Texte
Jean Pecquet
Experimenta nova anatomica (1651)
Chapitre vi  >
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Conclusion. [1]

Non seulement le chien, mais maints animaux domestiques possèdent des lactifères et un réservoir, et il ne fait pas défaut chez l’homme. Les auteurs les plus sérieux ont attesté de la vérité de ce petit livre.

Tu disposes ainsi (mon cher lecteur) d’une description exacte des veines lactées. En trois dissections, [2] j’ai résumé le travail assidu que j’ai mené pendant environ trois ans, car je t’ai épargné le peu de temps que j’ai perdu à m’égarer. Les trois chiens dont j’expose ici le sacrifice te donneront donc une idée approximative des plus de cent animaux vivants que j’ai éviscérés.

Ne crois pas que j’aie fondé ma conviction sur la seule preuve que m’a procurée l’examen des entrailles du chien ; [3] elle revendique l’honneur d’avoir démontré le chyle sur un troupeau presque complet : bœufs, chevaux, [1][4][5][6] porcs, chats, et bon nombre d’autres espèces, de tous âges que tu peux imaginer, ont ensanglanté mon scalpel.

Ainsi ai-je observé que la nature joue à disposer autrement les choses chez les moutons, [7] qui ne sont pas dotés de deux canaux : ils n’en ont qu’un, plus épais, pour conduire leur chyle depuis le réservoir [8] jusqu’à la quatrième vertèbre dorsale, où il se dédouble pour déverser son contenu dans la veine cave [9] après s’être abouché dans chacune des deux subclavières (comme nous l’avons décrit chez le chien). [10] J’ai parfois (mais très rarement) observé une conformation identique en d’autres animaux ; mais, d’une manière ou d’une autre, le chyle recherche le plus court chemin, en évitant de se disperser, pour s’enfuir du réservoir où il est emprisonné, et achever [Page 18 | LAT | IMG] constamment sa course dans les deux confluents jugulaires plus souvent que d’un seul côté (à ce que j’ai constaté). [11]

Je n’ai pas parlé de l’homme parce que j’exècre les rites de Tauride, et me suis nourri de sacrifices moins cruels. [12] Je n’ai guère épargné les bêtes que le Tout-Puissant a créées pour l’usage des hommes. J’ai respecté l’être vivant qui est plus sacré qu’elles, le souvenir de la loi naturelle, que je respecte, m’a tenu loin de lui. Mon but est sa bonne santé, ce qui n’a rien de bien effrayant. Il faut fuir la médecine qu’enseigne la cruauté et avoir en abomination la science qui enfante l’homicide. [2]

Toutefois, je prédis que, chez l’homme aussi, l’officine de la substance chyleuse n’est pas différente, car notre Père commun l’a pourvu de viscères semblables à ceux des bêtes.

Pour que tu n’ailles pas rire de ma sentence en disant que, faute de preuve, elle a fait naufrage avant d’avoir quitté le port, sache que Tulp à Amsterdam, [13] Vesling à Padoue [14][15] et Folli à Venise [16] ont depuis longtemps observé des lactifères sur le cadavre humain. [3] L’éminent témoignage du très célèbre Gassendi [17] le prouve aussi, quand il affirme que l’illustre Peiresc [18] a observé des veines remplies de lait dans le mésentère d’un pendu qu’on avait ouvert peu de temps après son exécution. Il l’a écrit dans le récit qu’il a donné de la vie de cet homme : « À cet effet, Peiresc, dès qu’il eut à prononcer une sentence capitale, prit soin de statuer que le condamné fût tranquillement et abondamment nourri avant d’être pendu, de manière à induire une production de chyle lactescent au moment opportun. Il veilla ensuite à faire porter le cadavre à l’amphithéâtre anatomique dans l’heure et demie qui suivit le supplice. Cela fut accompli avec une telle diligence que des veines blanches apparurent à l’ouverture de l’abdomen, et que l’incision de quelques-unes d’entre elles permit de recueillir du liquide lacté ; ce qu’on tint pour une observation tout à fait admirable. » [4][19] Quand il habitait à Paris, Gassendi m’a confirmé de vive voix avoir lui-même assisté à cette démonstration.

[Page 19 | LAT | IMG] Ce qu’on ne veut pas rendre public étant sans intérêt, j’ai invité plusieurs grands personnages, excellents observateurs et fins connaisseurs de l’anatomie, qui n’étaient certes pas issus de la lie du peuple, à être les témoins de ma bonne fortune, plutôt que de ma science, et je souhaite que leur autorité te convainque d’oser me croire.

