[BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 477 ro | LAT | IMG]
Affaires traitées en l’Université de Paris pendant le décanat de Maître Guy Patin, natif du Beauvaisis, depuis le samedi 5e de novembre 1650 jusqu’au samedi 4e de novembre 1651 [1][2]
Le samedi 5e de novembre 1650, jour même de mon élection au décanat de la très salubre Faculté, lors de l’assemblée ordinaire de l’Université de Paris, qui s’est tenue au Collège de Navarre, [3] chez Maître Jean Courtin, [4][5] natif d’Auvergne, licencié en théologie, le très éminent recteur nous a soumis trois requêtes concernant :
- la très noble veuve de M. de Guébriant, maréchal de France, [6][7] qui demande à l’Université de lui vendre un terrain situé à l’angle de la grande rue qui est dans le Pré-aux-Clercs, [1][8] où elle pourrait se faire construire une vaste maison, comme ont déjà fait, parmi d’autres habitants du voisinage, MM. Pithou, [9] de Bérulle, [10] Tambonneau, [11] Leschassier, [12] Luillier, [13] Le Vasseur [14] et Bragelonne ; [2][15]
- la date à arrêter pour entendre les comptes que doit rendre Maître Samuel Dacolle, questeur de l’Université ; [3][16][17]
- le besoin de soulager le dénûment d’un pauvre homme dénommé Crassot, [4][18] a qui l’Université a déjà plusieurs fois procuré de l’aide, comme étant professeur de langue grecque.
- Pour le point 1, il a été décidé que la requête faite par la veuve de Monsieur de Guébriant doit être tenue pour suspecte et insidieuse car elle émane peut-être d’ennemis de l’Université, et qu’il ne faut donc pas lui vendre ce terrain. Il existe aussi une autre raison [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 477 vo | LAT | IMG] de refuser, à savoir qu’en ses assemblées, l’Université a statué que, sur son initiative, doivent y être construites des maisons qu’elle louera à des particuliers pour son propre profit ; et cela se ferait sans délai si l’Université avait perçu l’argent qui lui est dû pour la vente d’autres parcelles du Pré-aux-Clercs. Ce terrain vacant ne peut donc être cédé car il convient plutôt d’y bâtir des logis appartenant à l’Université ; quand elle y aura construit ses maisons, elle pourra prouver à ses contradicteurs que ce fonds lui appartient en propre, sans être contredite par personne. [5]
- Pour le point 2, le lundi 28e de novembre, c’est-à-dire du mois courant, a été fixé pour entendre les comptes de M. Dacolle, questeur de l’Université.
- Pour le point 3, trente livres tournois doivent être généreusement consacrées à soulager le dénûment du dit Crassot, qui porte le nom et se glorifie d’être le descendant de Jean Crassot, [19] très distingué professeur de philosophie, qui fut jadis un fort éminent personnage et un particulier ornement de l’Université de Paris, et qui mourut dans le Collège de La Marche, [20] l’an 1615. [6] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 478 ro | LAT | IMG]
Le lundi 28e de novembre, chez Monsieur le recteur, au Collège de Navarre, M. Dacolle, avec son gendre M. Du Bois, a rendu les comptes de l’Université, en présence du recteur, des trois doyens, des quatre procureurs des nations [21] et de leurs adjoints, etc.
Le samedi 3e de décembre 1650, en assemblée ordinaire chez Monsieur le recteur, l’Université a décidé :
- de ne pas prendre part au procès qui oppose M. Nicolaï, régent de collège à Poitiers, aux jésuites de cette ville et à deux de ses collègues, bien que l’Université de Paris désapprouve fort l’accord que lesdits régents ont passé avec lesdits jésuites sans nous avoir consultés ; [7][22][23]
- de remédier au dénûment d’un dénommé Gouttière, vieux professeur émérite, en lui allouant une somme de trente livres tournois, sous condition qu’il n’y revienne plus et tire dorénavant sa subsistance d’une autre source ; elle a gratifié de la même aumône un bedeau [24] presque sourd et aveugle, du nom de Collet ;
- pour les nouvelles maisons à construire dans le Pré-aux-Clercs, [1] sur le terrain qu’on a délimité, jouxtant la maison de Monsieur Le Vasseur, [2] sur le consentement de l’Université et l’appui de quelques arrêts du Parlement, d’employer l’argent que les moines dits augustins réformés, [25] et d’autres, doivent à l’Université de Paris.
