À André Falconet, le 21 novembre 1669, note 19.
Note [19]

Antoine ii Arnauld {a} travaillait à son ouvrage anonyme intitulé :

Le Renversement de la Morale de Jésus-Christ par les erreurs des calvinistes touchant la justification.


  1. Le Grand Arnauld, v. note [47], lettre 101, dont le nom n’apparaît ni dans les sept approbations archiépiscopales ou épiscopales de ce livre, ni dans son privilège royal.

  2. Paris, Guillaume Desprez, 1672, in‑4o de 1 013 pages, réparties en 10 livres.

Profitant de la toute récente Paix clémentine, {a} les jansénistes marquaient leur désaccord avec les calvinistes sur le point crucial de la justification (Trévoux) :

« En termes de théologie, se dit de cette grâce qui rend l’homme digne de la gloire éternelle. Pour bien entendre la doctrine catholique sur la justification, il faut bien distinguer quatre choses, qui doivent être regardées comme essentielles au salut des adultes, savoir : la vocation, la sanctification, le mérite et la persévérance. C’est ce qui est très-bien développé dans le saint concile de Trente. {b} {…] Les premiers Prétendus Réformateurs ont proposé à tout le monde l’article de la justification comme le principal de tous, et comme le fondement le plus essentiel de leur rupture ; mais ils se sont bientôt séparés entre eux-mêmes, et en s’éloignant tous du droit chemin, ils se sont écartés et éloignés les uns des autres. L’Église a toujours cru ce que le concile de Trente a déclaré expressément que nos péchés nous sont remis gratuitement {c} par la miséricorde divine, à cause de Jésus-Christ, et que nous sommes dits justifiés gratuitement, parce qu’aucune des choses qui précèdent la justification, soit la foi, soit les œuvres, ne peut mériter cette grâce (Bossuet). La justification du pécheur est la rémission, l’abolition de ses péchés, que Dieu lui accorde gratuitement en vertu des mérites de Jésus-Christ, en lui rendant la grâce sanctifiante, qui le fait enfant de Dieu et héritier du royaume des Cieux. » {d}


  1. V. note [1], lettre 945.

  2. 1545-1563, v. note [4], lettre 430.

  3. Mes italiques, car la gratuité de la rémission des péchés, en lien avec le sacrement de la confession (v. notule {c}, note [54] du Borboniana 5 manuscrit), a été revendiquée par Martin Luther en 1530 (Confession d’Augsbourg, v. note [15], lettre 97) pour affranchir les chrétiens des indulgences que monnayait Rome (v. note [7], lettre 31). Sur ce point, les calvinistes ont emboîté le pas des luthériens.

  4. Le livre ix du Renversement… est fort explicitement intitulé : Que la doctrine des calvinistes est très préjudiciable à la piété, en ce qu’elle porte le commun des fidèles à ne craindre ni d’être damnés, ni même de tomber en la disgrace de Dieu, quelque péché qu’ils commenttent contre la première ou seconde table de la Loi.

    En d’autres termes, la prédestination (v. note [50], lettre 101), défendue par les jansénistes et les protestants, n’exempte pas le chrétien de la justification.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 21 novembre 1669, note 19.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0970&cln=19

(Consulté le 25/04/2024)

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