Il m’est en outre agréable (s’il t’en faut plus) de placer mon ardeur obstinée sous le patronage de quelques-uns d’entre eux : la parole de deux ou trois, disent les Écritures, établira le fait, [5][20] mais j’en citerai plus que cela. En tout premier, bien sûr, Jacques Mentel, homme de haute lignée et très savant professeur en l’auguste École de médecine de Paris, qui est l’arrière-petit-fils de celui à qui le monde doit l’invention de l’imprimerie ; [6][21] ensuite, Pierre De Mercenne[22] très sage docteur en la même Faculté ; j’y ajouterai Adrien Auzout[23] natif de Rouen, homme profondément doué en tout genre de savoir, qui m’a généreusement procuré son aide, ses conseils et son intime familiarité ; et enfin Louis Gayan[24] remarquable chirurgien, dont j’ai admiré l’exceptionnelle adresse quand il disséquait publiquement sous la noble direction de Mentel dans les Écoles de médecine de Paris, et que j’ai choisi pour être à la fois le censeur de mes erreurs et le défenseur de la vérité qui m’est apparue au cours de la recherche si ardue que j’ai menée. [7] Si une mort prématurée ne l’avait emporté, je n’aurais pas oublié Jacques Du Val, très habile docteur en la même Faculté de médecine de Paris que sa libre bonne foi rendit naguère le chantre de la vérité dévoilée, tout comme son amour pour elle avait fait de lui le spectateur très assidu de mes expériences. [8][25]

Je n’en dirai pas plus d’eux pour ne pas blesser par la barbarie confuse de mon discours. [9][26] J’en ajouterais quantité d’autres, car la fidélité des témoins est certes suspecte quand ils sont peu nombreux, mais quand leur grand nombre n’y suffit pas, le juge ne manquera pas de se montrer injuste s’il veut l’augmenter au delà de ce qu’exige la loi. [5]


1.

Jean Pecquet a ignoré la description du canal thoracique chez le cheval qu’a donnée Bartolomeo Eustachi (vers 1500-1574), professeur de médecine et d’anatomie à La Sapienza de Rome. Elle figure dans l’un de ses Opuscula anatomica [opuscules anatomiques], intitulé De Vena quæ Αζυγος Græcis dicitur [Sur la veine que les Grecs appellent Azygos], {a} Antigramma xiii, page 301 : {b}

Itaque in illis animantibus, ab hoc ipso insigni trunco sinistro iuguli, qua posterior sedes radicis venæ internæ jugularis spectat ; magna quædam propago germinat ; quæ præterquam quod in eius origine hostiolum semicirculare habet ; est etiam alba, et aquei humoris plena ; nec longe ab ortu duas partes scinditur ; paulo post rursus coeuntes in unam ; quæ nullos ramos diffundens, juxta sinistrum vertebrarum latus, penetrato septo transverso, deorsum ad medium usque lumborum fertur : quo loco latior effecta, magnamque arteriam circumplex, obscurissimum finem, mihique adhuc non bene perceptum, obtinet.

[Chez ces animaux, depuis ledit tronc remarquable qui est à gauche de la gorge, derrière lequel siège la racine de la veine jugulaire interne, {c} naît une grande branche : elle s’y abouche par un petit orifice semi-circulaire et est remplie d’une humeur blanche et aqueuse ; peu après son origine, elle se divise en deux pour se réunir à nouveau un peu plus bas ; sans émettre de rameaux, elle descend sur le flanc gauche des vertèbres ; puis après avoir traversé le diaphragme, elle se continue vers l’arrière jusqu’au milieu des lombes, où, après s’être élargie et épanouie autour de l’aorte, elle se termine d’une manière fort obscure, que je ne suis pas encore parvenu à bien discerner]. {d}


  1. Grande veine azygos, v. note [2], Historia anatomica, chapitre xi.

  2. Venise, Vincentius Luchinus, 1563, in‑4o.

  3. L’anatomie moderne du cheval ne lui reconnaît qu’une veine jugulaire externe ; elle s’unit à l’axillaire pour former le « tronc remarquable » dont parlait Eustachi.

  4. Eustachi a bien décrit l’anatomie et le contenu particulier du canal thoracique unique du cheval, mais sans percevoir son rôle exact dans le transport du chyle (dont il connaissait l’existence) depuis le mésentère jusqu’aux veines du cou.

Thomas Wharton a été le premier à exhumer ce texte dans son Adenographia, {a} paragraphe intitulé Ductus Eustachii [Canal d’Eustachi], chapitre xvii, pages 116‑118 :

Hic mihi in mentem venit thoracici ductûs chyliferi descrpitio, centum ferè ab hinc annis observati et evulgati à celeberrimo Anatomico D. Bartholomeo Eustachio libro de venâ sine pari, Venetiis, anno 1564. edito. Quem locum mihi primus indicavit Collega noster ornatis. D. Ent. Quia verò liber ipse rariùs occurrit venalis, et quòd haud facilè quis credat hujus vasis inventionem tantæ esse antiquitatis, verba authoris hùc transcriber lubet.