Le mercredi 28e de décembre 1650, en l’assemblée extraordinaire de l’Université, chez Monsieur le recteur, au [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 478 vo | LAT | IMG] Collège de Navarre, il a été décrété :
- de faire appel devant le Parlement de la sentence prononcée par Monsieur Bonneau, procureur du roi, [8][26] qui prescrivait de faire élire quatre parcheminiers jurés (comme cela se fait chez les autres artisans de la ville de Paris), contre la coutume établie, puisqu’une telle création de quatre parcheminiers jurés est une prérogative de l’Université de Paris ; [9][27][28]
- d’aller voir Messieurs les Gens du roi, au parquet, pour les avertir que, par les soins du nonce apostolique, [29] des vauriens, des colporteurs en français, [10] publient par les rues un décret de l’Inquisition romaine [30] contre l’opuscule intitulé Le Catéchisme de la grâce, [31] en infraction de l’arrêt prononcé par le Parlement de Paris en l’an 1647 ; ce Catéchisme est un excellent livre qui a pour auteur Mathieu Feydeau, [32] docteur de Sorbonne, [33] et homme très savant et respectable ; [11][34][35]
- étant donné la mauvaise réputation de l’Université de Reims [36] auprès du Parlement de Paris, de rappeler au principal du collège [37] et aux citoyens de Vitry [38] que l’Université de Paris ne veut pas recevoir, ni encore moins revendiquer ou désirer, comme ils le demandent, une intervention de ladite Université de Reims en leur faveur dans leur querelle [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 479 ro | LAT | IMG] contre ces minimes [39] qui veulent s’emparer du collège de leur ville ; [12]
- de charger Maître Jean Courtin, recteur de l’Université de Paris, d’entreprendre une action contre tout ce que douze hommes, choisis et députés par M. Méliand, [40] procureur général du Parlement de Paris (dont l’un était M. Guy Patin, doyen de la Faculté de médecine), avaient décidé, en l’île Notre-Dame, [41] chez M. de Marandé ; [42] et ce non pas tant parce que l’Université désapprouve ce qui y a été débattu, que parce qu’elle veut que le recteur, en tant que chef de l’Université, préside à cette sorte de réunions et que rien ne soit décidé en cette matière sans l’avoir consulté, car il s’agissait de réformer la corporation des libraires et imprimeurs, artisans sur lesquels le recteur de l’Université de Paris a toujours exercé une autorité de droit, ainsi que le prouvera un factum publié l’an 1652, en français. [13][43]
Actes de l’Université de Paris pendant l’année 1651
Le samedi 7e de janvier 1651.
- À titre d’aumône, il a été décidé d’allouer la somme de vingt livres tournois à une très pauvre femme, réduite à l’extrême limite du dénûment, dénommée Mme de Courbières, et d’envoyer cent livres aux miséreux démunis qui se languissent, venus de Saint-Quentin, [44] de Laon [45] et de Soissons ; [14][46] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 479 vo | LAT | IMG] le questeur de l’Université remettra ladite somme de cent livres au doyen de la Faculté de médecine, Maître Guy Patin, qui la portera chez Mme de Lamoignon, [47] femme fort pieuse, veuve d’un président à mortier, [48] qui s’est imposé la lourde tâche de procurer argent et travail aux pauvres provinciaux de Paris. [15][49]
- À ceux des trois doyens et des quatre procureurs des nations, avec leurs adjoints, ainsi qu’à chacun des bedeaux qui ont assisté le vendredi 23e de décembre 1650 à la messe célébrée dans l’église des cordeliers [50] pour l’âme de Mme Charlotte de Montmorency, [51] mère du prince de Condé, [52] on doit bailler une somme identique à celle qu’il est habituel de donner pour les processions de Monsieur le recteur. [16][53]
- On a aussi parlé de quelque reliquat d’argent qui est entre les mains du questeur et qu’il répartira équitablement entre les facultés de droit canonique et de médecine. Le recteur et les quatre procureurs y avaient donné leur consentement, mais M. Hennequin, doyen de théologie, [54][55] a demandé que rien ne soit décidé sur cette somme sans qu’il ait d’abord consulté la Faculté de théologie à ce sujet, comme il s’est engagé à le faire ; et lors [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 480 ro | LAT | IMG] de la prochaine assemblée de l’Université, il fera part de l’avis que sa Compagnie en aura donné. [17]
Le samedi 28e de janvier 1651, réunie en assemblée extraordinaire, l’Université a décidé de porter des cierges aux grands du royaume, suivant la coutume, mais en n’oubliant ni le duc de Valois, [56] fils du duc d’Orléans, [57] ni M. de Longueil de Maisons, président au mortier et surintendant des finances, [58] en raison de sa double dignité ; cela n’a pourtant pu se faire car ce grand officier était absent de Paris le jour de cette fête. [18][59]
Le samedi 4e de février 1651, en assemblée ordinaire, l’Université :
- a décidé de ne pas certifier les études d’un dénommé Liedet, natif de Paris, qui voulait être reçu bachelier de théologie car on a découvert qu’il avait jadis été jésuite pendant 15 années ; [60] nous avons pensé devoir en informer M. Bonnot, greffier de la Faculté de théologie ; [19]
- a répondu à M. Pierre Du Laurens, docteur de Sorbonne, [61] qui avait transmis quelque plainte à l’Université, par l’intermédiaire de Monsieur le recteur, sur le procès qu’il a engagé contre un moine bénédictin au sujet de Saint-Martin-des-Champs, [62] prieuré de Cluny qui se trouve à Paris ; elle lui demande de présenter au dit recteur une requête où [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 480 vo | LAT | IMG] il expliquera en termes parfaitement intelligibles ce qu’il attend de l’Université ; [20]
- a débattu sur l’opportunité de s’opposer à certains articles que le syndic des libraires, dénommé Mathieu Guillemot, [63] a obtenus pour la réformation de la librairie et de l’imprimerie ; et même plus, de déposer une requête civile par laquelle l’Université en demandera la suspension, tout comme celle de l’arrêt que ledit syndic a déjà obtenu par l’entremise de M. Cocquelay, [64] conseiller de la Grand’Chambre. [21]
Le samedi 18e de février 1651, en assemblée extraordinaire, l’Université a décidé de faire une visite aux princes sérénissimes pour les complimenter sur leur liberté retrouvée et leur heureux retour à Paris ; ce qui fut fait le lundi suivant, 20e de février à une heure de l’après-midi, dans l’hôtel de Condé, où les deux princes, de Condé et de Conti, son frère, [65] nous ont reçus avec bienveillance. [22]
Le samedi 4e de mars, on a discuté de la réprimande à formuler contre certains Hibernois, savoir Nicholas Poer, [66] Nugent, [67] Medo [68] et d’autres, qui, sur la demande d’un maître des requêtes dénommé de La Bidière, [69] créature loyolitique, et de vingt-deux pères jésuites, [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 481 ro | LAT | IMG] s’étaient réunis dans le Collège de Lisieux, [70] chez ledit Nicholas Poer, et ont signé un écrit contenant quelques propositions théologiques sur lesquelles la sainte Faculté de théologie n’a pas encore voulu prononcer d’avis.
