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L’installation du patient - Les fauteuils

L’installation du patient dans la littérature chirurgicale et odontologique.
Les premiers fauteuils

Jacques Guillemeau (1549-1613) écrit à la fin du XVIe siècle : « Il faut situer le malade selon votre commodité ». Sans trop de souci pour le patient, mais avec un début de recherche ergonomique pour l’opérateur, presque tous les auteurs, décrivent les mêmes positions des protagonistes que les iconographiques. Le patient se retrouve donc, comme on l’a vu, tantôt par terre, sur un coussin, sur un siège bas, la tête souvent maintenue entre les cuisses ou les genoux de l’opérateur. En 1728, Pierre Fauchard (1679-1761) dénonce la précarité de toutes ces installations et recommande l’usage d’« un fauteuil ferme & stable, propre & commode, dont le dossier sera garni de crin, ou d’un oreiller molet plus ou moins élevé ». Au XVIIIe siècle, certains experts dentistes qui n’opéraient pas que chez eux et qui se rendaient également au domicile des patients vont opérer sur des fauteuils de salon. Des aides pour maintenir la tête du patient étaient souvent requis. C’est seulement au XIXe siècle que la pratique commence à se sédentariser et ce sont ces praticiens-là qui vont créer des fauteuils pour, notamment, incliner et caler la tête du patient du mieux possible. Les inventifs Maury, Snell, Gresset, Gardette, Rotondo en donnent la représentation graphique dans leurs ouvrages. Leurs fauteuils, démontrent sans cesse la volonté de perfectionner et sécuriser la pratique de l’opérateur et en corollaire d’assurer au mieux le confort de l’opéré. L’essor métallurgique de la deuxième moitié du XIXe siècle favorisera cette recherche qui s’accroîtra au fur et à mesure de la diversification des opérations rendues possibles techniquement, grâce aux progrès et à la spécification grandissante des instruments et du matériel. Ce sera l’objet des parties suivantes.

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Abulqasis (936-1013), in Chirurgia Libri tres, 1532

Page de titre : Chirurgia Libri tres, Strasbourg, J. Schott, 1532

(BIU Santé 00055)


La chirurgie d’Abulcasis, (trad. Lucien Leclerc) 1861

Page de titre : La chirurgie d’Abulcasis, traduction de Lucien Leclerc, Paris, J. -B. Baillière,

(BIU Santé 30707)

« Une fois que vous êtes bien certain de l’identité de la dent douloureuse [...] Saisissez là avec de fortes pinces, après avoir placé la tête du malade entre vos genoux et l’avoir fixée, de manière qu’il ne puisse remuer », La chirurgie d’Abulcasis, traduction de Lucien Leclerc, Paris, J. -B. Baillière, p. 98-100


Guillemeau, Jacques (1549-1613), Les Œuvres de chirurgie,1602

Page de titre : Jacques Guillemeau (1549-1613), Les Œuvres de chirurgie de Jacques Guillemeau, chirurgien ordinaire du Roy et Juré à Paris, divisées en treize livres. Avec les Portraicts & Figures Anatomiques de toutes les parties du corps humain. Et des instruments nécessaires au Chirurgien. Dernière édition. Paris, Nocilas Buon

(BIU Santé 251)

« Il faut situer le malade selon votre commodité », p. 237


Dionis, Pierre (1650-1718), Cours d’opérations de chirurgie, 1707

Page de titre : Pierre Dionis (1650-1718), Cours d’opérations de chirurgie démontrées au Jardin Royal, Paris, Laurent d’Houry , 1707

(BIU Santé 30622)

Pour nettoyer les dents :

« L’opérateur ayant placé la personne, la face tournée au jour, & arrangé sur un siège ce qui lui est nécessaire, il se met un peu à côté de la personne assise, & ayant posé un genou à terre pour travailler plus commodément, il parcourt toutes les dents les unes après les autres », p. 507-508

Pour extraire une dent :

