L. 1020.  >
À Johann Caspar I Bauhin,
le 10 février 1633

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Caspar I Bauhin, le 10 février 1633

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1020

(Consulté le 03/12/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je me sens tellement obligé à votre bonne affection de laquelle avez pris la peine de m’écrire, que je voudrais bien pouvoir vous en rendre la pareille. Je vous remercie de la peine qu’en avez prise, et vous dirai pour réponse à la vôtre que quand il vous plaira de m’écrire, il n’y a point de plus sûr chemin que d’envoyer vos lettres à M. Machet à Soleure, [1][2][3] qui me les fera tenir en toute assurance, et je lui enverrai réciproquement les miennes pour vous les faire tenir ; et que cela soit, je vous prie, arrêté une fois pour toutes, jusques à ce que nous ayons vous ou moi trouvé et découvert un autre chemin ou voie plus sûre. Je vous ai l’année passée deux fois écrit, et n’en avez reçu qu’une, donc il y en a eu une de perdue. Et moi, j’ai reçu une fois des vôtres, dans lesquelles étaient enclos deux portraits de feu monsieur votre père, [4] que je chéris beaucoup, et à cause de sa digne mémoire, et à cause que lui ressemblez entièrement, non solum ipsa vultus effigie, sed etiam ipsa indole viri probi et eruditi, adeo ut vere dici possit de utroque Docti patris docta proles[2][5] Quant à ce que me mandez de scripto Frambesarii, ad petitionem Horstii[3][6][7] c’est chose de laquelle je n’ai jamais rien vu ni entendu ; mais je vous dirai adhuc vivit Frambesarius, etsi plusquam septuaginarius, in urbe Rhemensis, a quo frequenter accipio literas[4] Je lui en écrirai exprès à cause de vous et m’assure, pour l’amitié qu’il me porte, de m’en dire la vérité et même de m’en donner copie s’il en a. Ut ut sit[5] je vous en manderai ce que j’en aurai appris et je vous prie d’en assurer M. Horstius de ma part, auquel je baise les mains. On imprime ici toutes les œuvres de Sennertus sur la copie d’Allemagne. [6][8] On a imprimé depuis peu à Lyon les commentaires de Septalius sur les Problèmes d’Aristote. [7][9][10] On nous promet ici bientôt de Genève Le Soldat suédois, contenant la vie et la mort du roi de Suède. Præterea nihil[8][11][12] Pour des lettres à Amsterdam, je vous y en ferai tenir tant qu’il vous plaira, et très sûrement. [9] Je vous prie de ne m’épargner ni à cela, ni à toute autre chose dont me jugerez capable. J’avais par ci-devant envoyé un mémoire de quelques livres que je désirais avoir à M. Zur Matten, qui m’avait promis d’en importuner M. Platerus de Bâle, pour en recouvrer ce qu’on pourrait en votre ville ; [10][13][14] mais je pense que ses voyages sont cause qu’il n’en a rien fait ; à cause de quoi je suis obligé de recourir à vous, à cause de la bonne volonté que me témoignez, vous priant d’en vouloir prendre la peine, et de me faire chercher les livres desquels je vous envoie un catalogue. [11] Pour le prix qu’ils coûteront, je vous prie d’en faire comme je fis l’année passée avec M. Platerus, lequel m’en acheta quelques-uns et les envoya par voie sûre à Soleure chez M. Machet, qui les reçut, en paya le port et en renvoya le prix au dit Sieur Platerus, qui m’obligea bien fort. Depuis, ledit Sieur Machet les envoya à Lyon à un marchand, qui en paya le port et rendit l’argent au dit S. Machet ; puis ledit marchand, nommé Le Roy, qui est fort mon ami, m’envoya lesdits livres par le coche de Lyon, et < je > rendis à son père, qui est pareillement marchand en cette ville, le port et le prix que lui et son fils avaient payé pour moi. [12][15] Si bien que sans presque de peine et sans grands frais, j’eus un petit paquet de bons livres que je désirais fort, dont j’ai la principale obligation à M. Platerus, auquel je vous prie de présenter mes très humbles mains. Si cet ordre vous agrée, Dieu soit loué. Sinon, je vous enverrai l’argent enfermé dans mes lettres bien cachetées, si l’avez agréable ; ou bien de toute telle autre façon que désirerez. Si M. Zur Matten était à Soleure, je l’emploierais pour être le médiateur de cette convention entre vous et moi ; mais en étant absent, j’en aurai recours à votre bonne affection, en échange de laquelle je ferai pour vous tout ce qui me sera possible. Ce qui se trouvera à Bâle du contenu dans mon catalogue, je vous prie de me le retenir, en blanc ou relié, il ne m’importe ; combien que j’aimerais mieux les avoir tous en blanc si faire se pouvait ; joint que les ports n’en coûtent point tant. Si d’aventure M. Platerus m’en avait déjà amassé quelques-uns, suivant les billets que j’ai envoyés par ci-devant à M. Zur Matten, combien qu’ils ne fussent [13] dans le catalogue que je vous envoie de présent, je vous prie de les prendre et les mettre dans votre paquet. Je vous prie particulièrement pour les décades des thèses de Genath, votre imprimeur, que j’ai vues de deçà, et que je désire fort ; et de cela comme de tout autre livre, faites-en tel marché que pourrez, sans vous amuser beaucoup au vil prix. [14][16][17] Si trouvez aussi d’autres recueils de thèses ou de disputes de médecine, combien que je ne les nomme point, je vous prie de les y mettre. Vous m’obligerez aussi de me mander si ne faites rien imprimer de vous ou de feu monsieur votre père, et principalement son Theatrum practicum, ou bien son Pinax ; même son Matthiole ne se trouve ni ne se recouvre plus nullement en ces quartiers. [15][18] Riolan ne fait rien ici ; depuis quatre ans, il ne cesse de solliciter un procès touchant un bénéfice pour son fils. [16][19][20] Audiveram superioribus annis Emilium Parisanum, Medicum Venetum, adversus Riolani scripta censuram parare, quam quidem quotquot hic sumus ipsi Riolano malevoli, (sumus autem quamplurimi, tanta est hominis istius protervia et ferocia) avide expectavimus ; sed spes fallax Medicos delusit hiantes. Verum alium forte Deus suscitabit, qui doctrina sua Riolani insolentiam castigabit et coercebit, antequam à vivis excedat[17][21][22]