Ces Hibernois ont certes avoué avoir tenu ce genre d’assemblée dans le Collège de Lisieux, bien que M. le recteur le leur eût interdit ; mais ils y avaient été incités par le supérieur de la Mission, dénommé le P. Vincent, [71] et par un autre des leurs nommé Le Blanc, [72] qui, avec les loyolites, ont promis aux Hibernois de leur fonder un nouveau collège. Néanmoins, ces Hibernois nous ont promis de s’engager, par un écrit de leur propre main, à se rétracter [23] et à changer le jugement qu’ils ont porté dans la déclaration qu’ils ont rédigée et signée, en y supprimant ce que désapprouve l’Université, leur très chère mère. D’autres Hibernois se sont aussi présentés, et ceux-là sont d’opinion contraire, c’est-à-dire opposée à celle des loyolites : ces sages et honnêtes gens, dénommés MM. O’Lonergan, [73] MacNamara, [74] l’autre Poer, [75] Stapleton, et autres, avaient prévenu le recteur de l’erreur commise par leurs compatriotes et ont porté témoignage contre eux. Il est pourtant à remarquer que tous ceux qui, poussés par les jésuites, avaient signé la déclaration qu’ils ont faite sur certains articles de foi en faveur de Molina [76] et contre la doctrine de Cornelius Jansenius, évêque d’Ypres, [77] m’ont semblé être des personnes honnêtes, pieuses et sensées, à l’exception de ce Nicholas Poer. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 481 vo | LAT | IMG] En l’écoutant parler, nous l’avons très souvent pris à mentir : il semblait favorable aux loyolites et demeurer dans leur parti, appâté par quelque espoir d’obtenir une abbaye sur l’entremise d’un père jésuite, du nom de Poulain, [78] qui est confesseur du roi très-chrétien. [24][79][80]
Le samedi 4e d’avril, il a été décidé :
- d’accorder une somme de dix livres tournois au premier bedeau de la Nation de France pour avoir signifié aux Hibernois et à d’autres le décret prononcé il y a un mois chez M. le recteur, et la même gratification aux pères carmes [81] qui avaient conduit le chœur lors de la procession de M. le recteur, depuis le couvent des Mathurins [82] jusqu’à l’église Saint-Médard [83] (les pères bénédictins assuraient d’habitude ce service, mais ils n’ont pu le faire ce jour-là, 21e de mars, fête de saint Benoît, leur patron, qu’ils ont coutume de célébrer en leur église) ;
- d’engager un procès contre certains des Hibernois, dont il a été question lors de la précédente assemblée, en raison de l’arrêt de Parlement que ces vauriens ont obtenu en faisant appel du décret que M. le recteur a fait imprimer, avec ordre aux deux parties de comparaître devant la Cour. [25]
- Des maîtres choisis parmi chacune des trois facultés et des quatre nations ont débattu avec les doyens de droit canonique et de médecine au sujet du [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 482 ro | LAT | IMG] secours financier qu’ils espèrent obtenir de l’Université de Paris et demandent pour régler l’honoraire annuel de leurs professeurs. [84] Tous ont consenti à nous prêter leur aide, à l’exception de la Faculté de théologie, au motif que les jours sont mauvais et les temps fort difficiles, et que le règlement de cette affaire doit donc être reporté à plus tard. [26]
Il convient néanmoins de remarquer que le susdit 21e de mars, après le discours que M. le recteur a prononcé aux Mathurins, certaines gens ont bruyamment protesté en faveur des Hibernois mentionnés plus haut : le syndic de Sorbonne lui-même, Maître François Hallier, [85] en menait la troupe, avec d’autres théologiens, surtout issus du Collège de Navarre, qu’on dit professer le molinisme, [86] et qui sont influencés par les jésuites et par le Père Vincent ; en sorte qu’ils ont créé le désordre et maltraité leurs très saints, honnêtes et savants confrères, les qualifiant de jansénistes en raison de leur attachement au livre de l’éminent et très pénétrant Cornélius Jansenius, évêque d’Ypres. En cette même cérémonie des Mathurins, ledit M. Hallier a voulu faire une proposition contraire, mais les autres l’en ont empêché.
