[Ms BIU Santé no 2007, fo 176 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Jan van Horne, docteur et professeur de médecine à Leyde.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Pour enfin répondre à votre dernière, je vous dois d’immenses remerciements pour votre affection et votre bienveillance à mon égard. Afin de pouvoir vous rendre la pareille, je mettrai toute mon énergie à ne pas faillir à mes devoirs. Je tiendrai toujours pour très cher quiconque viendra me voir de votre part. J’ai récemment dit adieu à mes auditeurs du Collège royal ; [2] [Ms BIU Santé no 2007, fo 177 ro | LAT | IMG] je n’y retournerai pas avant le mois de mars, [1] puisque durant les mois d’hiver, les philiatres sont entièrement occupés par les dissections anatomiques, [3] tant dans les Écoles de médecine (où durant les mêmes mois, se disputent aussi publiquement plusieurs thèses), [4][5] qu’en d’autres lieux privés, où les mystères du corps humain se dévoilent et présentent au regard de tous. En une année, votre Université a subi une double et insigne perte par la mort de vos deux professeurs, MM. Vorst [6] et Vander Linden, [7] très éminents personnages qui ont été fort mes amis. Je souhaiterais que tous deux fussent encore en vie, mais ainsi en a voulu le destin. [8] J’aurais aussi aimé que M. Vander Linden eût mieux considéré la doctrine de Galien, [9] que pour son propre usage il eût plus tôt recouru à la phlébotomie, [10] qui est le souverain remède de notre art, et que, moins appâté par les promesses insensées de la vanité chimique, [11] il n’eût pas bu la potion traitée, pour ne pas dire empoisonnée, avec de l’antimoine mortifère. [12][13] S’il n’avait pas agi de la sorte, sans doute serait-il encore en vie, il écrirait des livres ac æternitati pingeret ; [2][14][15] mais hélas, quel malheur ! nous le regrettons par sa propre faute : il importe tant d’être sage et de mettre tout son soin à se ménager. Nous n’avons ici rien de nouveau en la république des lettres ; on imprime de nouveau un Sennertus complet à Lyon. [3][16] Fouquet, [17] jadis notre nomophylax, [4] et d’autres partisans gémissent toujours dans les fers. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.
De Paris, ce vendredi 19e de septembre 1664.
Vôtre, etc., G.P.
1. |
De manière imprévue et inexpliquée, Guy Patin reprit son enseignement le 26 novembre 1664, et non pas vers la mi-mars 1665 (v. note [34] des Leçons au Collège de France). |
2. |
« et il peindrait pour l’éternité » ; référence aux Apophtegmes d’Érasme, livre vi, page 283 ro, § 39 : {a}
Il est permis de douter que la peste qui avait probablement emporté Johannes Antonides Vander Linden le 5 mars 1664 (v. note [8], lettre latine 289), ait été aggravée par l’antimoine et eût été guérie par la saignée. |
3. |
V. notes [3], lettre 819, et [6], lettre 827, pour la réédition en cours des œuvres complètes de Daniel Sennert par Charles Spon (Lyon, 1666 et 1676). |
4. |
a. |
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Jan van Horne, ms BIU Santé no 2007, fos 176 vo‑177 ro. |
s. |
Ms BIU Santé no 2007, fo 176 vo. Cl. viro D. Io. Van-Horne, Medicinæ Doctori et Prof. Leidam. Ut tandem postremæ tuæ respondeam, Vir Cl. pro tuo in me amore et benevo- |
t. |
Ms BIU Santé no 2007, fo 177 ro. non reversurus ante mensem Martium, quum hybernis mensibus |