Note [22] | |
Les chirurgiens formaient alors un corps de praticiens tout à fait distinct des médecins. Les lettres de Guy Patin sont emplies des querelles qui opposaient les deux professions. Il y avait deux sortes de chirurgiens : les chirurgiens « tout court », ou chirurgiens de robe longue (et, à Paris, chirurgiens de Saint-Côme) formaient la catégorie supérieure, et les chirurgiens-barbiers (v. supra note [1]), la catégorie inférieure. Les médecins méprisaient les chirurgiens, qui méprisaient les barbiers ; et la haine était généralement la rançon du mépris. Toutefois, les médecins avaient besoin des uns comme des autres. En pansant, tranchant ou brûlant, les chirurgiens soignaient la « pathologie externe » (plaies, fractures, maladies de la peau et des yeux). Il leur arrivait aussi d’évacuer les liquides épanchés dans la plèvre ou dans le péritoine. Les lithotomistes étaient spécialistes exclusifs de la taille vésicale (v. note [11], lettre 33). À la Faculté de médecine (qui ne délivrait aucun diplôme de chirurgie), les dissections anatomiques étaient accomplies par un chirurgien opérateur placé sous les ordres d’un médecin, dit régent d’anatomie (v. note [10], lettre 8), qui, du haut de sa chaire, lui disait quoi et comment faire. La confrérie des chirurgiens portait à Paris le nom de Saint-Côme (v. note [1], lettre 591) parce qu’elle s’était établie dans les dépendances de l’église Saint-Côme et Saint-Damien, située à l’angle des rues de la Harpe et des Cordeliers (aujourd’hui boulevard Saint-Michel et rue de l’École de Médecine, dans le vie arrondissement). Les chirurgiens y étaient indépendants de la Faculté de médecine : sans son contrôle, on y enseignait (en français) et on y délivrait des maîtrises qui autorisaient à pratiquer sous l’enseigne des trois boîtes surmontées d’une bannière aux images de saint Côme et saint Damien. Le plus ardent désir de « ceux de Saint-Côme » était d’obtenir les mêmes prérogatives que la Faculté de médecine (« ceux de Saint-Luc »), qui s’acharnait à refuser que ces ignares de chirurgiens pussent, sans même lire le latin, conférer les grades de bachelier et de licencié, donner à leur assemblée le nom de Collège, enfin et surtout, porter la robe et le bonnet.Dans sa Manuductio ad medicinam (1660, v. note [32], lettre 458), Johann Daniel Horst a fort bien résumé (pages 239-242) en quoi consistait l’art chirurgical au xviie s. (et le tout sans anesthésie) :
|
Imprimer cette note |
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 22.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0006&cln=22 (Consulté le 15/09/2024) |