Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 1D. Novembre 1650-novembre 1651, Affaires de l’Université, note 9.
Note [9]

Parcheminier (pergamenarius en latin, v. note [15], lettre 117) : « marchand ou ouvrier qui vend ou qui prépare le parchemin » (Furetière). Le droit de regard que revendiquait l’Université sur ce corps de métier était en lien avec la diffusion du savoir (Histoire littéraire de la France, tome xxiv, xive s., Paris, 1862, page 278‑280) :

« La foire aux parchemins se tenait, au moins depuis l’an 1291, dans la halle ou grande salle que les religieux mathurins prêtaient à l’Université de Paris. {a} Les marchands informaient de leur arrivée le recteur, qui envoyait compter les bottes de parchemin et les faisait estimer par quatre parcheminiers jurés. La vente commence alors ; mais pendant les premières vingt-quatre heures, on n’y admet que les maîtres ou les étudiants, les praticiens, les autres particuliers ; et elle n’est ouverte qu’ensuite pour les revendeurs parisiens. Au Lendit, à Saint-Lazare, {b} s’exerce le même contrôle du recteur, et la vente n’y devient libre que lorsque les fournisseurs du roi, ceux de l’évêque de Paris, les maîtres et les écoliers ont fait leurs achats.

La consommation était considérable : un seul amateur, le duc Louis d’Orléans, {c} qui avait d’ordinaire quatre écrivains à travailler ou, comme on disait, “ à labourer ” pour lui, achète du libraire Estienne l’Angevin, en 1393, “ cinq bottes de parchemin, au prix chacune botte de trois francs, pour continuer à employer ès livres commencés pour monseigneur. ” Il faut y adjoindre, par botte, “ xi livres pour parer et nettoyer ledit parchemin. ” […]

Les fraudes inséparables de ce grand commerce étaient sévèrement réprimées. L’Université, protectrice de ses copistes, impose aux parcheminiers une espèce de code en douze articles, où, après l’énumération de leurs torts in Universitatis et reipublicæ præjudicium, {d} elle leur défend de faire entre eux des coalitions, de se tromper mutuellement, de conclure des marchés clandestins, d’acheter ailleurs que dans les foires publiques. Elle se plaint aussi que la plus mauvaise marchandise semble réservée pour ses suppôts, {e} et elle stipule en leur faveur que s’ils se trouvent là quand le marchand de Paris fait affaire avec le marchand forain, ils pourront, avec un dédommagement de six deniers par livre, prendre pour eux le marché. Ces articles, pour être compris des commerçants et de tout le monde, seront rédigés en langue vulgaire, sermone Romano vel Gallico. {f}

Notre papier, quoique déjà commun depuis une centaine d’années, ne remplace que tard le parchemin dans le travail des copistes, et les papetiers ne deviennent qu’en 1415 clients de l’Université, qui les recommande alors, pour le partage de ses immunités, aux princes, comtes, barons, chevaliers, seigneurs, juges ecclésiastiques et royaux. »


  1. V. note [2], lettre 55.

  2. V. note [14], lettre 619, pour la foire du Lendit à Saint-Denis ; celle de Saint-Lazare se tenait dans l’enclos de la léproserie de même nom (v. note [27], lettre 402).

  3. V. note [16], lettre 327.

  4. « Au préjudice de l’Université et du bien public ».

  5. Subordonnés.

  6. « en italien ou en français ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 1D. Novembre 1650-novembre 1651, Affaires de l’Université, note 9.

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(Consulté le 11/05/2024)

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