« L’on fait asseoir à terre sur un carreau seulement celui à qui on veut arracher une dent ; l’Opérateur se met derrière lui & ayant engagé la tête entre ses cuisses il la lui fait un peu hausser, la bouche du patient étant ouverte il y remarque la dent gâtée afin de ne pas prendre l’une pour l’autre »,

Pierre Dionis (1650-1718), Cours d’opérations de chirurgie démontrées au Jardin Royal, Paris, Laurent d’Houry , 1707, p. 516


Garengeot, René Jacques Croissant de (1688-1759), Nouveau traité des instruments de Chirurgie les plus utiles, 1723

Page de titre : René Jacques Croissant de Garengeot, (1688-1759), Nouveau traité des instruments de Chirurgie les plus utiles, et de plusieurs machines propres pour les maladies des os, Dans lequel on examine leurs parties, leurs dimensions, leurs usages, & on fait sentir la vraïe manière de s’en servir. Ouvrage très-nécessaire aux Chirurgiens, & très utile pour les Couteliers ; enrichi de Figures en taille douce, qui répondent à l’explication. Par René Jacques Croissant de Garengeot, chirurgien à Paris. La Haye, Henri Scheurleer, 1725

(BIU Santé 30818)

Pour procéder à une extraction aussi bien avec un pélican qu’avec un davier : « On fait situer le malade de façon qu’il soit assis par terre ou sur un coussin, & dans un endroit où le jour éclaire bien. Le Chirurgien derrière le malade, lui fait appuyer la partie postérieure de la tête sur les cuisses qui sont un peu approchées l’une de l’autre ». René Jacques Croissant de Garengeot, (1688-1759), Nouveau traité des instruments de Chirurgie les plus utiles, p. 63-64


Fauchard, Pierre (1679-1761), Le Chirurgien Dentiste ou Traité des Dents, 1728

Page de titre : Pierre Fauchard (1679-1761), Le Chirurgien Dentiste ou Traité des Dents, où l’on enseigne les moyens de les entretenir propres & saines, de les embellir, d’en réparer la perte & de remédier à leurs maladies, à celles des Gencives & aux accidens qui peuvent survenir aux autres parties voisines des Dents. Avec des Observations & des Réflexions sur plusieurs cas singuliers. Ouvrage enrichi de quarante planches en taille douce. Par Pierre Fauchard, Chirurgien Dentiste à Paris. Paris, Jean Mariette, 1728,

(BIU Santé 31332)

Vol. I, Chap. XI

La situation du sujet sur lequel on doit opérer ...

« on doit le faire asseoir ordinairement sur un fauteuil ferme & stable, propre & commode, dont le dossier sera garni de crin, ou d’un oreiller molet plus ou moins élevé, & renversé suivant la taille de la personne, & surtout suivant la taille de l’opérateur.

Le sujet étant placé dans un fauteuil, ses pieds portant à terre, son corps appuïé contre le dossier, ses bras sur ceux du fauteuil, on appuîra la tête contre le dossier ; on observera de varier les attitudes de sa tête, suivant qu’il sera nécessaire [...] en un mot dans l’attitude la moins gênante que faire se pourra pour le sujet & en même temps la plus commode pour l’opérateur », p. 143-144

« S’il s’agit de travailler à ses dents le plus enfoncées dans la capacité de sa bouche, il ne sera plus question [...] de situer le malade dans un fauteuil, il faudra lui substituer le canapé, le sopha, ou le lit. S’il est alité, il ne sera plus question que de le situer le plus favorablement possible à la faveur d’oreillers ou coussins multipliez suffisamment et bien placez : on observera la même circonstance si on le situe sur un sopha ou sur un canapé [...]. la situation du sujet ainsi couché à la renverse, n’est pas la moins avantageuse. Je suis surpris que la plupart de ceux qui se mêlent d’ôter les dents, fassent asseoir ordinairement les personnes à terre ; ce qui est indécent et malpropre ; d’ailleurs cette situation gêne & épouvante ceux à qui on ôte des dents, sur-tout les femmes enceintes, cette situation leur et d’ailleurs très nuisible », p. 147-148

Vol. II, Chap. III.

