À Claude II Belin, le 2 janvier 1641, note 4.
Note [4]

Ouvrage anonyme de Claude i Saumaise :

Funus linguæ Hellenisticæ, sive Confutatio Exercitationis de Hellenistis et lingua Hellenistica. Cui libet exequias ire Hellenisticæ, i, licet. Ecce illa iam effertur.

[Funérailles de la langue hellénistique ou réfutation de l’Essai sur les hellénistes et la langue hellénistique. {a} À quiconque souhaite suivre le convoi de l’hellénistique, je dis : vas-y, mais sache que la voilà désormais ensevelie]. {b}


  1. Dans le sillage de ses vingt livres de Sacrarum Exercitationum… [Essais sacrés…] (Leyde, 1639, v. note [16], lettre latine 2), Daniel Heinsius (v. infra) avait défendu l’existence d’une langue hellénistique, dialecte propre aux juifs parlant le grec, avec l’idée que c’était celle du Nouveau Testament et de la Septante (v. notule {b}, note [7], lettre 183). Saumaise niait fermement cette distinction qu’il jugeait philologiquement infondée. Une querelle de pouvoir académique au sein de l’Université de Leyde assaisonnait le débat.

    La philologie moderne a donné tort à Saumaise. Le mélange et les influences littéraires réciproques du grec et de l’hébreu au cours des quelque six siècles précédant le Christ ont donné lieu à de nombreuses recherches ; en est issue la spéculation des furta Græcorum [larcins des Grecs], où les Grecs sont soupçonnés d’avoir puisé dans le Pentateuque (Livres de Moïse) pour alimenter leurs plus grands ouvrages philosophiques (Aristote, Platon) et poétiques (Homère, Hésiode). Certains auteurs chrétiens s’en sont servi pour les exonérer en partie du paganisme qui a mené à les condamner.

  2. Leyde, Ioannes Maire, 1643, in‑8o. La fin (pages 281‑390) est un supplément au Funus, intitulé Ossilegium Hellenisticæ, sive Appendix ad Confutationem Exercitationis Danielis Heinsii de Hellenistica [Ossuaire de l’hellénistique, ou Appendice à la réfutation de l’Essai de Daniel Heinsius sur l’hellénistique].

Daniel Heinsius (Heinse en flamand, Gand 1580-Leyde 23 février 1655), l’élève le plus éminent de Joseph Scaliger, avait été nommé dès 1605, professeur de politique et d’histoire à Leyde. Il joignit plus tard à ces fonctions celles d’administrateur de la bibliothèque et reçut le titre d’historiographe royal. Il fut aussi l’objet des faveurs de Gustave-Adolphe, d’Urbain viii et de la République de Venise. Dans les querelles théologiques entre les arminiens et les gomaristes (v. notes [7], lettre 100, et [33] du Borboniana 7 manuscrit), il se prononça pour les vainqueurs (tenants de la prédestination), fut nommé secrétaire du Synode de Dordrecht (1618-1619, v. note [12], lettre de Chrsitiaen Utenbogard datée du 21 août 1656), eut la faiblesse de désavouer ses liaisons d’amitié avec Grotius, persécuté par le parti triomphant. Il a cultivé les genres littéraires les plus divers, montrant partout du talent et de l’érudition, et avait pour devise Quantum est quod nescimus ! [Que notre ignorance est étendue !] (G.D.U. xixe s. et Michaud).

Daniel Heinsius était le beau-frère de Janus Rutgerius (v. note [18], lettre 201). Nicolas Heinsius, fils de Daniel, a correspondu avec Guy Patin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 2 janvier 1641, note 4.

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(Consulté le 10/12/2024)

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