À Charles Spon, le 21 octobre 1642, note 8.
Note [8]

Théophile Raynaud (Sospelle comté de Nice 1587-Lyon 31 octobre 1663), entré dans la Compagnie de Jésus en 1602, s’était d’abord adonné à l’enseignement en Avignon puis à Lyon. Il était devenu, en 1631, confesseur du prince Maurice de Savoie. Il avait refusé en 1637 l’évêché de Chambéry. Ayant fait des démarches en faveur de son ami le P. Monod, emprisonné à Montmélian (v. note [19], lettre 39), il avait lui-même été jeté en prison par ordre de Richelieu et détenu pendant quelques mois. À plusieurs reprises, le P. Théophile se rendit à Rome, où il professa la théologie en 1647, et finit par se fixer à Lyon (G.D.U. xixe s. et Bayle).

Guy Patin vouait une profonde admiration pour Raynaud : il l’a très souvent cité dans sa correspondance et attendait chacune de ses productions avec curiosité ; il a dit avoir échangé des lettres avec lui (v. note [3], lettre 745), mais il ne reste rien de ces échanges. La Bibliographie de Sommervogel recense 100 titres que Raynaud a publiés, avec ce commentaire :

« comme écrivain, il avait de l’érudition et une grande fécondité, mais il manquait de critique en matière de goût ; son style est défiguré par l’emploi continuel des termes qui n’appartiennent qu’à la basse latinité. Il publia la plus grande partie de ses ouvrages en différentes années et en augmenta quelques-uns ; d’autres n’avaient pas encore vu le jour. Il entreprit à la fin de ses jours de les faire imprimer tous ensemble, mais il ne vit pas l’entière exécution de ce dessein. Le P. Bertet {a} termina l’édition, {b} qui fut faite aux frais de Charles Emmanuel, duc de Savoie. »


  1. V. note [14], lettre 387, pour le P. Jean Bertet.

  2. Opera omnia (Lyon, 1665, 19 tomes in‑fo, v. note [6], lettre 736). La note G de Bayle sur le P. Raynaud en donne une courte analyse critique.

Un portrait du R.P. Raynaud gravé en 1663 figure dans le premier tome de ses Opera omnia :

theophilus raynaudus soc. iesu theologus.
Ætatis Anno lxxix.

Qui stylus artifices conatur fingere vultus,
Nil agit ille ; stylo pingeris ipse tuo
.

[théophile raynaud théologien de la compagnie de jésus.
En sa 79e année d’âge.

Celui dont le stylet tâche de dessiner ton visage n’aboutit à rien qui vaille : tu te dépeins toi-même par ta plume].

Le Negociator religiosus [Le Religieux marchand] (Francopolis [Chambéry], 1642) était bien l’une des œuvres de Raynaud, parue sous le pseudonyme de René de La Vallée : v. note [15], lettre 73. Aux deux autres qu’il a utilisés – Joannes Heribertus (v. note [17], lettre 387) et Leodegarius Quintinus Heduus (v. note [6], lettre 645) – je propose d’ajouter Theophrastus redivivus (v. note [38], lettre 477). De manière beaucoup moins plausible encore, Patin l’a même soupçonné d’être Amadæus Guimenius, auteur d’un furieux Opusculum pour la défense des casuistes jésuites : v. note [2], lettre 824.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 octobre 1642, note 8.

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(Consulté le 10/10/2024)

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