conserve encore. {b} Ayant été appelé, M. Yvelin vint le 8e de mai 1638 tôt le matin au chevet de cette lingère qui était attaquée et tourmentée de violentes convulsions ; il prescrivit une saignée pour éviter que quelque vaisseau ne rompît en ce corps pléthorique. La phlébotomie fut reportée jusqu’à l’arrivée de Seguin, premier médecin, et la patiente mourut dans l’intervalle. M. Yvelin ordonna qu’on ouvrît le cadavre. Dès l’incision de l’abdomen, s’écoula une grande quantité de sang épanché dans la cavité ; l’ayant épongée, on chercha les parties génitales pour trouver que la trompe gauche de l’utérus était extrêmement tuméfiée ; {c} à son ouverture, on trouva un fœtus de plus de deux mois, bien conformé, emballé dans une enveloppe charnue qui ressemblait à un placenta. On a montré ce prodige à la reine et à toute la cour]. {d}


  1. V. notes [12], lettre 5, pour Pierre i Seguin, et [11], lettre 97, pour Pierre Yvelin.

  2. Probablement dans un mélange de saumure et d’eau-de-vie (v. supra notule {h}, note [1]).

  3. Grossesse dite tubaire, où l’œuf se niche dans une des deux trompes de Fallope (tube reliant le corps utérin à l’ovaire), au lieu de descendre dans la cavité utérine. La croissance de l’embryon provoque la rupture de la trompe avec hémorragie souvent mortelle si une intervention ne la tarit pas promptement (v. note [9], lettre 662).

  4. Le commentaire de Guy Patin dans sa lettre donne la juste mesure de sa mauvaise foi.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 16 juin 1661, note 2.

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(Consulté le 26/04/2024)

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