À Charles Spon, le 22 décembre 1654, note 12.
Note [12]

Charles Du Périer (Aix-en-Provence 1622-Paris 1692) était neveu de François Du Périer à qui François de Malherbe {a} avait adressé ses célèbres stances de consolation : « Ta douleur Du Périer sera donc éternelle ? etc. ». Ces vers auraient inspiré à Charles son penchant pour la poésie. Venu vivre à Paris, il se lia avec le milieu littéraire. Ses vers français furent couronnés par l’Académie en 1681 et 1683, mais ses odes latines lui valurent le titre de Prince des poètes lyriques que lui donna Ménage. Nicolas Boileau-Despréaux n’était pas de ses amis et l’a éreinté en trois vers (L’Art poétique, 1674) :

« Gardez-vous d’imiter ce rimeur furieux,
Qui, de ses vains écrits lecteur harmonieux,
Aborde en récitant quiconque le salue. »

Du Périer mourut à Paris en 1692 (Michaud). Il est entre autre l’auteur du :

In Morbum Petri Gassendi, ad Ægidium Menagium et Ioannem Capelanum, Carmen.

[Poème sur la maladie de Pierre Gassendi, pour Gilles Ménage et Jean Chapelain]. {b}


  1. V. note [7], lettre 834.

  2. Paris, Julien Jacquin, 1655, in‑4o de 9 pages ; v. note [15], lettre 349, pour Jean Chapelain.

Guy Patin y est encensé dans le 2e paragraphe (pages 3‑4), comme le plus éminent des médecins qui ont soigné Gassendi :

Cernitis, o Vatum par nobile, cernitis illo
Ex luctu, tristes socios, cunctamque reliqui
Aonidum curam, dum se omni corpore febris
Exoluat, surgensque toro Gassendus inerti
Instauret studia, et vento det vela ferenti.
Cernitis hæc ? crebrosque metus, longumque dolorem
Monmorii ? ut sacris primum de more litatis
Artis Pæoniæ eximios usque anxius ardet
Consulere ! ut varios medentum expendere sensus !
Iamque, æger quondam præsentem expertus Aquinum
Ipsum ad se, celebremque vocat tota urbe Moræum,
Martinum, Pratæumque, et iam rebus egenis,
Egregii socios curarum amat esse Patini,
Cui mentem superis inspirat Phœbus ab astris,
Seque aperit dudum, et Medicinæ arcana retexit.
Inter quos claro Pecquetus lumine fulget,
Dum iecoris furta haud ulli deprensa priorum
Ostendit solers, et certo fœdere sanguinem
Arcano sub corde unus dat cernere tingi.
Monmorium chorus ille frequens solatur, et ægri
Gassendi curas mulcet, dirum ! hospite tanto
Hospes si tantus iam extrema in morte careret
.

[Imaginez, vous dont le renom égale celui des devins, imaginez les compagnons attristés par ce chagrin ; et j’ai délaissé tous mes soins pour les Muses, afin que la fièvre abandonnât entièrement le corps de Gassendi ; alors, se dressant sur sa couche molle, il reprendrait ses études et tendrait la voile au vent portant. Imaginez-vous cela ? et les inquiétudes réitérées et la profonde douleur de Montmor ? {a} Alors, les oracles ayant d’abord été favorables, comme souvent, il brûle jusqu’à s’en rendre inquiet de consulter les plus éminents médecins ! de peser avec soin les avis divers de ceux qui soignent ! Et déjà le malade, qui lui-même s’y connaissait bien en médecine autrefois, réclame à ses côtés la présence de D’Aquin en personne, et celle de Moreau, réputé par toute la ville, de Martin, de Du Prat, {b} et dans la détresse, il apprécie qu’ils consultent l’éminent Patin, lui dont Apollon inspire l’esprit depuis les astres supérieurs, qui s’épanouit depuis longtemps et qui a dévoilé les arcanes de la médecine. Parmi eux Pecquet {c} luit de sa brillante lumière, lui qui a habilement montré les larcins du foie que nul autre avant lui n’avait pris sur le fait, et donné le premier à penser que par un pacte résolu le sang s’imprègne en secret sous l’empire du cœur. Cette troupe assidue réconforte Montmor et adoucit les soins de Gassendi malade, et il l’est terriblement ! Pour un si admirable invité, l’hôte serait lui-même admirable s’il ne lui faisait jamais défaut, jusque dans l’extrémité de la mort].


  1. Gassendi passait les derniers temps de son existence sous la protection de son ami Henri-Louis Habert de Montmor (v. note [13], lettre 337).

  2. Antoine D’Aquin (v. note [4], lettre 666) et René Moreau (v. note [28], lettre 6) étaient docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris ; je n’ai pas identifié de médecin dénommé Martin actif en 1654 ; Abraham Du Prat (v. note [27], lettre 152) exerçait à Lyon.

  3. V. note [15], lettre 280, pour Jean Pecquet et ses admirables découvertes sur le chyle.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 décembre 1654, note 12.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0386&cln=12

(Consulté le 26/04/2024)

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