À André Falconet, le 2 septembre 1667, note 7.
Note [7]

La célébrité de ces trois chirurgiens est attestée par les substantielles traces biographiques qu’ils ont laissées.

  • L’Index funereus chirurgicorum chirurgicorum Parisiensium (pages 64‑65) contient une notice sur Pierre Tourbier :

    Peronæus, Senatus Chir. Reg. D. Chir. Regis Primarii Legatus, Præpositus perpetuus, et Regiorum exercituum primus Consultor. In Artis suæ Theoria et Praxi æque claruit. Vix alius in Societatis concessibus interrogationes suas tanto nitore et ordine candidatis proposuit, et tam consulte singulorum captui accommodavit. Societatis institutorum acerrimus vindex, ejus splendorem a veteri disciplina rite servata pendere semper asseruit, et ipsius jura ubique tutatus, nullo usquam nec favoris nec utilitatis impulsu ab iis decessit.

    Summo Societatis munere tam laute intus exacto, non minus tanti viri intelligentia, honos, integritas, et publici commodi studium foris nituere. In Regiorum exercituum hospitiis primi Consultoris Chirurgi titulo decoratus, vix credi potest quanta alacritate et constantia, in Bataviæ, Belgii, et Burgundiæ atrocibus præliis et cruentis obsidionibus, totum Chirurgici laboris imperium sustinuerit, quibus blanditiis gravissimis cruciatibus oppressos leniverit, quo denique nisu ægrorum crescente nuleron non per se modo, verum et per Chirurgos sibi adjunctos, cunctis indistincte, et quo celerius fieri potest, prodesse studuerit.

    Ludovico Magno, Castrorum hospitia invisere non dedignanti, præstantis hominis dignitas mire placuit, et de sauciatorum statu scis citatus, sensatis responsinibus totam Regis captavit existimationem.

    Induciis Europæ datis, non modo urbem, verum et totam Galliam nominis sui fulgore implevit ; et ad interitum usque omnis generis infirmorum saluti consulentem se præbuit. A Sociis deploratus obiit, octogenario major anno 5. Septemb. anni 1686.

    [Natif de Péronne, {a} conseiller chirurgien du roi, adjoint de M. le premier chirurgien du roi, intendant permanent et premier consultant des armées royales. {b} Il a pareillement brillé dans la théorie et dans la pratique de son art. Il fut presque sans égal en sa Compagnie pour interroger les étudiants avec clarté et méthode, et s’adapter habilement à la capacité de chacun. Défenseur très ardent des institutions de la Corporation, il s’est toujours attaché à honorer sa splendeur en observant strictement l’antique discipline ; il a partout veillé sur ses droits et ne s’en est jamais écarté, même mû par quelque promesse de faveur ou d’intérêt.

    Ce grand homme a méticuleusement rempli la plus haute charge de la Compagnie et la fit resplendir tant en son propre sein, par son intelligence, sa dignité et son intégrité, qu’à l’extérieur, par l’attention qu’il a portée au bien public. Il a été honoré du titre de premier chirurgien consultant des hôpitaux militaires royaux, et ce fut avec une ardeur et une constance à peine croyables qu’il en dirigea toutes les opérations lors des cruelles batailles et des sanglants sièges de Hollande, de Flandres et de Bourgogne, soulageant de ses soins ceux qui étaient accablés des tourments les plus gaves, et s’appliquant lui-même, avec tous ses adjoints, à secourir un nombre sans cesse croissant de patients, sans considération de rang ni de camp, et avec toute la célérité possible.

    La distinction de cet homme a fait l’admiratiob de Louis xiv, qui ne dédaignait jamais d’inspecter ses infirmeries de campagne. Là, il s’est acquis toute l’estime du roi par les réponses sensées qu’il lui faisait chaque fois qu’il l’appelait pour connaître l’état des blessés.

    Au cours des trêves dont a joui l’Europe, l’éclat de son renom a empli Paris, mais aussi la France tout entière. Jusqu’à la fin de sa vie, il s’est consacré à soigner toutes sortes de malades. Il mourut, regretté de ses compagnons, le 5 septembre 1686, âgé de plus de 80 ans]. {c}


    1. V. note [18], lettre 55.

    2. Le fait que Tourbier ne figure pas dans la Liste des chirurgiens de Paris mène à penser qu’il n’était pas chirurgien de Saint-Côme (v. note [22], lettre 6), mais simple barbier chirurgien (v. note [6] de la même lettre).