Manière d’opérer méthodiquement pour nettoyer une bouche, ...

« Pour opérer commodément, on fait asseoir le sujet sur une chaise, ou sur un fauteuil stable, qui ne soit ni trop haut, ni trop bas, sa tête mollement appuïée contre le dossier », p. 16

Chap. V. « Pour agrandi, ruginer, & netoyer les trous cariez [...] on fait asseoir le sujet sur lequel il s’agit d’opérer, sur un fauteuil convenable & la tête est appuïée contre le dossier ... », p. 56

Chap. X. « Lorsque les racines ne tiennent pas beaucoup, la personne est assise sur une chaise basse [...] Lorsqu’il est question d’opérer aux incisives & aux canines avec le poussoir, on se met à son choix dans la situation la plus commode : on fait assujettir la tête du sujet sur le dossier » p. 130-131

« Il est à propos, lorsque ces racines paraissent un peu difficiles à ôter, que l’opérateur passe derrière le sujet pour lui assujettir la tête contre son estomac, [...] Lorsque les racines ou les dents tiennent trop [...] on peut les ôter avec le poussoir en observant les circonstances qui suivent. On fait asseoir celui sur qui on doit opérer sur une chaise très basse ; l’opérateur se place derrière, puis étant élévé au dessus du sujet, il affermit sa tête contre sa poitrine, il pose le poussoir sur la face extérieure des chicots ou de la dent. Il fait en sorte que le poussoir réponde en ligne directe au point d’appui sur lequel la tête se trouve posée : après cela tenant l’instrument dans sa main gauche, il tient de sa main droite une livre de plomb en mase [...] il frappe sur le manche du poussoir ... », Pierre Fauchard (1679-1761), Le Chirurgien Dentiste ou Traité des Dents, Paris, Jean Mariette, 1728, p.132-133


Bourdet, Étienne (1722-1789), Recherches et observations sur toutes les parties de l’art du dentiste, 1757

Page de titre : Étienne Bourdet (1722-1789), Recherches et observations sur toutes les parties de l’art du dentiste, Paris, Jean Thomas Hérissant, 1757

(BIU Santé 31324)

« Pour pratiquer cette opération (redresser les « dents penchées » par luxation avec un pélican) aux dents de la mâchoire inférieure, il faut se placer devant le sujet ; au lieu qu’il faut être derrière lui pour opérer à la mâchoire supérieure. Il faut aussi le faire asseoir sur un siège fort bas & que sa tête soit renversée sur le dossier du fauteuil, ou, s’il n’y a point de dossier, sur celui qui opère », p. 23

En revanche, il évoque la présence parfois nécessaire d’un aide opératoire, en particulier pour cautériser les dents : « On garnit avec une serviette les parties qui pourroient en être offensées, comme les lèvres & les joues ; on a aussi une cuillère, pour garantir la langue, que l’on couvre, & on la fait tenir par un Domestique », Étienne Bourdet (1722-1789), Recherches et observations sur toutes les parties de l’art du dentiste, Paris, Jean Thomas Hérissant, 1757, p. 113


Heister, Lorenz (1683-1768) / Paul, François (1731-1774), Institutions de chirurgie, 1770

Page de titre : Lorenz Heister (1683-1768) / Paul, François (1731-1774), Institutions de chirurgie, où l’on traite dans un ordre clair et nouveau de tout ce qui a rapport à cet art : ouvrage de près de quarante ans, orné d’un grand nombre de figures en taille douce, qui représentent les instruments le plus approuvés et le plus utiles, le manuel des opérations, les appareils et les bandages, Avignon, J. J. Niel, 5 vol., 1770

(BIU Santé 30668)