 […]Patet, authorem vidisse et hìc descripsisse ductum ipsum chyliferum.

[Ici me vient à l’esprit la description du canal thoracique, que le très célèbre anatomiste Bartolomeo Eustachi a observé et publié voilà presque cent ans dans son livre sur la veine azygos, paru à Venise en 1564. {b} Mon très brillant collègue M. Ent {c} a été le premier à me le signaler. Étant donné que ce livre s’offre très rarement à la vente, et que chacune aura du mal à croire que cette découverte est si ancienne, je prends la liberté de transcrire le propos de son auteur. {d}

(…) Il est clair que l’auteur a vu et ici décrit le canal chylifère proprement dit].


  1. Londres, 1656, vnote Patin 17/1111.

  2. L’anatomiste anglais George Ent, v. note [1], Trois lettres de William Harvey sur le chyle.

  3. Sic pour 1563.

  4. Suit la transcription fidèle du passage d’Eustachi.

  5. Dans le chapitre xiii sur le pancréas, page 74, Wharton s’est prononcé sans ambiguïté sur la fonction de ce qu’il appellait le « canal d’Eustachi » :

    Revera autem, nec hepar, nec lien, neque pancreas sanguificationis muneri præsunt. Lacteæ enim thoracicæ satìs evincunt, in illis sanguificationem non perfici ; neque chylum ad easdem transmitti ; sed ad venas subclavias.

    [En vérité pourtant, ni le foie, ni la rate, ni le pancréas ne président à la charge de sanguification : les lactifères thoraciques en dépossèdent assez clairement ces organes ; le chyle ne leur est pas transmis, mais l’est aux subclavières].

    Un paragraphe du chapitre xv (page 99‑100) est intitulé Lacteum succum ad nullas partes deferri antequam ad cor perveniat [Le suc laiteux n’est transporté dans aucune partie du corps avant d’être parvenu au foie]. Toutefois, la sanguification cardiaque n’est pas explicitement reconnue, le chyle se mélange directement au sang pour l’enrichir (page 100) ;

    Non dubium est, quin in corde et arteriis cum vitali sanguine commixta, aliquam alterationem, et, ut ita dicam, meliorationem, sive exaltationem, priusquam inde in alias partes derivetur, acquirat.

    [Il n’est pas douteux que, mêlé au sang vital dans le cœur et les artères, il n’y soit soumis à quelque altération et, dirai-je, quelque amélioration ou exaltation, avant d’atteindre les autres parties du corps].


2.

Thoas, roi mythique de Tauride (actuelle Crimée), avait donné ordre que tous les étrangers qui s’aventuraient dans son pays fussent immolés sur l’autel d’Artémis (Diane) dont Iphigénie était la prêtresse (v. notes Patin 16/8206, notule {a}, et 30/8226).

Sur des arguments toujours contestables, seule une poignée d’anciens anatomistes a été suspectée d’avoir disséqué des humains vivants. V. note [5], Historia anatomica de Thomas Bartholin, chapitre v, pour l’étude des chylifères sur le corps des condamnés à mort qu’on avait richement alimentés avant leur exécution. En invoquant ces potentiels abus, Jean Pecquet voulait maladroitement s’abriter contre les reproches de n’avoir exploré les voies du chyle que chez les bêtes, mais sans reconnaître que sa situation du moment l’y avait sans doute contraint (v. note [9] de l’Épître dédicatoire). Il aurait été plus adroit en convenant que seule la vivisection animale autorisait une démonstration des voies du chyle aussi complète que la sienne.

3.

Je n’ai rien trouvé sur les lactifères ou le chyle dans les trois livres d’Observationum medicarum [Observations médicales] (Amsterdam, Ludovicus Elzevirius, 1641, in‑8o de 279 pages), seul ouvrage aujourd’hui répertorié de Nicolaas Tulp (Nicolaus Tulpius, vnote Patin 3/1151) ; mais les deux autres auteurs cités ont rapporté avoir vu les lactifères mésentériques en disséquant des cadavres humains.

  1. Johann Vesling (v. note [7] des Experimenta nova anatomica, chapitre i), médecin allemand qui professait à Padoue, les a ainsi décrits dans son Syntagma anatomicum [Traité anatomique], {a} chapitre iv (pages 38‑39), De Mesenterio, Pancreate, Iecore, et Liene [Sur le mésentère, le pancréas, le foie et la rate] :

    Pancreas est pars abdominis glandulosa, chylo ulteriùs attenuando, et depurgando, adeoque iecori, lienique præparando utilissima, antequam is nobiliore sanguinis veluti purpura imbuatur. Quemadmodum enim sanguinem ipsum, qui fætui alimento futurus, aut pro generatione eiusdem in semen transmutandus est, per varios quasi gradus, ad perfectionem sibi debitam Natura deducit : ita quem in sanguinem convertere conatur succum, non in ore tantum alterat, in ventriculo concoquit, fæcum admistorum onere sublevat ; sed in hoc viscerum calidiorum vestibulo, exactiùs quoque digerit, et ab acribus, salsisque sordibus vindicat. Itaque chylo, dum is spirante adhuc animali distribuitur, copiosè perfusum est pancreas, eundemque cuspide cultri sauciatum largiter effundit.

