Note [20] | |
Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 220, mardi 8 février 1650) :
En août 1648, tandis que débutait la première Fronde, les quatre capitaines des gardes qui servaient alternativement par quartier, étaient René Potier, comte de Tresmes, Louis de Béthune, comte de Charost, François de Rochechouart, marquis de Chandenier, et Antoine d’Aumont, marquis de Villequier. Mme de Motteville (Mémoires, page 184) a relaté l’échauffourée survenue le 15, « fête de Notre-Dame d’août » : le roi, accompagné du cardinal Mazarin, était allé entendre les vêpres aux Feuillants, escorté de ses gardes, placés sous les ordres de Léon Potier, marquis de Gesvres, à qui son père, le comte de Tresmes, avait confié son bâton de capitaine alors en quartier ; les archers du grand prévôt de l’Hôtel, contre tout usage, avaient pénétré dans le cloître des Feuillants, au lieu de se tenir dehors pour assurer le calme du voisinage ; le marquis de Gesvres, sans en avoir référé au cardinal, avait entrepris de les faire chasser violemment, déclenchant une altercation où un garde du prévôt avait été tué et l’autre blessé.
Le comte de Tresmes avait protesté contre ce mauvais traitement et convaincu Charost de refuser l’ordre qu’on lui donnait. La reine furieuse avait alors commandé à Chandenier, troisième des capitaines des gardes, alors présent à Paris, de prendre le bâton ; ce qu’il avait refusé par solidarité avec ses deux collègues. Les trois capitaines désobéissants avaient été chassés de la cour et leurs charges immédiatement confiées à d’autres : celle de Tresmes à M. d’Hocquincourt, celle de Charost au marquis de Jarzé, et celle de Chandenier au comte de Noailles. Cette triple disgrâce avait vivement ému la noblesse, mais donné un bon prétexte au cardinal pour se débarrasser en sous-main de trois anciens Importants (v. note [15], lettre 93), dont le parti, mené par le duc de Beaufort, s’apprêtait à renaître en frondant. René Potier (1579-Paris 1er février 1670), comte puis duc de Tresmes, était le cousin germain de Nicolas ii Potier d’Ocquerre (v. note [7], lettre 686) : leurs pères respectifs, Louis et Nicolas i (v. note [51] du Borboniana 6 manuscrit), étaient fils de Jean Potier, conseiller au Parlement de Paris. René, conseiller d’État (1629) puis capitaine des gardes du roi, lieutenant général au gouvernement de Châlons, avait fait ériger sa terre de Tresmes en comté (1608) puis en duché-pairie (1648), mais on l’appelait encore comte de Tresmes car il n’était alors que duc à brevet : le Parlement n’enregistra les lettres d’érection de son duché-pairie qu’en 1663. Après la mort de René, le nom de ce duché fut commué en celui de Gesvres. Tallemant des Réaux (Historiettes, tome ii, page 169) rapporte que Françoise Scarron, la sœur du poète, fut la maîtresse de René Potier dont elle eut trois enfants. De son mariage en 1607 avec Marguerite de Luxembourg (morte en 1645), le duc de Tresmes avait eu trois fils légitimes : Louis, marquis de Gesvres, tué au siège de Thionville (en 1645, v. note [2], lettre 89), François, tué devant Lérida (1647), et Léon, mentionné plus loin dans les lettres (v. note [5], lettre 961). Louis de Béthune, comte de Charost (1605-1681) était le second fils de Philippe de Béthune (v. note [13], lettre 128) et donc le neveu de Sully, le ministre de Henri iv. Capitaine des gardes du roi, il avait accompagné Louis xiii à Perpignan en 1642 et avait été chargé d’arrêter Cinq-Mars à Narbonne. Lieutenant général en 1650, il devint duc de Béthune-Charost en 1672. François de Rochechouart, marquis de Chandenier (1611-1696) avait été nommé capitaine des gardes du corps du roi en 1635. Fort apprécié de la reine, il haïssait Mazarin qui le lui rendait bien. Des trois capitaines répudiés en 1648, il eut le sort le moins heureux : revenu en charge, il intrigua auprès du cardinal de Retz, son ancien camarade de collège, et fut de nouveau et définitivement disgracié en février 1651. Il vécut en prison puis en exil à Loches avant de revenir à Paris en 1677, ayant enfin accepté la démission de la charge que Mazarin lui avait confisquée sans lui en payer le montant (Saint-Simon, Mémoires, tome i, pages 304‑306). |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 4 février 1650, note 20.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0216&cln=20 (Consulté le 13/12/2024) |