« Or, voici la meilleure manière de faire l’extraction d’une dent. Si elle est à la mâchoire inférieure, on fera asseoir le malade sur un siège bas, ou même à terre. Si au contraire, elle se trouve à la mâchoire supérieure, on le placera sur un siège élevé ou sur un lit, quoique dans l’un ou l’autre cas, il y ait des opérateurs qui le font asseoir à terre ou sur une chaise basse. », p. 87-88


Laforgue Louis, (?-1816), L’Art du dentiste, 1802

Page de titre : Louis Laforgue (?-1816), L’Art du dentiste, ou manuel des opérations de chirurgie qui se pratiquent sur les dents, et de tout ce que les dentistes font en dents, artificielles, obturateurs et palais artificiels, Paris, Crouillebois, Barois jeune, Méquignon, Gabon et Comp., 1802

(BIU Santé 31409)

« Chez ceux qui font journellement ces opérations [extractions] , il y a des sièges exprès pour cela. Il faut que l’opérateur sache opérer, sur une chaise à bas dossier, sur une pierre, sur une caisse de tambour, par terre, le malade y étant assis ou couché, aussi bien que dans un fauteuil à dossier, parce que souvent on se trouve éloigné des maisons où les sièges se trouvent ; dans les camps, dans les ambulances, et dans beaucoup d’endroits, des cas se présentent où l’adresse doit suppléer au siège. Dans les cas où le dossier de la chaise manque, pour y appuyer la tête, une personne, un mur, une cloison, ou un arbre peuvent y suppléer », Louis Laforgue (?-1816), L’Art du dentiste Paris, Crouillebois, Barois jeune, Méquignon, Gabon et Comp., 1802, p. 170-171


Conception des premiers fauteuils spécifiques

C’est au tout début du XIXe siècle que les auteurs vont décrire avec précision un « siège très-commode, propre à bien asseoir tout le corps, à reposer les bras et à recevoir convenablement la tête » (Gariot). Avec le tableau de Turner (1808) on constate un premier pas vers un fauteuil spécialisé. La vraie première représentation d’un fauteuil spécifique date de 1828 (Maury).


Gariot, Jean-Baptiste (1761-1835), Traité des maladies de la bouche, 1805

Page de titre : Jean-Baptiste Gariot (1761-1835), Traité des maladies de la bouche, d’après l’état actuel des connaissances en médecine et en chirurgie qui comprend la structure et les fonctions de la bouche, l’histoire de ses maladies, les moyens d’en conserver la Santé et la beauté, et les opérations particulières à l’art du dentiste, Paris, Duprat-Duverger, 1805

(BIU Santé 72007)

« Avant de commencer son opération, le dentiste doit préparer et faire disposer toutes les choses dont il aura besoin. Il doit avoir un siège très-commode, propre à bien asseoir tout le corps, à reposer les bras et à recevoir convenablement la tête pendant une opération qui est souvent longue ; ce siège cependant doit être élégant et ne pas trop sentir l’opération ». IV partie, p. 252

« ... après avoir fait asseoir la personne sur le fauteuil, mis sur son épaule une serviette pour essuyer les instrumens, et placé devant elle une chaise ou une petite table sur laquelle se trouve une cuvette et un verre d’eau tiède pour rincer la bouche ; [...] le dentiste commence à nettoyer la bouche de la manière suivante. Il se place à la droite de la personne, il lui fait pencher la tête sur le dossier du fauteuil, ou il met un oreiller s’il juge que cela soit plus commode », IV partie p. 254

Gariot conseille, comme Bourdet :« il faut que le dentiste ait la précaution de faire retenir les mains de la personne par un domestique », IV partie p. 283


J. M. W. Turner, "The unpaid bill, or the dentist reproving his son’s prodigality", tableau 1808

À gauche, un atelier de prothèse occupe pratiquement la moitié du tableau. À l’extrême droite on devine le fauteuil