    Suscipit chylum suceptumque iecori subministrat, non per venas ullas, à porta descendentes, aut arterais ; sed singulares ductus, quos ob similitudinem aliquam, tum conformationis, tum distibutionis, venas Asellius nuncupavit, easque lacteas, ut superiùs memini, quòd candidum liquoris admissi colorem exprimant. Longa autem sunt, et teretia vascula, ex membrani tenui producta, à pancreate sursum, circa descendentis venæ portæ truncum ad iecur ; deorsum verò ad intestina, minutillimis propaginibus dispersa. Valvulis prædita sunt susceptu liquoris ad intestina regressum impedientibus. Ad lienem eadem pertingere, nexus potiùs pancreatitis cum illo suadere potuit ; quàm perspecta hactenus meatuum manifestorum communio : quos et delitescere necesse est, cum aqueam chyli portionem, adeoque non coloratam lieni suppeditent.

    Origo venarum lactearum, haud aliunde rectiùs, quàm à pancreate ducitur. Arterias enim, venasque rubentes, quibus illæ compositione officioque cognatæ sunt, non à surculis, sed ampliore truncorum fundamento Natura protendit. Idem in lacteis fieri vero similius est, quarum fundamentum, et amplitudo omnis circa pancreas ; ramuli verò extremi in jecore, atque intestinis. Colligere easdem in communem aliquem truncum, ob latitudinem pancreatis insignem, divino conditiori non placuit ; qui satis habuit, quemadmodum fit in nervis ad sensium organa perducendis, illas à communi quidem scaturigine, sed distinctis intervallis emittere.

    [Le pancréas est une glande de l’abdomen, destinée à atténuer et nettoyer le chyle, et donc indispensable à le préparer pour le foie et la rate, avant qu’il ne soit comme imprégné de la plus noble pourpre du sang. C’est ainsi que, comme par une succession de pas, la Nature élève le sang à la perfection qui lui est due, car c’est lui qui servira d’aliment au fœtus, ou qui devra être transformé en la semence qui assure sa génération. Elle ne se contente pas, pour entreprendre de transformer ce suc en sang, de le modifier dans la bouche, de le digérer dans l’estomac et de l’alléger du poids des déchets qui lui sont mêlés ; mais elle le fait plus mûrement macérer dans ce vestibule des viscères plus chauds et l’y délivre de ses ordures âcres et salées. Tandis qu’il se distribue dans l’animal qui en est avide, le chyle se répand donc copieusement dans le pancréas, qui le déverse ensuite largement, après qu’il a été comme haché par le tranchant d’un couteau. {b}

    Le pancréas accueille le chyle, puis le délivre au foie, non par l’intermédiaire de tributaires de la veine porte, ou d’artères, mais par celui de vaisseaux particuliers qu’Aselli {c} a appelés veines, en raison de quelque ressemblance de structure comme de distribution, en les disant lactées parce que, comme j’ai dit plus haut, le liquide qu’elles contiennent est de couleur blanche. Ce sont toutefois des vaisseaux longs et arrondis, entourés d’une fine membrane, qui partent du pancréas vers le haut pour gagner le foie autour du tronc de la veine porte descendante ; {d} mais vers le bas, ils s’éparpillent en tout petits rameaux vers les intestins. Ils sont pourvus de valvules qui empêchent leur contenu de refluer vers les intestins. Il se peut qu’ils se dirigent aussi vers la rate par une connexion qu’elle a avec le pancréas ; Aselli a été convaincu de leur existence, mais leurs méats manifestes de communication ont jusqu’ici échappé à l’inspection : ils sont nécessairement invisibles car ils véhiculeraient vers la rate la partie aqueuse du chyle, qui est incolore. {e}

    L’origine des veines lactées ne saurait être plus légitimement rapportée au pancréas qu’à toute autre partie de l’abdomen. La Nature a en effet établi des artères et des veines rouges, qui partagent leur organisation et leur fonction, tant au niveau de leurs plus petites ramifications que de leurs troncs d’origine ; et elle en a très vraisemblablement fait de même pour les lactifères, dont l’origine et tout le déploiement se situent autour du pancréas, mais dont les branches terminales siègent dans le foie et dans les intestins. En raison de la remarquable étendue du pancréas, le divin créateur n’a pas jugé bon de les rassembler en une sorte de tronc : il ne s’est pas contenté, comme il a fait pour les nerfs qui doivent parvenir dans les organes des sens, de les faire partir d’une source commune, mais les a fait naître séparément les uns des autres]. {f}


    1. Padoue, Paulus Frambottus, 1647, in‑4o de 274 pages (vnote Patin 28/206) ; v. note [43], Responsio ad Pecquetianos, 1re partie, pour l’avis critique de Jean ii Riolan sur ce livre.

