Allusion ironique aux deux maîtres mythologiques de la médecine. Dans une correspondance médicale imprégnée d’antiquité, telle que celle de Guy Patin, ils méritent la transcription intégrale de ce qu’en a dit Fr. Noël dans son Abrégé de la Mythologie universelle, ou Dictionnaire de la fable (1805).
- Chiron, nom dérivé du grec cheir, la main (qui guérit) :
« [Il] naquit des amours de Saturne, {a} métamorphosé en cheval, avec Philyre. {b} Dès qu’il fut grand, il se retira sur les montagnes et dans les forêts, où, chassant avec Diane, il acquit la connaissance des simples {c} et des étoiles. Ce Centaure {d} vivait avant la conquête de la Toison d’or et le siège de Troie. Sa grotte, située au pied du mont Pélion, devint la plus fameuse école de toute la Grèce. Il enseigna à tous les héros, ses disciples dont Hercule {e} et Thésée furent les plus fameux, la médecine, la chirurgie, dont il tira son nom à cause de son habileté dans les opérations, et l’astronomie. Dans la guerre qu’Hercule fit aux Centaures, une des flèches du héros, trempée dans le sang de l’hydre de Lerne, {f} ayant manqué sa destination, alla frapper Chiron au genou, et le maheureux, souffrant des douleurs insupportables, pria Jupiter de terminer ses jours. Le père des dieux le plaça dans le zodiaque, où il forma la constellation du Sagittaire. »
- V. note [31] des Deux Vies latines de Jean Héroard.
- V. note [12], lettre 295.
- Herbes médicinales ; v. notule {a}, note [16] du Borboniana 5 manuscrit pour Diane (Artémis).
- V. note [26], lettre latine 98.
- V. note [3], lettre de Reiner von Neuhaus, datée du 21 octobre 1663.
- V. notule {a}, note [4] des triades du Borboniana manuscrit.
- Esculape, dieu grec de la médecine (Ασκληπιος, Asclêpios) :
« Fils d’Apollon {a} et de Coronis, qui accoucha de lui sur le mont Tithion, du côté d’Épidaure, où l’avait amenée son père Phlégyas ; nourri par une femme nommée Trygone, il passa bientôt à l’école de Chiron, où il fit des progrès rapides dans la connaissance des simples et dans la composition des remèdes, en inventa lui-même un grand nombre de salutaires, et passa pour l’inventeur et le dieu de la médecine. Il accompagna Hercule et Jason dans l’expédition de la Colchide, et rendit de grands services aux Argonautes. Peu content de guérir les malades, il ressuscita même les morts. Pluton {b} le cita devant le tribunal de Jupiter et se plaignit de ce que l’empire des morts était considérablement diminué, et courait risque de se voir entièrement désert ; de sorte que Jupiter, irrité, tua Esculape d’un coup de foudre. Apollon, indigné de la mort de son fils, tua les Cyclopes {c} qui avaient forgé la foudre dont Jupiter s’était servi. Peu de temps après sa mort, il reçut les honneurs divins. Son culte fut établi d’abord à Épidaure, {d} lieu de sa naissance, d’où il se répandit bientôt dans toute la Grèce. On l’honorait à Épidaure sous la figure d’un serpent. Le coq, {e} le serpent, la tortue, symboles de la vigilance et de la prudence nécessaires aux médecins, lui étaient spécialement consacrés. En général, il paraît sous la figure d’un homme grave, anciennement imberbe, mais le plus souvent barbu, tantôt un diadème ou une couronne de laurier sur la tête, tantôt portant le boisseau de Sérapis, {f} tenant à la main un bâton entouré d’un serpent, quelquefois avec une patère d’une main et le serpent de l’autre, d’autres fois appuyé sur un cippe entortillé de même par un serpent. » {g}
- V. note [8], lettre 997.
- Dieu des enfers. V. notule {b} de la triade 82, note [41] du Borboniana 11 manuscrit, pour les Argonautes.
- V. note [10], lettre latine 43.
- V. note [31] du Faux Patiniana II‑3.
- V. note [12], lettre 698, pour le coq sacrifié à Esculape en reconnaissance d’avoir guéri d’une maladie.
- V. seconde notule {e}, note [43] du Borboniana 7 manuscrit.
- Le serpent enroulé autour du bâton est devenu le caducée des médecins (v. note [7], lettre latine 255, pour le caducée de Mercure et ses deux serpents), et la patère (soucoupe) avec le serpent, celui des pharmaciens. Un cippe est une colonne sans chapiteau.
Les disciples d’Esculape portaient le nom d’asclépiades (fils d’Asclêpios). On qualifie encore parfois d’Esculape un médecin de renom, en témoignage d’admiration (souvent teintée d’ironie).
V. note [25], lettre 294, pour le médecin gréco-romain du iie s. av. J.‑C. dénommé Asclépiade de Bithynie ou de Pruse.
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