« Cette scène est équivalente aux thèmes de l’alchimiste et surtout de l’empirique, chers aux peintres de scènes de genre du XVIIe siècle flamand et hollandais, mais selon les auteurs, on trouve « dans la vaste collection de Payne Knight [un tableau intitulé] Le laboratoire de l’alchimiste qui, comme ...Le dentiste reprochant la prodigalité de son fils ; montre un vieil homme en désaccord avec sa famille. Cette peinture a récemment été attribuée à Gérard Thomas [...] à première vue, [Elle] montre la pièce bien équipée d’un dentiste au sommet de la profession à la fin de la grande période du développement professionnel du dix-huitième siècle », BDJ, 2004

Fauteuil de salon dans le tableau de Turner, 1808 (détail)

« La chaise est un exemple typique, haute, à dossier rectangulaire, droit et tapissé [ce sont des] fauteuils avec accoudoirs, utilisés par les dentistes du temps (Turner l'a arrondi à l’« antique » pour la peinture). Cette conception de fauteuil dentaire a eu une longue période d'utilisation, [dès] Snell en 1831 [qui montre] une version avec têtière et dossier inclinable, ainsi que [un] plateau d'instruments, lumière et miroir, et un marchepied », BDJ, 2005

M. Bishop, S. Gelbier and J. King
"M. W. Turner’s the unpaid bill, or the dentist reproving his son's prodigality", British Dental Journal, vol.197, n°12, 25 décembre 2004, p.757
"Science and technology in Turner’s Georgian dentist’s rooms", British Dental Journal, vol.198, n°5, 12 mars 2005, p. 299

À gauche, un atelier de prothèse
occupe pratiquement
la moitié du tableau.
À l’extrême droite on devine le fauteuil
Fauteuil de salon
dans le tableau de Turner,
1808 (détail)

Maury, J.-C. F. (1786-1840), Traité complet de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances, 1828

1828 Page de titre : J.-C. F., Maury, Traité complet de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances, Paris, Gabon 1828

(APHPF00111)


Maury, J.-C. F. (1786-1840), Traité complet de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances. Planches (couleurs), 1828

Page de titre : J.-C. F. Maury (1786-1840), Traité complet de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances, Planches (couleurs). Paris, Gabon, 1828

(APHPF 210)

Fauteuil du dentiste dont la hauteur est de trois pieds

Pl. XXXII, 4, « le siège sur lequel sera placé l’opéré doit être commode », J.-C. F., Maury, Traité complet de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances, Paris, Gabon 1828, p. 202
« Ce fauteuil se différencie [...] par des pieds sabre, très cintrés, un dos à bord supérieur arrondi pour permettre l’inclinaison de la tête vers l’arrière et des accoudoirs très massifs terminés en volutes »
Claude Rousseau, « Évolution conceptuelle du fauteuil opératoire en odontologie. Aspect historique. Expérimentation ergonomique », Thèse de 3e cycle de Doctorat en Chirurgie dentaire, Paris V-Descartes, 1985, p. 23.

Fauteuil du dentiste dont
la hauteur est de trois pieds

Snell James, A practical guide to operations on the teeth, 1831

Page de titre : James Snell, A practical guide to operations on the teeth, London, John Wilson, 1831

https://archive.org/details/b21444407

« Il n’y a aucune partie de tout ce qui concerne un dentiste qui n’a plus d’importance pour sa réussite qu’un bon fauteuil opératoire.

À cet égard, les professeurs de ce pays n’y ont pas porté l’attention voulue, la plupart n’ayant qu’un fauteuil classique, dont l’usage doit, dans de nombreux cas, être également gênant pour l’opérateur et fatigant pour le patient ». Snell se met ensuite à la place du patient qui peut se demander, à juste titre, si l’opérateur peut être aussi performant pour soigner des dents maxillaires que des dents mandibulaires. Il conclue : « Ceci, cependant, peut se faire par l’utilisation d’un fauteuil élaboré sur la base de principes véritablement scientifiques ». Snell poursuit : « ce fauteuil facilite la performance de chaque type d’opération » et chaque dentiste trouvera « avantage à posséder un tel fauteuil ». Il pense que personne « ne peut [...] fabriquer un fauteuil approprié, sauf sous la direction d'un bon dentiste ».