Le vendredi 21e d’avril, en assemblée extraordinaire, l’Université a décidé :
- de tout mettre en œuvre pour empêcher les pères loyolites de s’emparer du collège de Saint-Quentin, [87][88] et donc [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 482 vo | LAT | IMG] de prier M. le recteur d’écrire aux éminents personnages de cette ville, c’est-à-dire au chapitre des chanoines, au maire, au gouverneur, etc., pour qu’ils n’admettent point ces bons pères ; et c’est ce qu’il a promis de faire et a effectivement fait, au nom de l’Université de Paris ; [27]
- d’engager un procès contre le syndic des libraires, Mathieu Guillemot, et ses adjoints, qui avaient entrepris une nouvelle réformation des métiers de la librairie et de l’imprimerie sans avoir pris l’avis du recteur, chef de l’Université à qui incombe la charge, en raison de sa primauté, de veiller et de prendre garde à ne rien tolérer qui puisse nuire à la république des lettres. [21]
Le samedi 6e de mai 1651, l’Université a décidé :
- de ne pas autoriser Maître Edme Amiot, [89] docteur en théologie, curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, dans le faubourg Saint-Jacques, [90] à représenter le doyen de théologie lors de nos réunions académiques, car M. le recteur, les trois autres doyens et les quatre procureurs des nations estiment odieux et suspect de soutenir la cause des Hibernois dans le procès qu’ils ont engagé pour s’opposer au décret que le recteur a prononcé contre eux le 4e de mars dernier ; [28] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 483 ro | LAT | IMG]
- d’inciter les frères de la Charité [91] à intervenir, s’ils le veulent, contre un dénommé Arnoulet [92] qui fait édifier une maison dans leur voisinage en s’appropriant une partie de leur terrain ; si, pour le bien et profit du public, ils engageaient un procès contre lui, l’Université agirait alors en leur faveur ; [29]
- d’instituer une rente pour venir en aide aux deux facultés de droit canonique et de médecine ; avant cela, il faut néanmoins verser à la Faculté de théologie une somme d’environ mille cinq cents livres que l’Université lui doit pour le siège de Corbie en l’an 1636 ; [30][93] mais ensuite, les quatre nations en délibéreront lors de l’assemblée générale de l’Université, en juin prochain, puis les quatre procureurs en référeront lors de la réunion du mois de juillet.
Le mercredi 10e de mai, sur décision de l’Université, le doyen de médecine, Guy Patin, et les représentants qu’elle avait choisis, MM. Padet, [94] Le Cocq [95] et Gentil, [31] sont allés au Pré-aux-Clercs, en compagnie de deux architectes, visiter le terrain dont l’Université est propriétaire et où peuvent être bâties des maisons, comme il a jadis été décrété. Nous y avons appris que doit être construite une double demeure avec de grandes portes, dites portes cochères en français, sans adduction d’eau, etc. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 483 vo | LAT | IMG]
Le vendredi 26e de mai {1652} 1651, [32] en assemblée extraordinaire, l’Université de Paris n’a pas refusé de se joindre aux réclamations d’un chanoine de l’église collégiale de Guérande, en Bretagne, [96] pour empêcher qu’un moine cordelier ne jouisse du bénéfice de théologal qu’il a obtenu de son ami, l’évêque de Nantes, [33][97] étant donné qu’on doit de tels bénéfices à des membres du clergé séculier, et non à des réguliers, [98] dont le propre est de prier et de se flageller, sans se mêler des affaires séculières.
M. Pithou, conseiller au Parlement, avait avisé le questeur de l’Université qu’il voulait rembourser une année de rente due à l’Université pour la maison qu’il habite dans le Pré-aux-Clercs ; [2] il a donc été décidé que notre questeur devra recevoir cet argent si M. Pithou l’y presse davantage, et que nous chercherons quelque moyen de le dépenser, soit en achetant un terrain, soit en construisant des maisons. Cela a donné l’occasion à Maître Guy Patin, doyen de médecine, de rappeler aux chefs de l’Université qu’il serait fort opportun de consacrer cette somme à soulager le dénûment de la très salubre Faculté, soit en augmentant le revenu annuel [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 484 ro | LAT | IMG] de ses quatre professeurs, soit en la délivrant de sa dette qui est de six mille livres tournois, en lien avec les versements ordonnés par le roi lors du siège de Corbie, en 1636, et de celui de Paris, en 1649, par le prince de Condé, [99] et avec la manière très injuste dont l’Italien Jules Mazarin, cardinal de la sainte Église romaine, a administré le royaume. [34][100] Tous les députés de l’Université ont jugé que ma supplication n’était pas infondée.
