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[Ms BIU Santé no 2007, fo 242 ro | LAT | IMG]

Colique néphrétique suivie de saignement hémorroïdaire
[consultation, 1630]

Défécation sanglante venant immédiatement après une colique néphrétique, ou saignement hémorroïdaire. [a][1][1][2][3][4][5][6]

La défécation sanglante qui afflige ce très honnête homme, n’appartient à aucune espèce de dysenterie avérée, [7] car elle survient sans ulcère, sans douleur ni colique de ventre, [8] qui sont requises pour en établir l’authenticité ; [2] il n’y a pas non plus de ténesme, [9] puisqu’aucune lésion n’affecte le rectum. Cet écoulement n’est pas colliquatif ; [3][10] ce n’est pas non plus le flux qu’on appelle hépatique, en raison de sa cause propre, qui est un affaiblissement du foie, puisque, dans cette variété, le sang n’est pas pur, mais dilué et très semblable à la lavure de viande fraîche. [4][11] On n’observe rien de tel chez notre malade : à intervalle presque fixe, l’intestin expulse un sang véritable, qui est clair, éclatant, rouge et pur ; soit ce que je pense être un flux issu d’une hémorroïde ouverte, suivant la sentence de Fernel, qui a distingué ces déjections de la modalité susdite. Ici, outre le sang, s’écoulent aussi de temps en temps des caillots rouges, quand le sang hémorroïdal suinte dans la cavité du rectum, où il coagule entièrement ; ce que j’estime être très vrai, parce que les autres parties de l’intestin ne peuvent produire un tel sang vermeil, car celui qui en provient est desséché et noir comme de la poix, ou semblable à la lavure de viande fraîche. [5][12]

Cette déjection sanglante survient quelques jours après une atroce colique néphrétique, dont ce très distingué personnage a pâti. Je n’en ai pourtant pas moins bonne opinion de l’issue de sa maladie ; et même bien mieux, j’espère qu’il en sera délivré puisque, d’après Hippocrate, aphorisme xi, 6e section, Melancholicis et nephreticis hæmorrhoïdes supervenientes, sint salutares ; [6][13][14] Il met mieux en valeur leur profit dans la 3e section du livre vi de ses Épidémies, et vers la fin de son livre de Humoribus[15][16] où il dit que les hémorroïdes résolvent non seulement les affections mélancoliques et les maladies des reins, mais aussi la pleurésie, [17] la péripneumonie, [18] la folie, les furoncles, les vitiligos, [19] etc., parce qu’elles détournent la matière < morbifique > depuis les reins jusque dans l’intestin. [7][20] Nous savons bien, par expérience, qu’il s’est trompé en soutenant que seul un sang mélancolique peut induire la formation d’hémorroïdes : le fait est qu’elles purgent parfois un sang pur et liquide ; tout bien considéré, la matière qui est évacuée par les règles [21] peut être la même que celle qui l’est par les hémorroïdes, et cette déjection hémorroïdaire a la valeur d’une évacuation générale puisque, grâce à elle, le corps tout entier est purgé[22] mais principalement les reins, les organes génitaux et les autres parties voisines. Cela est corroboré par l’observation d’Houllier, dans son commentaire de l’aphorisme xi, livre 6, disant qu’il a vu un malade torturé par une atroce douleur des reins, qui n’a pu être soulagé par aucune phlébotomie, [23] aucune purge, [24] aucun topique, [25], par aucun remède enfin ; mais qui l’a été par l’incision et l’ouverture de la veine hémorroïdale où s’était arrêtée quelque espèce de matière, qui s’est écoulée quand on lui a donné une issue, avec soulagement immédiat de la douleur. Au même endroit, Houllier conseille judicieusement de ne jamais faire sortir les hémorroïdes, sauf nécessité impérieuse, ou si elles en ont spontanément coutume, puisque leur mauvaise habitude est alors de suinter tant soit peu. [8][26][27]

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Je ne m’occupe [9] pas ici de la colique néphrétique, que les saignées répétées, de nombreux lavements, [28] des fomentations [29] et le bain ont apaisée. [30] J’estime qu’il vaut mieux songer à interrompre cette défécation sanglante, de sorte qu’elle ne finisse pas par devenir excessive, et n’aille pas bouleverser ou terrasser les forces du malade, déjà suffisamment débilitées et érodées en raison de ses maladies passées. J’estime donc qu’à cause de la diminution des forces et de l’absence d’indication formelle, il faut cesser de saigner comme de lavementer, pour ne pas remuer l’intestin plus qu’il n’est de raison. Durant trois jours consécutifs, deux fois par jour, le matin et le soir, il faut faire boire une potion constituée de 4 onces d’eau de plantain, [31] où on aura dissous une once de cotignac [32] avec un demi-gros de bol d’Arménie [33] qui, étant légèrement astringent, arrêtera cet écoulement. Ensuite votre très distingué Monsieur prendra un opiat [34] astringent [35] et purgatif [36] fait de catholicon double, [37] d’électuaire lénitif, [38] une once de chaque, une demi-once de manne de Calabre, [39] un gros et demi de poudre de rhubarbe, [40] avec une once et demie de sirop de chicorée [41] mêlé de rhubarbe, dont le malade prendra une once le matin, trois heures avant un bouillon. [10] Le lendemain il se mettra au lait d’ânesse et en prendra pendant 15 jours ; [42] après quoi, l’emploi du lait de chèvre, jusqu’au mois suivant, sera très salutaire. [43] Pendant tout ce temps, qu’il vive sobrement, se contentant de bouillons maigres, [44] d’œufs frais, de gelée, [45] de coings et de vin étendu d’eau ; [46] qu’il s’abstienne de tout effort important et se mette à l’abri des émotions vives. [47]

Voilà ce que je conseillais, avec M. Brayer, médecin de Paris, [48] pour M. de Hurles, ce 27e de décembre 1630. [11]

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits. Consultations et mémorandums (ms BIU Santé 2007) : 11

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(Consulté le 05/10/2024)

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