Operating chair 1831
Pour la fabrication d’un tel fauteuil il faut tenir compte de trois éléments principaux.

« Premièrement, le fauteuil doit permettre de placer le patient dans toutes les positions [...] Deuxièmement, il devrait y avoir attaché tous les articles [...] qui pourraient être nécessaires [...] [et] qui ne pourraient être tenus à la main [...] Troisièmement, pour assurer la fermeté de la position du patient, un appareil pourrait être fixé sur lequel les pieds peuvent se poser [...] J’ai senti de mon devoir de construire un fauteuil, mieux adapté à l’objectif »
Snell fournit tous les détails sur son fauteuil : « le cadre doit être assez lourd ; les pieds fermement fixés au sol [...] il doit être possible de le mettre complètement à l’horizontale, ou restant à n’importe quel angle requis par l’opérateur ».
Le dossier mesure près de 1 m 20 en hauteur et le siège au moins 60 cm de diamètre et il est réglable en hauteur. Snell n’oublie pas de mettre une première têtière « au sommet du fauteuil, qui devrait être capable de traverser de droite à gauche » cette partie haute du fauteuil et une deuxième « sur la partie gauche [...] un coussin souple semi ovale ayant la forme d’une tête ».
Sont prévus plusieurs coussins de taille différente pour le dos et pour rehausser le patient, ainsi qu’un marchepied réglable. Il faut également fixer au fauteuil des « accessoires [...] : sur le bras droit [...] une table mobile d’environ un pied de circonférence [91 cm] [...] sur le bras gauche est fixé un miroir puissant ». Ce miroir est prévu pour que le patient puisse voir et choisir avec le praticien « les dents artificielles ». Snell a prévu également que le patient « tienne dans sa main gauche une bougie pour l’utilisation du cautère ». Pour l’éclairage, si c’est nécessaire, c’est beaucoup mieux d’avoir « de la cire blanche épaisse placée dans un [support] [...] fixé sur le bras gauche du fauteuil, près du dossier ». Ce support doit avoir plusieurs zones où placer la cire « en face de la bouche ». (Traduction partielle de Snell James, A practical guide to operations on the teeth, London, John Wilson, 1831, p. 56-70)
1831
(Ce fauteuil fait partie du groupe des fauteuils mécaniques dont le système de levage est situé sous le siège : mécanisme à crémaillère ou à vérin à vis ». Le modèle de Snell a une base et un corps qui ne sont dissociés ; Claude Rousseau, Évolution conceptuelle du fauteuil opératoire en odontologie. Aspect historique. Expérimentation ergonomique, Thèse de 3e cycle de Doctorat en Chirurgie dentaire, Paris V-Descartes, 1985, p. 24-25.)

Snell James, A practical guide to operations on the teeth, London, John Wilson, (texte integral p. 56-70)

>>> DOSSIER

Operating chair 1831
Pour la fabrication d’un tel
fauteuil il faut tenir compte
de trois éléments principaux.
DOSSIER
(15 images)


Maury, J.-C. F. (1786-1840), Gresset Paul, Traité de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances. Planches, 1841

Page de titre : J.-C. F. Maury (1786-1840), Gresset Paul, Traité complet de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances, Planches. Paris, Just Rouvier, 1841

(APHPF 101)

Fauteuil de Gresset, 1841
Ce fauteuil de Gresset diffère de celui de Maury par ses pieds antérieurs à balustre et surtout par le dossier dont la têtière est inclinable.