Le mercredi 31e de mai 1651, réunie en assemblée extraordinaire, l’Université a décidé, par consentement unanime des doyens et des quatre procureurs, de rédiger un nouveau décret contre la Compagnie des théologiens, laquelle a pris soin de faire imprimer une conclusion favorable aux Hibernois mentionnés plus haut, étant donné que ladite conclusion est entachée de multiples irrégularités envers le très éminent recteur : au mépris des coutumes et des lois, la Faculté de théologie a voulu qu’elle fût affichée sur les portes des collèges et par tous les carrefours du Pays latin, [101] outre que le privilège du roi qu’elle a obtenu l’a sans aucun doute été en dupant M. le chancelier, [102] etc.
Dès demain, 1er de juin, les deux appariteurs de la Nation de France et deux de leurs compagnons, bedeaux des facultés de droit canonique et de médecine, rendront témoignage de notre délibération et signifieront notre décret au syndic de théologie [103] et à la Faculté tout entière, réunie à la Sorbonne, etc. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 484 vo | LAT | IMG] Il sera aussi imprimé pour être affiché sur les portes des collèges et distribué par tout le Pays latin, comme ont fait de leur conclusion les théologiens qui sont favorables aux Hibernois et opposés à la doctrine de saint Augustin. [35][104]
Le samedi 3e de juin {1652} 1651, l’Université a entendu M. Pithou, insigne conseiller au Parlement de Paris, demandant que l’argent de sa dette envers elle soit reçu par M. Dacolle, questeur de l’Université, sur l’ordre du très éminent recteur, des doyens des facultés et des quatre procureurs des nations, mais en formulant deux conditions qui nous ont paru absurdes et odieuses. Nous avons tous jugé bon de consulter des avocats sur cette affaire de première importance. MM. Philippe Piètre, [105] Defita, [106] Labbé [107] et Mareschaux, [36][108] seront donc convoqués le samedi 10e de juin à 2 heures de l’après-midi pour l’assemblée extraordinaire qui se tiendra chez M. le recteur, et cette négociation se conclura selon l’avis qu’ils en donneront.
Le mercredi 7e de juin {1652} 1651, aux Mathurins, Maître François Du Monstier, [109] natif d’Amiens, remarquable personnage qui fut naguère recteur, a été élu procureur fiscal de l’Université, [110] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 485 ro | LAT | IMG] en remplacement du très distingué Maître Jacques Du Chevreul, [111] décédé voici dix-huit mois. Le consentement des deux doyens présents et des quatre procureurs des nations a été unanime. Le troisième doyen, savoir celui de théologie, s’est abstenu en prétextant ne plus être des nôtres : il a mis en avant que, faute d’avoir consulté sa Faculté, il ne pouvait participer à la conclusion d’une affaire de si grande importance ; pourtant, depuis la mort de M. Du Chevreul, sa dite Compagnie avait mainte fois délibéré sur le nom de celui qu’il convenait de désigner pour le remplacer. Ledit doyen des théologiens, Maître Jean Mulot, [112] fut sur-le-champ chassé de notre assemblée par deux greffiers, [113] et un autre docteur en théologie, dénommé Lagault, [114] a quasiment expulsé cet aimable vieillard. Ce nonobstant, nous avons choisi l’excellent Maître François Du Monstier qui, aussitôt convoqué, a prêté serment entre les mains du très éminent recteur, s’engageant solennellement à remplir dignement cette charge académique, etc. [37]
Le samedi 10e de juin 1652, [38] en la résidence du très éminent recteur, au Collège de Navarre, furent présents les avocats de l’Université, MM. Labbé, Defita et Mareschaux (Maître Philippe Piètre n’a pu y être en raison de son âge avancé, qui est de 84 ans, et de sa maladie). de juin 1652, [36] Consultés sur la négociation avec M. Pithou, conseiller au Parlement, ils ont conclu unanimement qu’il ne fallait pas prêter l’oreille à ses chicanes, et ils ont réfuté ses arguments avec art et adresse. Il a donc été décidé que le nouveau procureur fiscal de l’Université, Maître François Du Monstier, [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 485 vo | LAT | IMG] accompagné de M. Le Cocq, procureur de la Nation de France, rencontrerait ledit M. Pithou, conseiller au parlement, et lui porterait la réponse des trois avocats que nous avons consultés sur son affaire.