    2. Vesling tenait ici le pancréas pour la noble glande qui assurerait l’ultime préparation du chyle, assimilé à la totalité des aliments digérés, c’est-à-dire au chyme intestinal, afin qu’il soit ensuite transformé en sang.

    3. Gaspare Aselli, v. note [1], Experimenta nova anatomica, chapitre i.

    4. Tronc de la veine porte (v. note [1], Dissertatio anatomica, chapitre ii), qui est formé par la réunion des veines splénique et grande mésentérique, derrière le pancréas, et qui monte vers le hile du foie. Les veines lactées joignant le pancréas au foie sont fictives.

    5. Cette connexion splénique est elle aussi fictive.

    6. Ainsi conçu, centré sur le pancréas, allant de l’intestin grêle au foie et sans collecteur visible, le mouvement du chyle n’avait rien de commun avec celui qu’a découvert Jean Pecquet. Avant lui, les « voies du Seigneur » étaient bel et bien « impénétrables » (Épître de Paul aux Romains, 11:33).

      V. note [39], Responsio ad Pecquetianos, 5e partie, pour un témoignage suggérant néanmoins que Vesling (mort en 1649) a vu les lactifères thoraciques, mais n’a pas eu le temps d’approfondir son observation.


  2. L’anatomiste vénitien Cecilio Folli (Foli ou Fuoli, Cæclius Follius ou Folius, 1614-1682) a publié une non vulgaris in lacteas nuper patefactas venas Animadversio [Remarque originale sur les veines lactées qu’on a récemment mises en évidence], qui précède sa Sanguinis a dextro in sinistrum cordis ventriculum defluentis facilis reperta via, cui non vulgaris in lacteas nuper patefactas venas animadversio præponitur [Découverte d’une voie simple par où le sang s’écoule du ventricule droit dans le ventricule gauche du cœur] (Venise, apud Bertanos, 1639, in‑4o). {a} La discussion sur les voies du chyle est longue de 13 pages, avec ce passage (page A 4 vo) :

    Denique Gaspar Aselius quartum addidit vasorum genus in mesereo, hoc est Venas albas, atque lacteo refertas cremore, qui quidem cremor verè Chylus dici potest, per quas Venas ipsemet Aselius ad Hepar vehi autumavit, quod, et ratio, et experientia clarè præ se fert.

    Venæ istæ tenuissimæ sunt, atque exiles admodum propè vulgatas Venas, atque Arterias positæ, nec non ut aliæ per ipsummet mesenterium dispersæ, ab Intestinis ad Iecur tendunt, in quo tandem Chylum deponentes Chylus ipse sanguis conficitur.

    Hæc vera, ac germana habetur via, per quam Chylus ad Hepar transportatur, ut inferius à nobis re ipsa demonstrabitur ; Antiquos etiam quosdam lacteas istas venas non latuisse credunt non pauci, quod videre est apud Hippocratem, Aristotelem, atque alios, qui de illis obscurè egerunt. Divinus siquidem Cous lib. de Humana Natura post omnium Venarum tenuium, nec non crassarum enumerationem, Et ex Ventre alias esse dicit, quæ alimentum deferunt.

    [Finalement, Gaspare Aselli a ajouté au mésentère un quatrième genre de vaisseaux : {b} ce sont des veines blanches et remplies d’un suc lacté, qui est le chyle proprement dit ; et en s’appuyant clairement sur le raisonnement et l’expérience, il a postulé que ces veines conduisent le chyle au foie.

    Elles sont très ténues et fort grêles, placées près des veines et des artères ordinaires, et tout aussi dispersées qu’elles par tout le mésentère ; elles se dirigent des intestins vers le foie, et lui apportent le chyle pour qu’il y soit transformé en sang.

