À Charles Spon, le 28 novembre 1656, note 5.
Note [5]

Ce prieur Iujact (ainsi écrit par Guy Patin et Charles Spon) était un religieux lyonnais dont on trouve une trace dans les Voyages de Balthazar de Monconys (Lyon, 1666, v. note [6], lettre 825), seconde partie, pages 395 (numérotée 387)‑397, en date d’avril 1664, Voyage d’Allemagne (relation d’un long entretien avec un jésuite à Landsberg, en Bavière) :

« Le lui dis que mon frère même, qui ne croyait pas de léger aux révélations, {a} m’avait dit souvent que quand le P. Théophile {b} était fort affligé en Avignon à l’occasion de son livre de Negtiatore Religioso, {c} un carme déchaussé l’étant allé recommander aux prières d’une carmélite qui est en Avignon en odeur de sainteté, sans vouloir le nommer, cette fille lui répondit que celui pour lequel il demandait des prières était un des plus savants de l’Église, et très agréable à Dieu ; mais que pour exercer sa vertu et croître son mérite, Notre Seigneur l’avait voulu mortifier en la chose pour laquelle il avait eu < le > plus de passion, qui étaient ses livres, dont toute la gloire et la récompense lui étaient réservés après la mort, et qu’alors toutes les provinces du monde les rechercheraient avec empressement. Comme je vis qu’il m’écoutait avec un extrême plaisir, j’ajoutai ce que M. le prieur Jugeact de Lyon {d} m’avait appris de la modestie du P. Théophile, laquelle ses adversaires devraient imiter, savoir qu’il avait refusé l’évêché de Genève après la mort du neveu du Bienheureux ; {e} que Dom Félix de Savoie et tout le sénat de Chambéry ayant obtenu le consentement du duc Charles-Emmanuel, {f} le seul P. Théophile s’y opposa et les pressa si fort qu’ils furent contraints de cesser ; ce que ledit prieur m’a assuré savoir de science certaine ; mais qu’il était lui-même témoin d’un acte de la plus héroïque vertu, puisqu’ayant eu ordre de feu M. de Bordeaux {g} et quelques autres de présenter au P. Théophile, lors de ses adversités, des bénéfices et 2 000 livres de rentes avec caution bourgeoise dans Lyon, s’il voulait seulement employer sa plume à écrire en faveur de certaine doctrine, que le P. Théophile répondit à M. Jugeact ces belles paroles, en baisant sa soutane, qu’il aimait mieux mourir dans cet habit que vivre bien à son aise en manquant de fidélité à Dieu à qui il l’avait vouée. »


  1. Gaspard de Monconys, lieutenant général de police à Lyon, v. note [5], lettre 104.

  2. Le R.P. Théophile Raynaud, v. note [8], lettre 71.

  3. Hipparchus, de Religioso negotiatore… [Hipparque, du Religieux marchand…], sous le pseudonyme de René de La Vallée (Francopolis, 1652, v. note [15], lettre 73).

  4. Ainsi orthographié dans le texte de Monconys ; la Gallia Christana ne recense aucun nom approchant dans le diocèse de Lyon. Je reste donc sur ma faim d’en savoir plus.

  5. François de Sales, béatifié en 1661 et canonisé en 1665, avait été prince-évêque de Genève de 1602 à 1622 ; son neveu, Charles-Auguste de Sales, avait occupé ce siège épiscopal de 1645 à sa mort, le 8 février 1660.

  6. Le duc Charles-Emmanuel ii (v. note [10], lettre 354), fils de Madame Royale, a régné sur la Savoie de 1648 à 1675 ; mais on s’égare ici dans la chronologie car celui qu’on nomme ordinairement Dom Félix de Savoie, fils bâtard de Charles-Emmanuel ier (mort en 1630, v. note [10], lettre 45), grand-père de Charles-Emmanuel ii, était mort en 1644.

  7. Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, mort en 1645 (v. note [5], lettre 29).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 28 novembre 1656, note 5.

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(Consulté le 20/04/2024)

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