Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 7.
Note [7]

« Il avait pris la fuite devant le bûcher de la rigoureuse Toulouse ;
et voilà que ce Muret m’a vendu de la fumée. »

Plusieurs fois cité dans les ana, ce distique de Joseph Scaliger a été imprimé dans ses Poemata omnia [Poèmes complets] (Leyde, 1615, v. notule {c}, note [55] du Borboniana 2 manuscrit). V. note [19] de L’homme n’est que maladie, pour le mauvais tour que Marc-Antoine Muret avait joué à Scaliger en attribuant au poète comique latin Trabea six vers qu’il avait lui-même composés dans le style antique. Scaliger s’était laissé duper jusqu’au point de publier le prétendu poème dans la première édition de ses commentaires sur Varron (pour les supprimer dans la suivante).

Scaliger en a parlé dans sa lettre à Claude Du Puy, datée d’Abain (v. note [8], lettre 266), le 8 février 1576 (Ép. fr. x, pages 44‑45) :

« Monsieur Cujas {a} m’écrivit dernièrement que Monsieur Muret était mort et qu’on < le > lui avait écrit d’Italie. Je voudrais fort en savoir la vérité et vous supplie très humblement de m’en éclaircir, car je serais bien marri qu’il s’en fût allé plus tôt que je lui eusse rendu compte de ses vers d’Attius et Trabea. » {b}


  1. Jacques i Cujas.

  2. La longue note A de Bayle sur Trabea détaille toute cette affaire. Plusieurs passages des Lettres de Scaliger attestent de l’admiration qu’il vouait à Muret, notamment parce qu’il l’avait soutenu dans la querelle sur l’ancienneté de la famille de La Scala (de laquelle les Scaliger prétendaient être issus, v. infra note [13]).


Additions et remarques du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 169‑170 :

« On dit à la vérité que Muret était coupable du meurtre d’un homme, mais il y a quelque apparence que cet accident ne fut pas la véritable cause de sa fuite. M. Ménage en donne une autre raison, dont il dit avoir tiré la preuve du second volume des Registres Journaux de Toulouse. {a} Est-il permis de douter de ce fait après un témoignage si positif ? Outre que la peine du feu, dont Muret était assurément menacé, peut faire douter que ce fût pour le meurtre d’un homme qu’il fut obligé de s’évader. Cette affaire lui arriva en 1554. Hippolyte d’Este, cardinal de Ferrare, {b} le reçut dans sa famille. Il mourut à Rome le 4 juin 1585, âgé de 59 ans et deux mois. »


  1. « Antibaillet, tome i, pages 308 et suiv. » (note de Vitry).

    Ce rude passage se trouve aux pages 313‑314 de l’Anti-Baillet de Gilles Ménage (La Haye, Estienne Foulque et Louis van Dole, 1688, in‑12, tome premier) :

    « Muret aimait un jeune garçon de Dijon, qui avait été son écolier, nommé François Menge Fremiot. {i} […] Je veux croire que Muret aimait ce jeune garçon d’un amour honnête. Cependant, il fut accusé de l’aimer d’un amour déshonnête, ce qui paraît par cet extrait du second volume des Registres Journaux de la Ville de Toulouse : Cette année (1554) Marc-Antoine Muret, Limousin, qui a laissé de doctes livres à la postérité, et du depuis à Rome, orateur du pape, fut brûlé en effigie avec un Memmius Fremiot, de Dijon, pour être huguenot et sodomite, en la place Saint-Georges, par sentence des capitoux {ii} de Toulouse, confirmée par arrêt. Il n’y a point d’apparence que cette sentence des capitoux de Toulouse ait été confirmée par arrêt du parlement de Toulouse car, ayant été donnée par contumace et ordonnant le plus sévère des supplices, il ne peut pas y en avoir eu appel a minima {iii} de la part du procureur du roi. J’ai appris de Monsieur Baluze qu’il avait appris de Monsieur de Caseneuve qu’un conseiller du parlement de Toulouse, ami et admirateur de Muret, fut chez lui pour lui donner avis des poursuites qu’on faisait contre lui ; et que ne l’ayant point trouvé, il lui écrivit ce vers, Heu fuge crudeles terras, fuge littus avarum. {iv} Muret, sur cet avis, s’enfuit de Toulouse et s’en alla en Italie. »

    1. Poète latin français, surnommé Memmius Fremiotus, dont Ménage pense que le véritable prénom était Louis, Luc ou Lambert.

    2. Ou capitouls, magistrats municipaux de Toulouse.

    3. Procédure engagée par le ministère public quand il estime une peine trop légère (v. note [12], lettre 180).

    4. « Fuis, hélas, ces cruelles terres, fuis le rivage des cupides ! »
  2. V. note [32] du Borboniana 6 manuscrit.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 7.

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(Consulté le 03/12/2024)

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