    Telle la véritable et authentique voie par laquelle le chyle est transporté au foie, comme nos propres constats le démontreront plus bas. Maints auteurs croient que ces veines lactées n’ont pas non plus échappé aux Anciens, comme on voit chez Hippocrate, Aristote et d’autres, qui en ont traité obscurément : ainsi le divin maître de Cos dit-il, dans son livre sur la Nature de l’homme, après l’énumération de toutes les veines, tant de faible que de gros calibre, que beaucoup sortent du ventre pour délivrer l’aliment]. {c}


    1. Vnote Patin 6/1142.

    2. Outre les veines, les artères et les nerfs.

    3. Œuvres d’Hippocrate, traduites par Émile Littré, Paris, 1849, volume 6, chapitre 11, page 61 :

      « Telle est la distribution des grosses veines. Il est aussi des veines venant du ventre qui sont distribuées dans le corps en grand nombre, et par lesquelles la nourriture arrive aux parties. »

V. note [33], lettre de Thomas Bartholin à Johann Daniel Horst (1655), pour le traité de Folli sur la production et l’utilité de la graisse (Venise, 1644), où il semble bien avoir eu l’intuition que le chyle lacté y joue un rôle de premier plan, mais sans en avoir convaincu grand monde.

4.

Ce passage est extrait de la Nicolai Claudii Fabricii Vita [Vie de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc], conseiller au parlement d’Aix-en-Provence, écrite par Pierre Gassendi (Paris, 1641). {a} Il suit la relation des observations savantes qu’il a recueillies avec Peiresc {b} à Aix-en-Provence en 1634 (livre v, pages 282‑283) :

Ejusmodi fuere imprimis venæ mezenterio Lacteæ, quarum jam ante meminimus, quasque rursus, in quotquot licuit animalibus requisivit. Quoniam autem illas discereneri nisi in animali vivo, aut palpitante adhuc non posse, tum ex Asellio inventore, tum ex factis compluribus dissectionibus noverat, resque propterea in homine, quem vivum dissecare nefas, inobservabilis videbatur ; non ideo tamen desperavit, quin, si paucis horis ad suffocatione, interanea disquirirentur, vestigia jujuscemodi venarum sese proderent. Quamobrem…

[Les veines lactées du mésentère furent l’une les premières d’entre elles : nous en avions déjà entendu parler et il les avait recherchées chez tous les animaux qu’il avait pu examiner. Il savait, tant par Aselli, {c} qui les avait découvertes, que par les nombreuses dissections qu’il avait faites, qu’on ne pouvait les discerner que chez une bête vivante, ou dont le cœur palpitait encore, et jugeait donc impossible de les observer chez l’homme, qu’il est criminel de disséquer tout vif. Il n’avait cependant pas perdu tout espoir que les traces de ces veines se montreraient en fouillant les entrailles d’un pendu peu de temps après son exécution. À cet effet…] {d}


  1. Vnote Patin 10/60. Au double témoignage de Charles Du Périer (vnote Patin 12/386, notule {c}) et de Samuel Sorbière (vnote Patin 20/528), Jean Pecquet a été appelé au chevet de Gassendi à Paris, dans la maladie qui l’emporta en octobre 1655.

  2. Gassendi et Peiresc étaient philosophes, et donc naturalistes (curieux de la nature), mais n’étaient pas médecins.

  3. Gaspare Aselli, v. note [1], Experimenta nova anatomica, chapitre i.

  4. La suite est citée par Jean Pecquet, je l’ai traduite entre guillemets.

Peiresc a ajouté quelques détails dans une lettre à Pierre Bourdelot, {a} datée d’Aix le 6 septembre 1634 : {b}

« Au reste, nous avons encore céans ce bon M. Gassendi qui ne perd pas un moment de temps auquel il puisse faire quelque digne observation pour en aider le public. Nous vîmes ensemble dernièrement les veines lactées sur le corps d’un homme plus d’une heure et demie après qu’il avait été pendu et étranglé, le corps ayant été donné par la Cour aux professeurs en médecine {c} avec permission de l’ouvrir le jour même. Il est vrai que j’avais donné ordre que le concierge le fît bien dîner avant qu’il eût notice de sa condamnation, et que j’avais averti le maître chirurgien qui en fit la dissection d’ouvrir promptement le corps et incontinent toutes les veines et artères qui se venaient insérer au foie, pour empêcher que les lactées ne s’y dégorgeassent et vidassent trop tôt, comme je l’avais éprouvé autrefois sur un mouton, ce qui s’accorda fort heureusement et à souhait en plein théâtre de l’anatomie au conspect {d} de plus de trente personnes d’honneur qui virent lesdites veines fort apparentes en divers endroits du mésentère. » {e}


  1. Bourdelot (v. note [10], Historia anatomica, chapitre xv) séjournait alors à Rome.

  2. Lettres de Peiresc, Paris, 1898, lettre cccxv, tome septième, page 712.

  3. La Faculté de médecine d’Aix-en-Provence, concurrente d’Avignon et Montpellier, avait été créée en 1557.

  4. Sous les regards.

  5. Une autre relation de cette dissection, qui eut lieu 19 juillet 1634, figure dans la lettre xxvii, tome troisième, pages 151‑152 à Jacques Dupuy (vnote Patin 5/181).

