Guy Patin en venait à Étienne Bachot, 52e par rang d’ancienneté sur la liste des signeurs de l’antimoine :
Ad Christianissimum Francorum et Navarræ regem Ludovicum xiv. Adeodatum, felicem, invictum, clementem, post civicos tumultus Lutetiam feliciter reversum, Panegyricus Gratulatorius. Auctore Sthephano Bachot Doctore Medico Parisiensi et Regio.
[Panégyrique de félicitation à Louis xiv, roi très-chrétien de France et de Navarre, Dieudonné, heureux, invaincu, clément, très heureusement de retour à Paris après la guerre civile. {a} Par Stephanus Bachot, {b} docteur en médecine de Paris et du roi]. {c}
- La triomphale entrée du roi dans Paris eut lieu le 21 octobre 1652 (v. note [9], lettre 294).
- Originaire de Sens, Étienne Bachot avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1649, après avoir déjà été gradué par une autre université. Guy Patin le faisait ici naître en 1607 ou 1608 ; les dates de ses écrits indiquent qu’il mourut vers 1688. Ami de Gomberville, de Gilles Ménage et de Bensérade, Bachot aimait aussi à caresser les Muses. V. notes :
- [9], notule {b}, de la lettre de Julien Bineteau, datée du 8 octobre 1651, pour l’Apologie de la saignée (Paris, 1646), qu’il a publiée tandis qu’il n’était encore que bachelier de la Faculté de médecine de Paris (mais déjà âgé d’environ 38 ans) ;
- [9] des Actes de 1651‑1652 dans les Commentaires de la Faculté de médecine, pour la soutenance d’une thèse sur la purgation, en novembre 1651, où le doyen Patin avait imposé le silence à Bachot qui défendait l’antimoine ;
- [1], lettre 951, pour le petit recueil de sa poésie et de sa prose latine qu’il a publié en 1686.
- Paris, Remigius Sourbet, 1652, in‑fo, en prose, de 48 pages, dédié à la reine Christine de Suède (privilège daté du 18 mai 1652).
Ce vers d’Homère (L’Iliade, chant 2, vers 204) est imprimé en exergue du titre : Ουκ αγαθον πολυκοιρανιν εις κοιρανος εστω [Il n’est pas bon d’avoir plusieurs souverains].
La longue épître dédicatoire est intitulée Serenissimæ Chrsitinæ Suecorum reginæ incomparabili αφθαρσιαν [Immortalité à la sérénissime Christine, incomparable reine des Suèdois]. Le latin en est médiocre, mais le regard d’un lecteur de Guy Patin s’arrête sur ce passage :
Narrant sacri codices Salomonis sapientiam Reginam Sabæ ex dissitissimis terræ partibus excivisse, tanti hominis invisendi studio. Ah ! Quot Salomones stupendæ tuæ virtutis amore ducti certatim ad te confluerent, si quantum votis velocibus, tantum liceret et corporis tarditati. Sed te vel nostris negatam oculis colere non destitimus, et quam hic non datur in cute, nos in ære veneramur exculptam. Testari possunt viri clarissimi MM. Guido Patinus et Iacobus Mentelius, nostræ Scholæ non inceleberes Medici, me sacram tuam imaginem, quam uterque veluti singulare μνημοσυωον servat, non tantum oculis sed etiam osculis pluries excepisse.
[Les Écritures sacrées rapportent que la sagesse de Salomon fit venir la reine de Saba depuis les parties les plus éloignées de la terre, pour satisfaire à son ardeur de voir un si grand homme. Ah ! combien de Salomons sont venus vers vous en foule, mus à l’envi par la passion de votre stupéfiante vertu, autant que le leur permettaient et la rapidité de leurs désirs, et la lenteur de leurs pas. Nous ne laissons pourtant pas de vous honorer, vous qui échappez à nos regards et ne venez pas ici en personne, mais dont nous révérons le portrait gravé. {a} Messieurs les très distingués Guy Patin et Jacques Mentel, célèbres médecins de notre École, peuvent témoigner que j’ai couvé non seulement de mes yeux, mais aussi de mes baisers, votre image sacrée, que tous deux conservent aussi dans l’intimité de leurs cabinets]. {b}
- Dans certaines éditions, le livre de Bachot s’ouvre sur un portrait de la reine Christine, assorti de ces vers :
« Cette princesse est le modèle
Des vertus en leur plus haut point.
Il n’en sera jamais comme elle,
Comme autrefois il n’en fut point. »
- Dans les descriptions de son cabinet, Patin n’a jamais dit y avoir mis un portrait de la reine Christine, mais ça n’est pas inconcevable car il la savait fort érudite et a pu être sensible à ses obliques sollicitations pour partir la servir en Suède (en 1650, v. note [41], lettre 224, et en 1652, v. note [14], lettre 290).
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