On ne dit ici aucune nouvelle de guerre, depuis que M. le maréchal de Monmorency a eu la tête tranchée à Toulouse, le 30e d’octobre 1632. [18][23] M. le cardinal de Richelieu a été fort malade à Bordeaux ; [19][24] depuis sa guérison, il est ici revenu et de présent, est à Saint-Germain avec le roi et toute la cour. [25][26] On dit bien que l’on a tenu Conseil et qu’on y a délibéré de lever trente mille hommes pour envoyer en deux divers endroits, mais on ne dit pas où. Et parce qu’il ne convient pas autrement bien à un médecin de savoir des nouvelles de la guerre, nihil amplius addam[20] Pour notre Faculté, il n’y a rien de nouveau, sinon que comme elle décroît d’un côté par la mort de quelques-uns, aussi elle augmente de l’autre par la réception nouvelle qui s’en fait tous les ans. Depuis que M. Cousinot le père a été doyen, [27] M. Nicolas Piètre a été élu en sa place ; [28] depuis lui, M. Jean Piètre, [29] son cousin, lequel mourut l’année passée ; depuis lui, M. Moreau qui a commenté l’École de Salerne en latin ; [30][31] après lui, M. Boujonnier que nous avons de présent. [21][32] Si vous désirez avoir un catalogue de tous nos docteurs vivants, je vous en enverrai un. [33] Je pense que savez bien la mort de MM. Charles et de Frey. [22][34][35] Si êtes curieux de quelque chose de deçà, je vous prie de me le mander afin que j’en contente votre curiosité et que je puisse vous témoigner que je désire et demeure à jamais, Monsieur, votre très humble et affectionné serviteur, G. Patin, médecin à Paris. Ce 10e février 1633.

Quand me voudrez faire l’honneur de m’écrire, je vous prie d’adresser vos lettres en la rue des Lavandières, près de Sainte-Opportune, à Paris ; [36] et vous servir toujours de la voie de M. Machet, jusques à ce qu’en trouviez quelque autre plus courte ou plus sûre, comme par exemple si trouviez en votre ville quelqu’un qui vînt tout droit à Paris, comme quelques soldats, auxquels je paierai fort bien le port de ce qu’ils m’apporteront, soit lettres ou livres, de votre part ; et en ce cas, mettez-y telle taxe qu’il vous plaira, je n’en appellerai pas. [23][37]

Iulii Alexandrini Salubria, in‑fo[24][38]
Bruno Seidelius de morbis incurabil., in‑4o[25][39]
Aloys. Mundellæ dialogi et epistolæ medicinales, in‑4o[26][40]
Tidicæus de theriaca[27][41][42]
Cardanus de utilitate ex adversis capienda, in‑4o[28][43]
Sim. Simonii quidquid reperitur de Medicina ; non vero de Philosophia[29][44]
Horstii quæstiones et exerc. pharmaceut[30]
Th. Erastus adversus Astrologos, in‑4o.
Idem de strigibus et lamiis, in‑4o.
Eiusd. examen simpl. theriac. Andr[31][45][46]
Alex. Massariæ de abusu vesicant. et theriacæ in febrib. pestil., in‑4o[32][47]
Hippol. Guarinonii quidquid reperitur[33][48]
Selectarum Medicarum disputationum per Genathium, Basil. Typograph. collectarum, decades omnes. Hæc quæso ne omittas[34]
Wierus de ira morbo[35][49]
Cornarius de peste[36][50][51]
Io. Schroteri quid reperitur de Medicina[37][52]
Problemata Garimberti[38][53]
Fortunati Fidelis quidquid reperitur[39][54]
Epistolæ Medicinales Gesneri[40][55]
Hier. Gemusæi quidquid reperitur[41][56]
Melch. Adami vitæ Philosophorum et profess. Germanorum, in‑8o ; habeo ejusdem vitas Medicorum et Theologorum[42][57]
Tandleri decas διασκεψεων χειρουργικων. [43][58]
Archang. Mercenarii elucidationes in Aristotelem, cum tractatib. quatuor de putredine, quorum duo sunt Erasti, in‑4o[44][59]
Physica Neandri[45][60]
Pasquillorum quidquid reperitur : sunt duo vel tres tomi[46][61]
Rhetoricæ Chytræi, Schollii, Siberi Instit. Rhetoricæ[47][62][63][64]
Meurerus de meteoris[48][65]
Simonius de peste.
Ejusdem synopsis de febribus[49][66][67]
Dominici Terilli quiquid reperitur[50][68]
Melch. Sebizii quidquid reperitur præter tractatum de Acidulis, et de Purgatione : hæc enim habeo[51][69][70][71] Il a fait plusieurs autres traités, ensemble des thèses de médecine que je voudrais bien avoir.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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