L’expérience de Peiresc démontrait la présence de chyle dans les vaisseaux lactés du mésentère, mais sans rien conclure sur les voies qu’il suit après les avoir quittées. Le mérite de leur découverte chez l’homme, sur les traces immédiates de Pecquet, revint à Thomas Bartholin en 1652 (v. notule {b}, note [6], Experimenta nova anatomica, chapitre i), en suivant le protocole imaginé par Peiresc sur un condamné à mort.

5.

Deutéronome, 19:15 :

In ore duorum aut trium testium stabit omne verbum.

[Sur la parole de deux ou trois témoins le fait sera établi]. {a}


  1. Citation reprise par saint Paul dans la Deuxième épître aux Corinthiens, 13:1.

6.

V. note [3], Experimenta nova anatomica, chapitre ii, pour Jacques Mentel, qui indiqua à Jean Pecquet le chemin à suivre pour faire sa découverte. Mentel se targuait d’avoir pour ancêtre Jean Mentel, ou Mentelin, imprimeur de Strasbourg au xve s. qui a vainement revendiqué l’invention de l’imprimerie avant Johann Gutenberg (v. notes Patin 34/242 et [10], première partie du Clypeus) ; pour éreinter Mentel, Jean ii Riolan est longuement revenu sur la question dans les troisième, cinquième et sixième parties de sa Responsio ad Pecquetianos.

7.

Vnote Patin 7/921, pour Louis Gayan (Gayant), chirurgien parisien de la confrérie de Saint-Côme qui a assisté Jean Pecquet dans ses dissections animales. Pierre De Mercenne et Adrien Auzout figurent parmi les auteurs de notre édition.

8.

Jacques Du Val, natif de Paris, avait été classé premier des neuf licenciés reçus par la Faculté de médecine de Paris le 18 juin 1646 (Comment. F.M.P., tome xiii, fo 301 ro), puis reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris le 22 novembre suivant en présidant la thèse quodlibétaire du bachelier Étienne Bachot, Est-ne Medicus Philosophus ισοθεος ? [Le médecin philosophe n’est-il pas l’égal d’un dieu ?] (affirmative). Il figure pour la dernière fois sur la liste des docteurs dressée le 23 novembre 1649, sous le décanat de Jean Piètre, avec cette mention manuscrite du doyen Guy Patin, son successeur : Obijt eruditissimus juvenis, 20. Augusti, 1650. ex assumpto stibio et febre continua [Très savant jeune homme, il mourut le 20e d’août 1650 d’une prise d’antimoine et d’une fièvre continue] (ibid. fo 418 vo).

Son « premier lieu de licence » et le sujet de sa première présidence autorisent à supposer que Jacques était le fils de Guillaume Du Val, docteur régent et ancien doyen de la Faculté, et professeur royal de philosophie grecque et latine, mort en septembre 1646 (vnote Patin 10/73).

9.

Dès son édition de 1651, Jean Pecquet reconnaissait ici la médiocrité de son latin, que lui ont reprochée Thomas Bartholin, en 1652, et Jean ii Riolan, en 1653 (v. note [8] de l’Historia anatomica, chapitre v) ; mais en dépit de cet humble aveu, il ne l’a pas amendé dans la seconde édition de son livre : elle ne diffère de la première que par son remords sur les clavicules du chien (v. note [8], Experimenta nova anatomica, chapitre ii).

a.

Page 17Ioan. Pecqueti Diepæi Experimenta nova anatomica.

Caput vi.

Non Canis solus, sed et domestica saltem Animalia
Lacteas habent et
Receptaculum ; nec
deesse Hominibus ostenditur. Adducuntur in hu-
jusce libelli veritatem, gravissimorum virorum te-
stimonia
.

Ita (mi Lector) habes exactam Lacrea-
rum Venarum historiam. Intra triplicis
dissectionis spatium, assiduum fermè
trium annorum laborem coarctavi ; quia
tantilli temporis dispendio potes ab erro-
ribus desciscere. Trinum tibi, ut expono canicidium
dabit, quod mihi centená plusquam vivarum Ani-
mantium exenteratione vix tandem concessum est.

Nec putes solâ me canini extispicij convictum evi-
dentiâ ; hanc et sibi demonstrati Chyli gloriam omni-
genum prope vendicat pecus : Boves, Equi, Sues,
Feles, ut aliarum specierum non pauca, supposita qua-
vis ætate secespitam meam cruentarunt.