Le lundi 26e de juin {1652} 1651, en réunion extraordinaire :
- le très distingué et savant Maître Gabriel Naudé, [115] qui a très hautement mérité de la république des lettres et qui est fort mon ami depuis trentre-trois années, a demandé à l’Université de s’engager à ses côtés dans son procès pour défendre son prieuré de Lartige, en Limousin, [116] que les loyolites de Bourges ont entrepris de lui arracher, sous ombre de quelque union ; [39][117] elle a approuvé sa requête en jugeant parfaitement légitime de s’opposer à ceux qui sont ses plus funestes, hostiles et vils ennemis, mais aussi d’honorer la singulière érudition du suppliant, M. Gabriel Naudé ;
- l’Université a décidé que MM. Le Cocq et Quintaine [118] iront, en compagnie d’un tailleur de pierres expérimenté, visiter une maison qui est présentement à vendre dans la rue des Anges, [40][119] près de l’hôpital de la Charité, pour y placer l’argent que nous avons récemment reçu de M. Pithou, conseiller au Parlement de Paris ;
- la dignité de conseiller de l’Université, rendue vacante par la mort de M. Arragon, [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 486 ro | LAT | IMG] sera conférée à M. Pucelle, [120] très brillant avocat plaidant ; ce fort éloquent personnage sera admis gratuitement dans cette charge s’il ne la refuse pas, etc. [41][121]
Lors de cette même assemblée, le très éminent recteur, Maître Jean Courtin, natif d’Auvergne, licencié de la sainte Faculté de théologie, ainsi que les quatre procureurs des nations m’avaient solennellement juré qu’ils se réuniraient le 28e de juin, à une heure de l’après-midi, pour arrêter définitivement la somme que la Faculté des arts nous attribuera, c’est-à-dire quelle aide elle consentira à la très salubre Faculté de médecine de Paris pour améliorer le salaire des quatre professeurs de notre École. [26] Ce secours nous a très souvent été promis sans avoir encore été versé, en raison de la difficulté des temps, car ces jours sont mauvais, et les ennemis de l’Université de Paris sont fort vils et débordants de malice, etc.
[BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 486 vo | LAT | IMG]
Le samedi 1er de juillet 1651.
- Le très éminent recteur nous a rapporté que tout dernièrement, soit mercredi passé, 28e de juin, la Faculté des arts a unanimement décidé de verser chaque année à notre très salubre Faculté un subside de huit cents livres tournois, destiné à nos quatre professeurs, sans présentement pouvoir faire plus en raison de la ténuité des finances de l’Université. Néanmoins, le jour où sa richesse et ses revenus augmenteront, ils nous ont promis de doubler cette rente. Après les avoir entendus et leur avoir exprimé toutes sortes de remerciements, j’ai avoué ne pouvoir recevoir ni accepter cette somme dès la présente année (le premier terme commençant à courir à la Saint-Rémy prochaine et expirant au bout d’un an, à la Saint-Rémy de l’an 1652) [42] sans en avoir préalablement référé à la très salubre Faculté, spécialement convoquée à cette fin ; ce que je ne puis faire si je n’ai en mains cet engagement écrit de la Faculté des arts, qui me servira de preuve officielle et authentique. Les quatre procureurs m’ont répondu là-dessus que, sous quelques jours, chacun d’eux, au nom de sa propre nation, me remettra une telle attestation, en sorte qu’ainsi muni, je puisse rendre compte de cette affaire à ma Compagnie. [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 487 ro | LAT | IMG]
- M. de Buisine, doyen de la Faculté de droit canonique, [122] a demandé que l’Université de Paris fasse alliance avec lui contre Maître Pierre Loisel, [123] chancelier de l’Université, [124] qui a intenté un procès à ladite Faculté pour y obtenir le droit d’élection et de suffrage, comme les autres docteurs de droit canonique, etc. [43] En cette affaire obscure, difficile et embrouillée, nous avons décidé de nous engager aux côtés de M. de Buisine pour éviter que l’intérêt de l’Université n’y subisse aucun tort et pour veiller ainsi à la préservation des règlements et statuts du droit canonique, en considération de la dernière réformation de l’Université de Paris.
- Maître François Du Monstier, procureur fiscal de l’Université, a demandé que l’alliance promise à Maître Gabriel Naudé lors de la dernière assemblée se fasse à nos dépens, puisque ce différend est moins celui de Naudé lui-même que celui de l’Université, comme concernant proprement les biens et avantages de ses gradués. [44] Nous nous sommes tous, tant doyens que procureurs des nations, rangés à cet avis.
- Le même M. Du Monstier a supplié l’Université de soulager le dénûment de MM. Dorigni, d’un prêtre paralytique et d’un professeur de philosophie nommé de Marc. Une même somme de cent livres tournois a été accordée aux deux Dorigni et au dit de Marc.
Le lundi 17e de juillet 1652, [38] lors de la réunion extraordinaire de l’Université qui s’est tenue chez M. le recteur, on a discuté des garanties à trouver pour [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 487 vo | LAT | IMG] l’achat d’une maison sise dans le Pré-aux-Clercs car ceux qui la vendent sont gens opiniâtres : ils ont refusé d’accorder pleine confiance aux acheteurs agissant au nom de l’Université car ils les soupçonnent d’être incapables de verser la somme que devrait leur payer l’Université.
Finalement, pourtant, il ne sera plus question de cette maison dont on a plusieurs fois discuté plus haut, car l’Université n’a pas pu l’acheter ni jugé bon de le faire ; et ce, principalement, parce qu’en tant qu’elle appartenait à quatre hommes différents, l’un des quatre avait engagé sa part en se mariant, pour le douaire de sa femme. Ainsi tout le marché a été rompu, et jamais cette maison ne s’achètera pour ce coup par l’Université. [45]
Le samedi 5e d’août 1651.
