[Ms BIU Santé no 2007, fo 86 ro | LAT | IMG]
Au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, à Leyde. [a][1]
Je vous remercie tout particulièrement pour votre dernière lettre. Bien que l’imprimeur ne se hâte pas de faire avancer la troisième édition de vos de Scriptis medicis, [1][2] je vous donne avis qu’on m’a offert un nouveau livre dont je vous envoie un exemplaire ; le titre en est : Physiologia humana et Pathologia, per tabulas synopticas, ex Hippocratis et Galeni genio. Accessit Diæta sanorum generalis, cum Summa de Sectis Medicorum. Authore Ioanne Barilio, Cadomensi, et in ejusdem Urbis Academia, Doctore et Professore Medico. Sumptibus Authoris, Cadomi, ex typographia Ioannis Guesnon, in vico frigido, sub signo Sancti Ioannis. 1653. Cum Privilegio Regis, in‑fo. [2][3] Je n’ai pas eu de nouvelles de votre Rompf. [4] Pour le défaut de votre Gassendi, [5] j’ai rencontré notre M. Angot ; [6] je lui avais remis cette feuille du livre qui vous manque ; il m’a solennellement affirmé l’avoir transmise au commis de M. Elsevier, [7] il y a 9 mois, pour qu’il vous la remette, emballée avec votre nomenclatura. [3] Demandez-la-lui donc ; et si vous ne l’avez pas récupérée, redites-moi le numéro de cette feuille, j’ai ici un ami qui me l’obtiendra aussitôt et vous la recevrez sur-le-champ. Envoyez-moi, s’il vous plaît, Hippocrates de Circulatione sanguinis, [4][8][9] ainsi que les autres thèses, disputations publiques, discours et autres opuscules académiques sur ce sujet. [10] N’avez-vous pas vu le Diogenes redivivus de Comenius ? J’apprends que c’est un livre excellent et désire vivement le voir. [5][11][12] Je vous envoie une lettre pour mon frère, qui vit à Nimègue ; prenez soin, s’il vous plaît, qu’elle lui soit rapidement communiquée. [6][13][14] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.
Votre Guy Patin de tout cœur.
De Paris, ce vendredi 9e de juillet 1660.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fo 86 ro.
V. note [29], lettre 925, pour la 3e édition des deux livres « sur les Écrits médicaux » de Johannes Antonides Vander Linden (Amsterdam, 1662).
« Physiologie et pathologie humaines en tableaux synoptiques, selon le génie d’Hippocrate et de Galien. Avec le Régime général des gens en bonne santé et un Abrégé sur les sectes de médecins. Par Jean Baril, natif de Caen, docteur et professeur de médecine en l’Université de la même ville. Aux frais de l’auteur, à Caen, imprimerie de Jean Guesnon, rue Froide, à l’enseigne de saint Jean, 1653, avec privilège du roi, in folio [sic pour in‑4o] ».
Natif de Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados), Jean Baril était protestant (Pierre Carel, Les médecins et les chirurgiens de Caen avant la Révolution, Caen, A. Massif, 1888, pages 26‑27) ; il a dédié son livre à Michel Le Tellier, secrétaire d’État à la Guerre. Johannes Antonides Vander Linden ne lui a pas fait l’honneur d’insérer l’auteur et son ouvrage fort indigeste dans la réédition en cours de ses de Scriptis medicis (v. supra note [1]).
Les deux livres de Scriptis medicis [des Écrits médicaux] de Johannes Antonides Vander Linden (v. supra note [1]) étaient ce que Guy Patin appelait ordinairement sa « nomenclature » : il avait dû annoter un exemplaire de la dernière édition alors disponible (1652) afin d’aider son ami à préparer la suivante (1662).
De 1659 à 1663, Johannes Antonides Vander Linden a consécutivement présidé et publié (Leyde, Jean Elsevier, in‑4o) 27 thèses (exercitationes) intitulées Hippocrates de Circuitu sanguinis [Hippocrate sur le Mouvement circulaire du sang]. Neuf d’entre elles ont paru en 1660, avec pour répondants (candidats) :
- Henricus Bailly natif de Hambourg, le 28 janvier ;
- Johannes Jacobus Vittigius, natif d’Erfurt, le 7 février ;
- Petrus Roosendael, natif de Horn (Limbourg néerlandais), le 3 mars ;
- Henricus Meilingius natif de Millingen (Gueldre), le 17 mars ;
- Wilhelmus vanden Hoorn, natif d’Amsterdam, le 17 avril ;
- Adrianus Schonæus, natif de Schoonhoven (Hollande), le 24 avril ;
- Axelius a Mithoben, natif de Halle-sur-Saale (Saxe), le 16 juin ;
- Christianus Pylius, natif de Stralesund (Poméranie), le 3 juillet ;
- Hermannus Nehtman, natif d’Ohlstadt (Bavière), le 14 juillet.