Diversa tantisper in Ovibus natura ludit : in his non
bivium, sed unicus crassiorque canalis à Recepta-
culo
Chylum ad quartam dorsi Vertebram devol-
vit ; indéque bifidus per Subclaviorum (ut in cane
notavimus) foraminum ostiola eundem in cavam
exonerat. Id ipsum et in aliis interdum Animantibus
(rariusculè quidem) observavi : Sed utcunque Chy-
lus studeat compendio, viarúmque multiplicitatem
fugiat, ab iisdem tamen Receptaculi carceribus

b.

Page 18Ioan. Pecqueti Diepæi Experimenta nova anatomica.

proruens, eandem semper Iugularis alterius aut (ut
sæpius apparuit) utriusque metam invadit.

Homines non dixi quia Thoanteos ritus execror,
mitioribus sacris innutritus. Brutis minimè peperci
in Hominum usum à Conditore creatis. Sanctius iis
Animal veneratus sum ; Ab hoc abstinuit innatæ le-
gis, quam colo, memoria ; huius mihi scopus sanitas,
non quod est formidolosissimum. Fugienda est Me-
dicina, quam docet crudelitas ; et abominanda sa-
pientia, quam parit Homicidum.

Tamen audacter pronuncio etiam Hominibus,
quos eâdem cum brutis viscerum sarcinâ communis
Parens instruxit, non esse Chylosæ substantiæ dispa-
rem officinam.

Hoc (ne nostram in portu rideas sententiam, expe-
rientiæ defectu, fecisse naufragium) præter diutur-
nam Lactearum in Humano cadavere moram, ut Am-
stelodami Tulpius, Veslingius, Patavij, Venetiisque Folius
observarunt ; probat eximium celeberrimi Gassendi te-
stimonium, dum in furciferi paulo pòst supplicium
aperti Mesenterio, Venas Lacte turgidas illustrem Pei-
reschium
asserit scpectavisse. Hujus dum scriptis vitam
commendat, sic eloquitur, Quamobrem damnatum sus-
pendio procurauit primum
, Peireschius, antequàm judicium
capitale pronuntiaretur securè et egregiè pasci, ut nemmpe esset
unde Chylus, Lactesceret, quo tempore requireretur ; ac inde
non nisi horâ cum semisse post suspendium expectatâ Cadaver
devehi curat in anatomicum Theatrum ; præsitum est ve-
rò eâ diligentiâ, ut aperto Abdomine Venæ Albescentes ap-
paruerint, útque ex nonnullis resectis colligi potuerit liquor
Lacteus ; quod profecto visum est mirum
. Huic et inter-
fuit Gassendus spectaculo, quod ipse pridem mihi, dum
Parisiis degeret, viva voce confirmavit.

c.

Page 19Ioan. Pecqueti Diepæi Experimenta nova anatomica.

Et quia bonum non est, quod diffundi non vult,
plures accersivi, non quidem ex gregalium fæce pro-
miscuos homines ; sed oculatos admodùm, et in rebus
Anatomicis eruditos viros : ut, non tam meæ testes
sapientiæ, quàm felicitatis participes, te saltem ad au-
dendum suâ valeant auctoritate compellere.

Placet et selectis aliquot eorum Nominibus obsti-
natum (si ultrà tibi) animum obruere. In ore duorum
vel trium, inquiunt Oracula, stabit omne verbum ; plu-
res citabo. Ac in primis quidem Iacobum Mentellum,
virum Patricium et in almâ Parisiensis Medicinæ
Scholâ lectissimum Professorem, dignissimúmque
ejus Pronepotem cui Typographiæ Inventionem de-
bet Orbis. Petrum deinde Mersennum in eâdem facul-
tate Doctorem sapientissimum. Adrianum Auzotium
Rothomagensem addam, virum omni literarum gene-
re ornatissimum, cujus ope, consilio, et intimâ familia-
ritate mihi non pauca patuerunt. Ludovicum denique
Gayanum, insignis notæ Chirurgum, cujus eximiam ad-
miratus, dum in publicis Medicorum Lutetiæ Scho-
lis dissecaret Mentello nobili disserente, peritiam, op-
tavi aut meorum damnatorem errorum, ant {a} manifestatæ
mihi tam crebro experimento, veritatis assertorem.
Nec præterivissem, nî festina mors invidisset, Iacobum
Duvallium
in eâdem Parisiensium Medicorum faculta-
te doctorem solertissimam, quem ingenua fides detectæ
fecit dudum præconem veritatis, ut in eandem amor
Experimentis meis dederat diligentissimum spectatorem.

In hos plura non eloquar, ne lædam inconditâ ser-
monis barbarie. Subjungerem et alios ; sed testium
suspecta fides, ubi pauci, tantíque non sufficiunt, nec
iniquitate vacaverit iudicantis animus, si, ultra lega-
lem, numerum augeri vult.


  1. Sic pour : aut.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Jean Pecquet, Experimenta nova anatomica (1651) : Chapitre vi

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(Consulté le 13/06/2024)

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