« Il est de forme carrée, à dossier droit un peu penché en arrière. Les pieds de derrière doivent être cintrés et saillants, afin d’éviter que les efforts du malade ne puissent renverser le fauteuil dans cette direction. [...] Les accotoirs (ou bras) sont à manchettes, et placés à 16 centimètres au-dessus du siège.
Le dossier a une longueur totale de 75 centimètres, à partir du siège. La première partie fait 50 centimètres de long, et l’extrémité supérieure 25 centimètres. Ces deux parties sont réunies par deux charnières. L’extrémité supérieure est garnie de deux joues d’environ 20 centimètres de large. Ces joues sont garnies d’une lame d’acier un peu courbe, d’environ 3 centimètres de large sur 3 millimètres d’épaisseur. Cette lame est percée de trous très rapprochés dans toute sa longueur. L’extrémité inférieure est percée de trois trous au moyen desquels sont fixées au fauteuil par des vis.
L’extrémité supérieure est garnie d’un goujon d’acier d’un centimètre de long qui entre dans les trous de la lame courbe. Sur l’autre face de la même extrémité est un bouton ou anneau, pour tirer la lame de façon à pouvoir changer le goujon de trou, et par ce moyen donner à l’extrémité supérieure du dossier le degré de renversement nécessaire à l’opération. Le siège, les manchettes et le dossier du fauteuil doivent être rembourrés en crin, et recouverts de velours ou de maroquin. » (Légende de la planche XLII)
Ce fauteuil doit être classé dans la même catégorie que celui de Snell : levage sous le siège + base et corps solidaires. J.-C. F. Maury (1786-1840), Gresset Paul, Traité complet de l’art du dentiste d’après l’état actuel des connaissances, Planches. Paris, Just Rouvier, 1841, Pl. XLII, (détail)

Fauteuil de Gresset, 1841
Ce fauteuil de Gresset diffère
de celui de Maury par ses
pieds antérieurs à balustre
et surtout par le dossier dont
la têtière est inclinable.

Goddard Paul B. et Parker Joseph E., Anatomy, physiology and pathology of the human teeth, Philadelphia, Carey and Hart, 1844

Page de titre : Paul B. Goddard et Joseph E., Anatomy, physiology and pathology of the human teeth, Philadelphia, Carey and Hart, 1844

Source de l'image

« Operating chair » d’Émile B. Gardette

Paul B. Goddard et Joseph E. Parker, Anatomy, physiology and pathology of the human teeth, Philadelphia, Carey and Hart, 1844. Pl 21, p. 246-247.
Ce fauteuil d’Émile B. Gardette conçu entre 1835 et 1840 est le premier fauteuil à têtière et à système de levage à crémaillère. Apports en comparaison de celui de Snell : têtière détachée du dossier rétréci dans le bas, accoudoirs cintrés épousant le galbe du siège. (Histoire du cabinet dentaire, Claude Rousseau),
Ce fauteuil doit être classé dans la même catégorie que celui de Snell : levage sous le siège + base et corps solidaires

« Operating chair » d’Émile B. Gardette

Rotondo Antonio (1808-1879), Tratado completo de la estraccion de los dientes, muelas, y raigones y modo de limpiar la dentadura, 1846

Page de titre : Antonio Rotondo (1808-1879), Tratado completo de la estraccion de los dientes, muelas, y raigones y modo de limpiar la dentadura, Madrid, Perez, 1846

(Fac simile, AACHE Ediciones 1516)

Fauteuil de chirurgien dentiste

Antonio Rotondo (1808-1879), Tratado completo de la estraccion de los dientes, muelas, y raigones y modo de limpiar la dentadura, Madrid, Perez, 1846, Pl. 1., p. 143

Fauteuil de chirurgien dentiste

« Un assistant tiendra les mains du patient pour éviter qu’il ne prenne celles de l’opérateur. [...] Quant au mouvement de rejet de la tête, non moins dangereux que le précédent pour le succès de l’opération, il est facilement évité en disposant d’un fauteuil avec un creux pour y poser la tête et d’un dossier mécanique pour l’ajuster à la hauteur de toutes les têtes », Antonio Rotondo (1808-1879), Tratado completo de la estraccion de los dientes, muelas, y raigones y modo de limpiar la dentadura, Madrid, Perez, 1846, Fig. 1., p. 28-29