    3. L’indigence du texte latin et telle que sa traduction est impossible sans quelques acrobaties grammaticales.

  • Chirurgien de Saint-Côme, Louis Gayan (ou Gayant) figure dans l’Index funereus chirurgicorum Parisiensium (page 51) et dans la Liste funèbre… (pages 111‑112) :

    « Né à Clermont-en-Beauvaisis, {a} ancien prévôt de l’Académie royale des sciences, prima en France sur tous les anatomistes de son temps. Il avait fait un grand nombre de démonstrations anatomiques et chirurgicales dans les écoles publiques et, travaillant en particulier avec le célèbre Pecquet, {b} il ne contribua pas peu à la découverte que fit ce fameux médecin du réservoir du chyle et du canal thoracique. {c} Il mourut à Maastricht faisant la fonction de chirurgien consultant des armées du roi le 19 octobre de l’année 1678. {d} Il laissa son fils aîné docteur en médecine en la Faculté de Paris, {e} qui fut depui médecin du roi par quartier, et de Mgr le duc du Maine. » {f}


    1. V. note [10], lettre 106.

    2. V. note [15], lettre 280.

    3. V. note [23], lettre 152.

    4. Ami de Guy Patin, Gayan demeurait rue Saint-Jacques ; en 1664, il avait hébergé et instruit Georg Horst, fils de Johann Daniel, venu étudier la médecine à Paris (v. note [2], lettre latine 310).

    5. Louis Gayant, reçu docteur régent en décembre 1670 (Baron).

    6. V. note [2], lettre 979.

  • La Liste funèbre des chirurgiens de Paris a consacré une longue notice à Jean Biennaise (pages 125‑127) :

    « né au bourg de Ranuoy en Champagne, près de Mézières, {a} chirurgien du roi en sa Cour de Parlement, se distingua entre les plus habiles chirurgiens de son temps. Il entreprenait avec une sage intrépidité les opérations de son art les plus difficiles, et remit en usage la suture des tendons, que la timide nonchalance de ses prédécesseurs avait abolie depuis plus de trois siècles, et la fit avec succès toutes les fois qu’il la jugea praticable.

    Ayant été mandé par le roi pour dire son avis sur un mal terrible dont la reine Anne d’Autriche, mère de Sa Majesté, était attaquée, il fit connaître à ce monarque et à toute sa cour que le mal de la reine était incurable et que l’espérance d’une guérison radicale qu’en donnait une foule de charlatans était vaine, illusoire et purement fondée sur leur ignorance ou sur l’envie de se produire sur un théâtre éminent ; et fit vite voir par de solides raisons, et par l’autorité d’Hippocrate et des plus célèbres praticiens de tous les temps que l’usage des remèdes palliatifs était l’unique refuge pour modérer les douleurs qui travaillaient cette grande princesse et pour éloigner pendant un peu de temps le funeste événement de ce mal indomptable. {b}

    Il entreprit aussi la cure du Seigneur de Harlay, pour lors archevêque de Rouen et depuis de Paris, à qui son médecin avait ouvert l’artère en s’ingérant de le saigner en l’absence de son chirurgien ordinaire ; {c} et ce traitement, auquel deux chirurgiens de réputation travaillaient depuis plus d’un mois sans rien avancer, eut entre ses mains un succès si favorable qu’outre l’honneur que lui fit cette guérison, l’illustre prélat, reconnaissant qu’il devait l’usage de son bras à cet habile opérateur, récompensa le mérite d’un tel service par une somme considérable, qui lui fut délivrée dans le temps même, et par une pension de 800 livres qui lui fut exactement payée jusqu’à son décès.

    Il suivit aussi le roi en deux de ses campagnes et ce grand prince, qui a toujours su connaître le vrai mérite, l’honora de son estime et le regarda comme un des plus utiles sujets qu’il eût dans son royaume. […]

    Enfin, l’utilité publique et l’honneur de sa profession fxant toutes ses vues dans les derniers temps de sa vie, on peut dire qu’il rétablit ou plutôt fonda de nouveau les instructions publiques de sa Compagnie, lesquelles, n’étant plus soutenues que par un fonds des plus modiques, étaient prêtes à périr s’il n’avait laissé un fonds de six cents livres de rente annuelle pour deux démonstrateurs, l’un d’anatomie et l’autre de chirurgie ; au moyen de quoi, il s’en < est > formé et se formera à l’avenir une source intarissable d’excellents sujets qui se sont déjà répandus et qui continueront à se répandre dans toute la France, et même dans l’étendue de l’Europe, jusqu’à la postérité la plus éloignée. Il mourut âgé de 80 ans le 22 juin de l’année 1682 et fut inhumé dans l’église de Saint-Paul. {d} Il laissa un fils unique, trésorier de France à Amiens. »


    1. Aujourd’hui Charleville-Mézières, dans les Ardennes, mais je n’ai pas localisé Ranuoy.

    2. Les lettres de 1664-1666 ont évoqué en maints endroits le cancer du sein d’Anne d’Autriche et les vains traitements que lui opposèrent médecins et empiriques

    3. V. notes [25], lettre 420, pour François ii Harlay de Champvallon, et [3], lettre 974, pour l’accident de saignée qui faillit l’emporter.

    4. V. note [7], lettre 55.

À la fin de ce paragraphe se fait la jonction entre les deux lettres que j’ai soudées, respectivement datées du 26 août et du 2 septembre.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 2 septembre 1667, note 7.

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(Consulté le 19/04/2024)

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