- Sur ma demande, il a été décidé d’offrir une somme de cent livres tournois à un fort honnête Hibernois qui est professeur de philosophie au Cardinal Lemoine, [125] dénommé MacNamara, [24] dont mon dévoué et très savant collègue, Paul Courtois, [126] censeur des Écoles, m’avait recommandé l’érudition et le dénûment.
- Maître François Du Monstier, procureur fiscal de l’Université, nous a fait savoir que, ces derniers mois, certains maîtres de la Faculté de théologie ont voulu prendre le parti de Monsieur le recteur dans le procès que les Hibernois ont engagé [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 488 ro | LAT | IMG] contre lui, mais ils n’ont pu mener leur dessein à bien car d’autres théologiens se sont pris obstinément prononcés en faveur des dits Hibernois, et tout particulièrement par l’acharnement d’un docteur de Sorbonne dénommé Edme Amiot, curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, dans le faubourg de Paris. [28]
Le samedi 2e de septembre 1651, en l’assemblée ordinaire,
- l’Université a débattu sur l’exigence que, pour l’Assemblée générale < du royaume >, [127] Monsieur le recteur obtienne le droit de choisir les places qui conviennent à notre condition, tant pour lui-même que pour les doyens et quatre procureurs des nations, ainsi que pour leurs adjoints ; sans quoi, le très éminent recteur est résolu à ne pas assister à ladite Assemblée, ce qui est préférable à ne pas jouir du rang qui nous y est dû. Toutefois, comme rien n’en a été conclu, la décision en a été confiée à l’examen de trois membres de l’Université aussi réputés pour leur haute qualité que pour leur expérience, savoir MM. Padet, Cagnié [128] et Du Monstier, procureur fiscal. [46]
- Au nom de la très salubre Faculté, j’ai remercié le très éminent recteur et ces Messieurs de l’Université, en leur protestant que la rente de huit cents livres qu’ils nous ont récemment attribuée, pour augmenter les honoraires de nos quatre professeurs, nous agrée parfaitement, tout comme les conditions qu’ils y ont mises ; sauf à y changer la troisième, en sorte que le très éminent recteur en remettra le reçu au doyen lui-même plutôt qu’auxdits professeurs, puis il percevra du questeur de l’Université la somme entière, et la partagera et distribuera individuellement [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 488 vo | LAT | IMG] à chacun d’eux ; ensuite, le doyen rendra compte de cet argent à la Faculté à l’aide des quittances qu’auront signées lesdits professeurs. Le très éminent recteur et les quatre procureurs ont favorablement reçu la condition susdite, bien qu’elle n’ait pas été ajoutée sur la requête des dits professeurs de médecine. [47] Quant à eux, ils rempliront leur charge avec diligence et application, contrairement aux professeurs de droit pontifical qui n’ont pas satisfait à leur devoir, et ce au profond détriment et à la grande honte de l’Université de Paris. [48]
- L’Université a aussi délibéré sur :
- la désignation d’un doyen pour la Nation de France, [129] en remplacement de Maître Nicolas Sevin, [130] récemment décédé ; quatre régents sont en compétition et en litige pour ce décanat, MM. Pigis, [131] Duchesne, [132] de La Place [133] et Bouthillier, [134] et un arrêt du Parlement en a renvoyé la décision à l’assemblée ordinaire du très éminent recteur ; [49] pour cette affaire, il a été décidé d’avertir les quatre candidats qu’ils devront se présenter devant le très éminent recteur et lui exposer les arguments dont ils se prévalent, puis nous prendrons notre décision après les avoir examinés ;
- le secours qu’il convient de procurer à un certain M. de Pesquières, principal de Senlis, [135] en lui prêtant main-forte contre l’évêque de cette ville [136] et contre le dessein de ses loyolites, dévorés par le brûlant désir de placer son collège sous leur domination. [50]
- Lors de la même assemblée, le doyen de théologie s’était fait représenter [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 489 ro | LAT | IMG] par le bonhomme M. Messier, [137] curé de Saint-Landry ; [51][138] il est intervenu au nom de sa Faculté pour demander de diminuer la rente précédemment mentionnée que nous concède l’Université, tout comme celle qui est destinée à la Faculté de droit canonique ; mais l’avènement de temps meilleurs, la sagesse des hommes et la justice auront un jour raison de cette opposition.
Le dimanche 10e de septembre 1651, j’ai accompagné le cortège du très éminent recteur qui s’est rendu auprès du roi très-chrétien pour le féliciter de son heureuse majorité. [139] Mes très affectionnés collègues, MM. Le Vasseur, [140] Merlet le Jeune, [141] Courtois, censeur des Écoles, Jean-Baptiste Moreau [142] et Robert Patin, [143] s’étaient joints à moi. [52]
Le samedi 7e d’octobre 1651, réunie en assemblée ordinaire,
- l’Université a concédé à Maître Pierre Du Laurens, docteur de Sorbonne et prieur de Cluny, la faveur de pouvoir disposer d’un professeur issu de l’Université de Paris, en vue d’enseigner la philosophie à ses moines bénédictins. [20] Ce faisant, ledit professeur pourrait accéder au banc de la Société de Sorbonne comme s’il avait régenté pendant deux ans dans un collège de notre Université, mais à la stricte condition de ne prodiguer son enseignement qu’auxdits moines, sans y admettre aucun séculier, quand bien même il résiderait en ce prieuré ; et s’il enfreint cette règle, il sera immédiatement privé de ce droit.