Les thèses i à iv avaient été disputées en 1659, et les xiv à xxvii le furent en 1661-1663. Toutes défendaient l’idée que la circulation sanguine avait été pressentie sinon démontrée par Hippocrate et ses contemporains.
Diogenes cynicus redivivus. Sive De compendiose philosophando. Ad Scholæ ludentis exercitia olim accommodatus, nunc autem luci datus. Authore J.A. Comenio [Diogène le Cynique ressuscité, ou la manière abrégée de philosopher. Jadis arrangé pour les exercices de récréation scolaire, mais maintenant mis en lumière par Johannes Amos Comenius] (Amsterdam, Petrus van den Berge, 1658, in‑12).
Comenius (Jan Amos Komenský ; Uherský Brod, Moravie 1592-Amsterdam 1670) est un philosophe et grammairien tchèque, auteur de nombreux ouvrages et considéré comme le père de la pédagogie moderne. Ballotté par les guerres et par les querelles religieuses, il avait passé sa vie à errer en Europe, avant d’être accueilli en Hollande, en 1656.
Philosophe grec du ive s. av. J.‑C., Diogène de Sinope, surnommé le Cynique, a été le plus illustre disciple d’Antisthène, fondateur du cynisme, ainsi nommé parce que son École se réunissait dans le Cynosarge (kunos argês, chien blanc), gymnase d’Athènes dédié à Héraclès ; ce qui mena leurs adversaires à les traiter de chiens. Quantité d’anecdotes ont circulé sur la vie et les mœurs de Diogène (v. note [35], lettre latine 154, pour ce que Galien a écrit de sa sexualité) ; on n’a connaissance que d’un seul de ses ouvrages, aujourd’hui perdu, intitulé Politeia [La République]. Au moins deux autres philosophes de l’Antiquité préchrétienne ont porté le nom de Diogène (διογηνες, « né de Zeus »), originaires d’Apollonie (ve s.) et de Séleucie (ou Babylonie, iie s.), mais celui de Cinope est le plus célèbre des trois.
Le Diogenes redivivus de Comenius est une comédie didactique et distrayante en quatre actes, écrite en prose latine, où interviennent quatre philosophes (Diogène, Antisthène, Platon et Zénon), leurs étudiants et deux rois de Macédoine (Philippe et son fils Alexandre le Grand).
Guy Patin mentionnait ici pour la dernière fois son frère François (v. note [19], lettre 106) dans sa correspondance. On ignore la date de sa mort.
Dans sa lettre à Jacob Spon datée de Strasbourg le 16 novembre 1670 (Moreau, lettre 29), Charles Patin a encore parlé de son oncle François :
« Je ne sais ce qui vous a pu déplaire dans la lettre que j’écrivis a mon oncle, mais je suis certain que je n’en ai pas eu l’intention. Après tout, vous ne me parlez ni de lui à Nimègue ni de M. Utenbogard à Utrecht. Les avez-vous vus ? »
Ms BIU Santé no 2007, fo 86 ro.
Clariss. viro D. Io. Ant. Vander Linden. Leidam.
Pro tuis postremis gratias ago singulares. Et quamvis non
urgeat Typographus tertiam illam editionem libri tui de Scriptis
Medicis, Te tamen monebo, novum librum mihi oblatum esse, cujus exem-
plar ad Te mittam, sub hoc titulo. Physiologia humana et Patho-
logia, per tabulas synopticas, ex Hippocratis et Galeni genio. Accessit
Diæta sanorum generalis, cum Summa de Sectis Medicorum. Authore
Ioanne Barilio, Cadomensi, et in ejusdem Urbis Academia, Doctore et
Professore Medico. Sumptibus Authoris, Cadomi, ex typographia Ioan-
nis Guesnon, in vico frigido, sub signo Sancti Ioannis. 1653. Cum
Privilegio Regis. in folio. De Romphio vestro nihil audivi. Pro
Gassendi defectu conveni nostrum D. Angot, qui mihi sanctè affirmavit,
ejusmodi folium quod Tibi deest, à me traditum, idemq. collatum in
manus famuli D. Elsevirij, ante 9. menses, ut Tibi redderetur,
in charta inclusum, cum tua nomenclatura : pete igitur ab illo, quod
si non accipias, mitte ad indica mihi iterum quale sit istud folium ; habeo hîc amicum
qui statim mihi tradet, et statim accipies. Mitte si placet Hipp. de Circu-
latione sanguinis, et alias ejusmodi Theses, Disputationes publicas,
Orationes, et alios libellos Academicos. Vidistine Comenij Diogenem
redivivum, librum ut audio exigumium, quem maximè videre aveo. Epistolam
Tibi mitto pro fratre meo, qui Neomagi vivit : cura si placet ut ad
eum tutò perferatur. Vale, Vir Cl. et me ama. Tuus ex animo Guido Patin.
Parisijs, die Veneris,
9. Iulij, 1660.