Note [7] | |
« des mots aux coups » (locution latine classique). Lodovico Castelvetro (Modène, vers 1505-1571), écrivain partisan de l’expression en langue italienne, est surtout connu pour son Poetica d’Aristotele vulgarizzata et sposta [La Poétique d’Aristote vulgarisée et dépaysée] (Vienne, Autriche, Gaspar Stainhofer, 1570, in‑4o), édition bilingue, grecque et italienne, richement commentée. Castelvetro a grandement contribué au renouveau de la poésie européenne, mais l’intransigeance et l’âpreté de ses critiques contre le style classique latin (v. note [41] du Borboniana 8 manuscrit) lui valut une vive querelle avec le poète italien Annibal Caro (1507-1566), traducteur de La Rhétorique d’Aristote et de L’Énéide de Virgile, et influent commandeur de l’Ordre de Malte. La dispute en vint à de graves voies fait entre les deux parties et aboutit à un procès devant l’Inquisition : accusant Calvestro d’avoir traduit en italien un livre du réformé Melanchthon (v. note [12], lettre 72), elle prononça une sentence d’hérésie contre lui et il s’enfuit à Bâle. Il mourut à Chiavenna (Chiavenne), petite ville alpine de Lombardie qui appartenait alors à la fédération calviniste des Grisons (v. note [28], lettre 240).Additions et remarques du P. de Vitry « La querelle que Louis Castelvetro eut avec le Commandeur Annibal Caro vint de ce que ce dernier, ayant fait à l’honneur de la Maison de France, La Canzone de’ Gigli d’oro, par ordre du cardinal Farnese, {a} le Castelvetro en publia son sentiment en 1554, qui fut suivi d’une réplique à quelques réponses du Caro. Comme ce critique ne put s’empêcher d’y mêler des termes trop durs et même injurieux au commandeur, les amis de ce dernier publièrent une apologie du poème et de l’auteur sous le nom de gli Academici di Banchi di Roma. {b} Elle parut à Parme en 1558. Le Castelvetro, qu’on y traitait fort mal, crut qu’il lui serait honteux de céder. Il fit donc paraître un assez gros ouvrage qu’il intitula Ragioni d’alcune cose segnate nella Canzone di Messer Annibal Caro, etc., {c} qui parut première in‑4o sans nom d’auteur, ni lieu d’impression, ni année, mais qui ne demeura pas longtemps anonyme : on le réimprima à Venise en 1560, et on y mit à la tête le nom du Castelvetro. Le commandeur ne voulut plus répondre aux injures sanglantes que la mauvaise humeur de son adversaire lui vomissait. Je ne sais de quelle voie il se servit pour procéder contre lui et lui imposer silence. On voit seulement par une de ses lettres qu’il en vint en partie à son honneur, {d} ce qui m’empêche de croire que l’auteur du Naudæana avance qu’Annibal Caro fut bien battu par son antagoniste ; outre qu’il n’y a guère de vraisemblance qu’un homme à qui on reproche publiquement la bassesse de sa fortune {e} osât songer à se servir de manières violentes envers un commandeur de Malte, qui avait pour patron le cardinal Farnèse, chez lequel il vivait. Quoi qu’il en soit, le Castelvetro ne se crut pas en sûreté dans sa patrie, il erra dix années entières de pays en pays, et ne revint à Modène qu’après la mort de Caro. Il y mourut le 20 février 1571, âgé de 66 ans. Je sais que les sentiments sont partagés touchant le lieu de sa mort, que les uns disent que ce fut à Bâle, et d’autres, dans le Pays des Grisons ; mais il me semble que cette dispute devrait être décidée par l’épitaphe que son frère fit mettre sur son tombeau, et que le Ghilini rapporte ; {f} or, il y est dit expressément qu’il vint mourir dans sa patrie. Pour Annibal Caro, il avait cessé de vivre à Rome en 1566, âgé de 59 ans, cinq mois et deux jours. » |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : Naudæana 1, note 7. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8192&cln=7 (Consulté le 05/10/2024) |