- L’Université a aussi décidé :
- de refuser aux moines de Sainte-Geneviève de Paris [144] le droit d’enseigner ou de prendre pied dans le collège de la ville de Senlis ; et pour cette raison, le très éminent recteur ira rendre à M. le duc de Saint-Simon, [145] [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 489 vo | LAT | IMG] gouverneur de cette ville, la visite qu’il lui a précédemment faite, et lui dira, au nom de l’Université, qu’une telle faveur ne peut être concédée auxdits moines ; [53] nous avons opposé le même refus aux dominicains [146] qui voulaient enseigner dans une ville de Picardie qui porte en français le nom d’Abbeville ; [147]
- de faire bâtir, pour son compte et sur son propre fonds, une double maison dans la rue dite, en français, de l’Université, [148] depuis celle de Monsieur Le Vasseur jusqu’à l’angle de la rue dite du Bac ; [54][149] mais cette affaire a été reportée à une prochaine assemblée où ceux de ses membres que l’Université a choisis viendront discuter, en présence d’un architecte dénommé Palé, ou d’autres de sa corporation, du prix et des diverses choses à considérer pour ce genre de construction.
Le mardi 17e d’octobre 1651, réunie en assemblée extraordinaire, l’Université a fait affaire et conclu un contrat avec les architectes pour bâtir deux maisons ; Monsieur le recteur, les trois doyens et les quatre procureurs des nations en ont signé l’acte, dressé par un notaire dénommé Paisant, [55][150] sous condition que les architectes entreprennent les travaux dès lundi prochain.
Le mercredi 25e d’octobre 1651, j’ai accompagné le très éminent recteur chez M. Mathieu Molé, [151] garde du sceau royal, en vue de le remercier pour la confirmation des privilèges de l’Université de Paris, tout comme [BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 490 ro | LAT | IMG] M. Voisin, maître des requêtes. [152] Mon fils, Robert Patin, docteur en médecine, y est venu avec moi quatre heures durant, mais je ne l’en ai pas rétribué en raison du dénûment de notre Faculté. [56]
Le même jour, en assemblée extraordinaire chez le très éminent recteur, l’Université a décrété que le décanat de la Tribu de Paris, rendu vacant par la mort de Monsieur Sevin, revient de plein droit à Monsieur Bouthillier parce qu’il est le plus ancien maître ès arts et qu’il a enseigné pendant trois années en l’Université de Paris. Néanmoins, pour que les trois autres compétiteurs, qui sont tous de très brillants régents, n’y trouvent pas motif de plainte, il a été décidé que toutes les provisions et lettres seraient communiquées les unes aux autres par tous quatre. Il s’agissait des très érudits MM. de La Place, professeur de rhétorique au Collège de Presles-Beauvais, [153] Duchesne, licencié en théologie, et Pigis, professeur de philosophie au Collège de Navarre. [57]
Fin des affaires de l’Université de Paris qui ont été débattues lors de ses assemblées, tant ordinaires qu’extraordinaires, durant toute la première année de mon décanat, du 5e de novembre 1650 au 4e de novembre de l’année suivante, 1651.
Durant cette année tout entière, le recteur de l’Université de Paris fut Maître Jean Courtin, natif d’Auvergne, licencié en la sainte Faculté de théologie, excellent et fort savant homme, et très énergique défenseur du prestige de l’Université.
[BIU Santé Comm. F.M.P., vol. xiii, fo 490 vo | LAT | IMG]
À mes susdits commentaires des affaires de l’Université qui ont été débattues lors de ses assemblées, chez M. le recteur, durant toute la première année de mon décanat, il n’aurait pas été inconvenant de joindre les attestations des huit cents livres tournois cédées à la très salubre Faculté de médecine qu’ont rédigées les quatre procureurs des nations qui composent et constituent la Faculté des arts de l’Université de Paris ; mais étant donné que je détiens ces quatre certificats que chacun des dits illustres procureurs des quatre nations a écrits et signés de sa propre main, j’ai pensé en faire bien assez et estimé agir comme il en valait la peine si je m’abstenais volontairement de la tâche démesurée et ingrate de les transcrire ; j’ai trouvé préférable d’attacher ensemble ces quatre attestations manuscrites, ou certificats originaux, pour les insérer dans le cahier de nos négociations que je conserve en mains propres, et que je laisserai et remettrai au très distingué docteur en médecine que le sort désignera pour me succéder l’an prochain, soit en 1652.
Note :
Ces preuves autographes ont été transcrites dans le tome suivant des Commentaires, xive de la série, de la page 567 au début de la page 571, dans la seconde année du décanat de M. François Blondel. [58][154][155]
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