« par le vin et la luxure » : v. note [42] du Patiniana I‑1.
Bayle a longuement disserté sur les débauches et la vie conjugale de Baudius dans l’article qu’il lui a consacré (notes I et K). Sa note L parle de tout le mal que le redoutable Caspar Scioppius {a} a écrit de Baudius :
« Il en dit trop pour mériter d’être cru : le maquerellage le plus infâme et la magie sont les exploits qu’il lui attribue. On ne peut honnêtement mettre en français son latin. Voici donc l’original : {b}
Baudius Parisiis, ubi multis annis in concubinatu summa cum infamia, et velut quadruplatoris filium decebat, vixit non tantum magiæ deditis, incantatoribus, et sortilegis ædes suas aperuit, et concubinæ suæ filiolam ad peragenda nefaria sacra commodavit, Dæmoniumque de thesauris reconditis, inprimisque de Petronio utrum is alicubi integer exstaret, consuluit ; sed etiam amicis quibusdam majorem quandam ingenii divinitatem præferentibus ejusdem concubinæ filium, puerum non inelegantem turpissimus leno prostituit, ut cum postea tumentibus pueri mariscis scelus propalatum iri metueret, quo minus eum veneno contubernales tollerent, minime impedivit, actumque jam de misello puero fuerat nisi unius contubernalium acumine expediti fuissent, anicula, quæ morbo mederi sciret, inventa. Hæc nequaquam a me fingi, neminem paulo humaniorem Parisiis ignorare. {c}
Mais si ces choses étaient si connues à Paris, d’où vient que le premier président donne Baudius à son fils pour secrétaire dans une ambassade ? {d} Scioppius inventa cela, ou l’apprit par des contes mal fondés, et le divulgua pour se venger des injures que Baudius lui avait dites, dès avant même que le Scaliger hypobolymœus {e} eût paru. »
- V. note [14], lettre 79.
- Page 166 des Amphotides Scioppianæ [Oreillettes scioppiennes] (Paris, 1611, v. note [10], lettre 104).
- « Durant de nombreuses années, à Paris, Baudius a vécu en concubinage, dans la plus grande infamie et comme il convenait au fils d’un délateur : {i} non seulement il a ouvert sa maison aux magiciens, aux enchanteurs, aux sorciers, prêté la fillette de sa maîtresse pour célébrer des messes noires, et consulté le démon sur les secrets occultes, en tout premier sur Pétrone, pour savoir s’il en existait quelque part un exemplaire complet ; {ii} mais cet ignoble maquereau a aussi prostitué à certains de ses amis, qui exaltaient la prétendue très grande divinité de son génie, {iii} le fils de ladite concubine, enfant qui ne manquait pas de beauté. Après quoi, les marisques du garçon se mirent à enfler, {iv} et il craignit que son crime ne fût dévoilé car le pauvre petit refusait de plus en plus obstinément que des compères ne répandent en lui leur poison ; alors, pour que la dénonciation d’un de ceux-là n’aille les perdre tous deux, il décida de trouver une vieille bonne femme qui sût remédier à ce mal. {v} Je n’ai en rien inventé cette histoire que connaît tout Parisien tant soit peu instruit. »
- Dans l’ancienne Rome, le mot quadruplator désignait le délateur qui dénonçait un usurier pour obtenir le quart de l’amende qui lui était infligée. Baudius était réputé bâtard, mais Je n’ai pas compris pourquoi Scioppius accusait son père d’être un quadruplator.
- Le Satyricon de Pétrone était et demeure incomplet : v. note [11], lettre 792, pour le fragment découvert en Dalmatie et sa publication en 1664.
- Quelques lignes plus haut, Scioppius avait ironisé sur la divinité du génie que Baudius prétendait avoir pour la poésie.
- Dans le vocabulaire médical, les marisques sont les cicatrices fibreuses des hémorroïdes (v. note [11], lettre 253), mais elles servent ici d’euphémisme pour désigner la marge anale.
- J’ai ici démêlé de mon mieux le latin fort filandreux de Scioppius.
- Pendant son long séjour à Paris (1592-1602), Baudius avait joui de la protection du premier président Achille i de Harlay (v. note [19], lettre 469). Son fils Christophe de Harlay (vers 1570-1615), président au mortier du Parlement, avait engagé Baudius comme secrétaire pour l’accompagner dans son ambassade à Londres en 1602.
- « Scaliger le faussaire » de Scioppius (Mayence, 1607, v. note [10], lettre 104).
|