L. latine 204.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 11 juillet 1662

[Ms BIU Santé no 2007, fo 111 ro | LAT | IMG]

{Au même.}
À Christiaen Utenbogard. [1]

Très distingué Monsieur, [a][1]

Votre autre lettre, datée du 24e de juin, vient de m’arriver avec celle que vous avez écrite à Jan van Heurne, [2] le fils de votre sœur ; [2][3] je les ai reçues par le messager ordinaire de Hollande. Du très distingué M. Marten Schoock, j’attendrai patiemment des lettres aussi longues qu’il voudra, pourvu que, ce faisant, il ne délaisse pas le profit du public. [4] Peut-être le catalogue de ses œuvres nous parviendra-t-il bientôt. Grâce à vous, je souhaite pouvoir enfin [Ms BIU Santé no 2007, fo 111 vo | LAT | IMG] récupérer tout ce qu’il a publié. Dieu aidant, cela nous instruira, soit par la grâce de l’auteur, soit par celle du temps qui passe et nous édifie tous sur toutes choses. Je me réjouis profondément que vous ayez reçu mon paquet. Le transport vous en a coûté cher, comme c’est habituel en tout, mais parfaitement déraisonnable, et même pour de simples lettres que les facteurs délivrent tous les jours. Dorénavant, si vous en avez à me faire parvenir, qu’elles viennent de vous ou d’ailleurs, comme de Groningue, [5] envoyez-les donc à Simon Moinet, [6] qui connaît des moyens aussi sûrs, mais bien moins dispendieux. Je m’enquerrai sérieusement de vos neveux et finirai par connaître l’endroit où ils demeurent. Ils ont dit qu’ils voulaient aller à Orléans, d’où ils se rendront par la Loire à Angers ; là vit M. Le Baillif, doyen d’âge de l’École de médecine, [3][7][8] pour qui j’ai confié une lettre à vos dits neveux, afin qu’il les tienne pour très recommandés en tant qu’excellentes personnes, puisqu’il est lui-même le meilleur des hommes. Je lui ai écrit il y a trois jours, sans pourtant les mentionner, ignorant s’ils seraient déjà arrivés à Angers quand ma lettre lui parviendra ; mais je vous invite à attendre patiemment, car je finirai par lui faire part de ce qu’il ne sait pas encore. Pour en avoir le fin mot, j’écrirai à Orléans et à Angers, à des amis d’absolue confiance ; mais avant cela, j’irai voir ce M. Spiring, chez Mlle Pelletier, pour connaître enfin toute la vérité. [4] Je n’ai donc pas voulu vous inquiéter jusqu’ici ; et même, je voudrais que vous fissiez tout votre possible pour calmer et cajoler l’esprit de la très chère mère jusqu’au moment où elle recevra immanquablement des lettres de ses fils. En attendant, très distingué Monsieur, vale et aimez-moi.

De Paris, le 11e de juillet 1662.

Votre Guy Patin de tout cœur.


a.

Brouillon manuscrit d’une lettre que Guy Patin a dictée à l’intention de Christiaen Utenbogard, ms BIU Santé no 2007, fo 111 ro et vo ; la suscription et deux corrections sont de la plume de Patin.

1.

La suscription que le scribe de Guy Patin avait écrite était Eidem [Au même] (c’est-à-dire « au destinataire de la précédente lettre », qui était Willem Canter) ; Patin l’a barrée {ici mise entre accolades} de sa plume et remplacée par Christiano Utenbogardo [À Christiaen Utenbogard].

2.

V. note [1], lettre 680, pour Jan iii van Heurne, alors étudiant en médecine et fils de Margaretha Utenbogard, sœur de Christiaen. Âgé de 23 ans, il voyageait alors en France avec l’un de ses frères, mais paraissait peu empressé donner des nouvelles à sa famille.

L’autre lettre de Christiaen Utenbogard, datée du 22 juin, était celle où il recommandait Johan Droüard, jeune chirurgien hollandais, à Guy Patin, qui lui avait répondu le 10 juillet.

3.

Je n’ai pas mieux identifié ce Le Baillif, médecin d’Angers (prénom inconnu), dont Robert Sibbald a parlé dans son autobiographie (v. notule {h}, note [3], lettre d’Adolf Vorst, datée du 4 septembre 1661). Le doyen de la Faculté d’Angers (créée en 1483) était élu pour trois ans (contre deux à Paris), et le plus ancien de ses docteurs régents portait le nom de doyen d’âge (senior) ou ancien (comme à Paris).

4.

Un certain Petter Spiring (ou Pieter Spiering) Silvercrona (ou van Silvercroon, 1595-1652) fut résident de Suède à La Haye ; peut-être s’agissait-il d’un de ses apparentés, mais Guy Patin n’a jamais reparlé de ce personnage.

La demoiselle Pelletier pouvait être liée à Claude Le Pelletier, président à mortier au Parlement (v. note [6], lettre 989).

Les démarches de Guy Patin étaient nimbées de mystère, mais prouvent qu’il prenait l’affaire fort au sérieux, désirant faire tout son possible pour joindre les neveux de son ami Christiaen Utenbogard.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 111 ro.

Eidem
Christiano
Utenbogardo.

Vir Cl. ecce iterum alias tuas accipio, datas 24. Iunij, cum alia
tua ad Io. Heurnium, ex sorore neoptem tuum, quas accepi per
cursorem ordinarium Batavum : de A Cl. Viro Mart. Schoockio, patienter
expectabo litteras tam longas quàm voluerit, modo pro ijs in publica
commoda non peccet. Ejus operum catalogus fortassis aliquando
veniet : utinam ea singula quæ in lucem emisit ope tua tandem

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 111 vo.

possim recuperare, de quibus singulis tandem Deo dante, docebimur,
vel per ipsum Authorem, vel cum ipso t
Tempore, à quo omnia
omnes omnia docentur. De fasciculo à Te accepto, seriò gaudeo :
vecturæ pretium magnum tibi fuit, ut solet in omnibus : et sanè
orationem omnem superat etiam in simplicibus Epistolis, quas
ipsi cursores deferre solent. Ideo si quas in posterum transmittendas
mihi habeas, sive illæ tuæ fuerint, sive aliunde adveniant, v. gr.
Groningenses, mitte illas ad Simonem Moinet, qui vias alias
novit æque tutas, sed longè viliori pretio. De Nepotibus tuis
seriò inquiram, et tandem deprehendam locum in quo
versantur. Dixerunt illi se Aureliam pergere velle, indeque per
Ligerim profecturos Andegavum, ubi vivit D. le Baillif,
Antiquior Scholæ Medicæ Decanus, ad quem scripsi per Nepotes
tuos, ut eos haberet sibi commendatissimos quatenus optimos,
et ut ille est optimus virorum. A triduo scripsi quidem ad illum,
nulla tamen facta eorum mentione, cum adhuc mihi sit
ignotum, an ex eo tempore quo abierunt, Andegavum
pervenerint : sed verùm moneo Te, ut patienter expectes, illud enim
tandem detegam quod aliud adhuc nescitur. Quod ut obtineam,
scribam Aureliam et Anchl
degavum, ad Amicos exploratæ
fidei : sed antehac invisam illud D. Spiring, chèz
ez Mlle Pelletier,
ut rem totam tandem cognoscam. Noli ergo hactenus animum
tuum angere : imò quantum in Te erit, carissimæ Matris
animum delinias et demulcias velim, quo
usque à Filijs
certas litteras accipiat. Interea v. vale, et me ama, Vir Cl.
Parisijs, xi. Iulij, 1662.

Tuus ex animo Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 11 juillet 1662

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1237

(Consulté le 26/04/2024)

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